Le 16 avril 2024
Cette dystopie sur fond de chaos au Liban est au carrefour d’une vision d’auteur et d’un cinéma de genre. Un long métrage audacieux.
- Réalisateur : Christophe Karabache
- Acteurs : Raïa Haïdar, Shaker Shihane, Nida Wakim, Omar Bakeer, Katy Younes, Miran Malaeb, Ribal Merhi, Hussein al Hassan
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Fantastique, Thriller, Épouvante-horreur, Dystopie
- Nationalité : Français, Libanais
- Distributeur : VisioSfeir
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 17 avril 2024
- Plus d'informations : Le site du réalisateur
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Résumé : Khattar et Anaïs, deux chimistes licenciés, dans un Liban au bord de l’abîme, tentent une expérience singulière : survivre en se nourrissant de chair humaine. Un jour, la femme disparaît. L’homme se voit entraîné dans un trafic d’import-export de viandes humaines contre armes numériques high tech de sniper…
Critique : Réalisateur franco-libanais, Christophe Karabache, autodidacte sur le plan technique, a étudié le cinéma à l’Université de Paris III-Sorbonne Nouvelle, avant de suivre un cursus aux États-Unis. Mêlant documentaires et fictions, il est l’auteur de plusieurs films (dont Vortex, 2019) distribués par la société VisioSfeir. Le moins que l’on puisse dire est que Zaman Dark n’est pas de tout repos sur le plan narratif, malgré un style contemplatif préférant suggérer le mal et l’horreur plutôt que les montrer véritablement. Le récit commence par la description d’un couple de chimistes (Nida Wakim et Raïa Haïdar) rongeant son ennui dans un appartement vétuste. Un plan sur un jeune homme déambulant aux alentours sera suivi d’une scène axée sur son meurtre... Car l’adolescent sera, on le comprend vite, le plat principal du couple de scientifiques, ayant expérimenté l’anthropophagie dans un contexte de raréfaction apparente de la viande...
- Nida Wakim
- © 2023 Visiosfeir, CinemaGroup. Tous droits réservés.
De David Cronenberg à Jonathan Glazer, nombreux sont les cinéastes à avoir aboli les frontières entre vision d’auteur et cinéma de genre. On n’ira pas jusqu’à dire que Zaman Dark offre la synthèse de Stalker (Tarkovski, 1979) et Cannibal Holocaust (Deodato, 1980), mais ce long métrage est une proposition intéressante qui n’hésite pas à secouer le spectateur, notamment dans ses passages explicitement sexuels et violents, quitte à s’affranchir du politiquement correct en cette période de retour à l’ordre moral. La vision pessimiste du réalisateur doit être appréciée dans le contexte de la situation économique et socio-politique au Liban, comme cela était déjà le cas dans ses œuvres antérieures. II précise ainsi dans ses notes d’intention : « Des personnages décalés, écroulés dans un pays - le Liban - qui s’effondre socialement, économiquement et politiquement. Pas de gentils, pas de méchants, les choses sont complexes et tout le monde participe à la dégradation. Une vision âpre, sombre, hallucinée qui transpose sensoriellement le réalisme, bascule le film entre le figuratif et le fantastique pour s’enfoncer dans des ténèbres mystérieuses de la vie de ces personnages tourmentés ».
- Raïa Haïdar
- © 2023 Visiosfeir, CinemaGroup. Tous droits réservés.
Du trafic d’organes aux ventes d’armes, de l’instinct de survie à la volonté de justice d’épargnants spoliés par le système bancaire, la dystopie proposée par Christophe Karabache est loin de proposer une image angélique et optimiste du Liban, meurtri par des décennies de guerre et de corruption. On sort de la projection de ce film avec des images qui hanteront les mémoires, comme ce plan fixe sur un visage féminin en effroi, où la scène qui montre le protagoniste humilié par des jeunes trafiquants, dans un terrain vague sordide. Même si la narration frôle l’enlisement dans la seconde partie, Zaman Dark fait partie de ses œuvres culottées et inconfortables dont le septième art aura toujours besoin. Aussi, l’on attend avec intérêt le prochain opus d’un réalisateur sans concessions et inclassable, éloigné des conventions et de la routine cinématographique. Le film, primé au Buffalo Dreams Fantastic Film Festival, donne également l’envie de découvrir d’autres œuvres en provenance du Liban, comme cela fut récemment le cas avec Costa Brava, Lebanon ou La mer et ses vagues, présenté dans la section ACID du Festival de Cannes.
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