Le 23 février 2025
Entre rêve et réalité, un voyage dans l’au-delà pour découvrir les valeurs spirituelles du Japon et écouter les chansons de Jeanne Cherhal interprétées avec émotion par l’une de nos actrices les plus emblématiques.


- Réalisateur : Eric Khoo
- Acteurs : Catherine Deneuve, Jun Fubuki, Yukata Takenouchi, Maasaki Sakai
- Genre : Comédie dramatique, Fantastique
- Nationalité : Français, Japonais
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 1h34mn
- Titre original : Spirit World
- Date de sortie : 26 février 2025
- Festival : Kinotayo 2025, Festival international film Busan 2024, Tokyo international film festival 2024

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Résumé : Claire, une chanteuse célèbre, s’envole au Japon pour un dernier concert à guichet fermé. Lorsque le concert prend fin, sa vie s’arrête aussi. Une nouvelle vie inattendue s’offre à elle : un au-delà dans lequel Yuzo, l’un de ses plus grands fans, l’attend.
Critique : Le dernier souffle de Costa-Gavras, La chambre d’à côté de Pedro Almodóvar : il semblerait bien que la fin de vie ait la côte auprès d’un nombre croissant de cinéastes. Eric Khoo, réalisateur singapourien à qui l’on doit La saveur des ramen et Hôtel Singapura, nous présente sa version nippone, empreinte de délicatesse, de surnaturel et de musique. Car si la peur que suscite la mort est universelle, la manière de l’aborder se façonne au rythme de facteurs religieux, historiques et sociaux.
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Au Japon, où la mort est perçue comme un aspect naturel de la vie, il s’agit plus d’une transition vers une nouvelle existence que d’une fin définitive. Influencée par le bouddhisme et le shintoïsme, la spiritualité japonaise met un point d’honneur à respecter les ancêtres et la mémoire des défunts, à travers des cérémonies comme l’Obon, largement évoquée dans ce film mais aussi grâce aux yokai (esprits mystiques du folklore japonais) qui continuent à faire vivre dans l’au-delà l’être disparu. Voilà l’occasion d’accéder à un point de vue inédit sur le mourir et l’au-delà, sans que jamais l’aspect fantastique du récit ne constitue une intrusion trop brutale dans la réalité, le merveilleux et la féerie parcourant de bout en bout cette histoire de rédemption, d’amour et de lien entre les êtres. Entre plans fixes et stables, scènes en mouvement et moments introspectifs, l’univers surnaturel se superpose au monde réel. Dans cette ambiance éthérée, les dialogues se font rares pour laisser place à la musique, langage éternellement universel au pouvoir à la fois fédérateur et apaisant, auquel les compositions poétiques de Jeanne Cherhal apportent leur contribution.
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Dans cette sphère imaginaire bien éloignée de nos codes européens, trône l’iconique Deneuve, qui prouve une fois encore toute sa capacité à se réinventer à travers ce rôle inattendu. Toute auréolée de son immuable mystère qui sied parfaitement au tempo réparateur, elle charme la narration. Dans la peau de cette égérie des sixties autrefois adulée au pays du Soleil-Levant, elle s’amuse, le sourire aux lèvres et l’humour au coin des yeux, à affirmer son statut de star dans une voiture où la fumée de cigarette est proscrite. Dès lors que le destin l’a envoyée ad patres, elle se fait plus aérienne. Naviguant habilement entre errances et questionnements, elle joue la carte de la sobriété et de la fragilité et suscite de beaux instants d’émotion. Judicieusement accompagnée de Maasaki Sakai, célèbre comédien japonais, leader de plusieurs groupes musicaux dès les années 60, et du charismatique Yutaka Takenouchi, la reine Catherine jette un voile de majesté sur cette escapade exotique, tout juste sortie des limbes pour dédramatiser le passage vers le repos éternel.
Alors que nos espoirs de vie sont de plus en plus bousculés par la violence du monde, cette réflexion hors du commun sur la mort comme prolongement de la vie apparaît comme une parenthèse aussi inopinée que réconfortante.