Le 8 août 2022
Costa Brava, Lebanon est un un film rare sur le Liban étranglé par des crises politiques, une inflation interminable et une pollution qui asphyxie le peuple. Tout simplement fort mais parfois un peu longuet.
- Réalisateur : Mounia Akl
- Acteurs : Nadine Labaki, Saleh Bakri, Nadia Charbel, Ceana Restom
- Genre : Drame
- Nationalité : Espagnol, Français, Suédois, Norvégien, Danois, Libanais
- Distributeur : Eurozoom
- Durée : 1h47mn
- Date de sortie : 27 juillet 2022
- Festival : Festival de Venise 2021
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Résumé : Liban, dans un futur proche. Soraya et Walid se sont construits une vie idyllique dans les montagnes, loin du désordre et de la pollution de Beyrouth. Dans ce havre de paix, trois générations coexistent en apparente harmonie : les deux filles – Rim neuf ans, Tala dix-sept ans - la grand-mère et les époux Badri. Tout va bien jusqu’au jour où Rim aperçoit des étrangers dans la vallée. La vie paisible de la famille est brutalement remise en question par l’installation d’une décharge prétendument écologique. Malgré la corruption ambiante qui rend leur combat sans espoir, les Badri font front. Ce chaos extérieur a bientôt des répercussions sur le cocon familial…
Critique : Le Liban est rarement mis à l’honneur au cinéma. Oublié des médias depuis l’explosion incroyable pendant l’été 2020, le pays sombre désespérément dans une inflation sans limite, des crises politiques et des révoltes de la population, au bord de l’abandon. Costa Brava, Lebanon scrute une famille aisée qui a choisi de vivre en retrait de Beyrouth, à l’abri des mouvements de population et de la souffrance économique du peuple. Ils habitent une villa somptueuse où ils cultivent des légumes et des fruits biologiques, pendant que les enfants se délassent dans une piscine presque naturelle. Leur situation contraste évidemment avec le pays étouffé par la pauvreté. Le couple pourtant a été il y a longtemps révolutionnaire, mais à la folie de la révolte, ils ont ensuite préféré le calme de leur condition bourgeoise. Jusqu’au jour où ils découvrent que le terrain en contrebas du leur a été cédé à l’État qui va y installer une prétendue usine de retraitement des déchets, à grands bruits médiatiques.
- Copyright Rudy Bou Chebel
C’est tout à fait intéressant de dépeindre la condition d’un pays ravagé par une économie en berne à travers une famille aisée. Le premier film sur les écrans français de Mounia Akl ausculte cette famille dans son quotidien, soudain bousculé par l’arrivée des poubelles de Beyrouth à leurs fenêtres. Le portrait quasi idéal de cette représentation familiale se déchire peu à peu pour laisser place à un couple au bord de l’explosion. La réalisatrice prend soin de ne jamais céder au propos directement politique ou spectaculaire. Son regard précis observe à la fois la manière dont son pays, le Liban, s’abandonne à la pollution et la façon dont les familles aisées fuient les populations affamées. Justement, ce tableau familial permet à la réalisatrice de se départir d’un propos trop démonstratif ou radical. En plus, la cinéaste situe son histoire dans un futur possible, ce qui renforce le point de vue distancié de son regard.
- Copyright Rudy Bou Chebel
Mais comme trop souvent au cinéma, le film se perd dans des longueurs. Le récit aurait gagné à des coupures dans le montage qui aurait permis d’intensifier la dynamique dramatique du scénario. Comme souvent sur les écrans, on déplore même une certaine complaisance dans la manière d’appréhender des personnages (ici le père) qui cèdent à la désillusion et la folie. On passe ainsi du portrait d’un homme engagé, rempli de convictions, à un père et un mari dépassé, à la limite de la violence. Les femmes ont la part belle dans cette histoire, qu’il s’agisse de la mère, de la grande adolescente, de la petite fille ou de la grand-mère malade. En quelque sorte, Costa Brava, Lebanon constitue une œuvre féministe qui démontre que le renouveau du Liban passera par les femmes. Pour autant, la réalisatrice montre aussi des personnages féminins qui choisissent l’exil plutôt que l’engagement sur le terrain de la reconstruction du Liban.
- Copyright Rudy Bou Chebel
Hormis ce défaut de longueur, Costa Brava, Lebanon demeure une œuvre passionnante qui a pour qualité majeure de rappeler à nos consciences l’urgence de secourir le Liban.
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