Un garçon dans le vent
Le 12 août 2021
Un monde sans Beatles est le point de départ de cette fable romantique, qui voit un jeune musicien prendre la place (et le répertoire) des quatre garçons dans le vent.
- Réalisateur : Danny Boyle
- Acteurs : Lily James, Kate McKinnon, Ed Sheeran, Himesh Patel, Joel Fry
- Genre : Comédie, Musical
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 1h57mn
- Date télé : 11 décembre 2023 23:09
- Chaîne : W9
- Date de sortie : 3 juillet 2019
Résumé : Hier tout le monde connaissait les Beatles, mais aujourd’hui seul Jack se souvient de leurs chansons. Il est sur le point de devenir extrêmement célèbre. Jack Malik est un auteur-compositeur interprète en galère, dont les rêves sont en train de sombrer dans la mer qui borde le petit village où il habite en Angleterre, en dépit des encouragements d’Ellie, sa meilleure amie d’enfance qui n’a jamais cessé de croire en lui. Après un accident avec un bus pendant une étrange panne d’électricité, Jack se réveille dans un monde où il découvre que les Beatles n’ont jamais existé… ce qui va le mettre face à un sérieux cas de conscience.
Critique : En 1960, Liverpool assista à la naissance d’un des plus grands groupes de l’histoire du rock – à moins que ce ne soit de la musique. Les Beatles, composés de John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr, ont considérablement marqué l’imaginaire collectif, grâce notamment à un répertoire impressionnant, mais également à la suite d’une carrière qui a vu certains de leurs gestes, de leurs paroles, de leurs prises de position, être repris encore et encore par des générations successives qui font revivre ces stars indémodables. Qui ne connait pas Abbey Road ? N’avez-vous vraiment jamais entendu parler de Yellow submarine ? Hey Jude, Yesterday, All you need is love ne font-elles pas partie de ces chansons qui ont bercé certains des instants les plus importants de votre vie ?
Partie intégrante de la playlist planétaire, qui font de stars comme les Beatles des étoiles éternelles, le groupe a tant marqué l’histoire de la musique, de l’Angleterre et finalement du monde qu’il est inconcevable d’imaginer que demain, un public conquis pourrait les oublier. Inimaginable certes, mais pas impossible, puisqu’un des sujets de sa Gracieuse Majesté propose un film dans lequel le Coca-Cola®, Harry Potter, la cigarette et – ô malheur – les Beatles n’ont jamais existé. Laissant par-là même un fan endeuillé, qui va décider de reprendre leurs tubes à son compte – au risque de voir ce patrimoine exceptionnel lui échapper. Le sublime Hey Jude devenant Hey Dude, entre autres…
- © Jonathan Prime/Universal Pictures
Très protégés, bien ancrés dans leur époque, les Beatles n’ont pas connu les réseaux sociaux, les portables et les téléchargements, au point que l’on peut se demander comment leurs carrières se dérouleraient aujourd’hui. Cette aventure moderne, un musicien, qui désespère de percer, va la vivre. Interprété par le jeune comédien Himesh Patel, dont c’est le premier rôle au cinéma, le personnage principal est ici rapidement dépassé par son vol ; ne voulant rien de mieux que de parler musique, manger musique et vivre musique, il est rattrapé par une industrie aux dents longues qui évoque uniquement les profits que peut rapporter un répertoire falsifié.
Le film dresse ainsi un portrait très critique, égratignant les labels et la célébrité, tout autant que des personnes qui profitent de jeunes artistes sincères, pour leur soutirer le plus d’argent possible. En montrant à quel point le créateur d’une œuvre peut être manipulé, au point de perdre son âme, Danny Boyle exprime une rancœur qui interroge sur les coulisses, là où le grand public ne connaît que la finalité d’un processus bien huilé qui peut s’avérer pervers.
- © Jonathan Prime/Universal Pictures
Cherchant à exprimer malgré tout son amour des Beatles, de la musique mais aussi à rappeler à quel point l’Angleterre est un incroyable vivier de talents musicaux (The Rolling Stones, Oasis, Queen, pour ne citer qu’eux), Danny Boyle a fait appel à Ed Sheeran pour incarner la star éclatante, le mécène sympathique mais jaloux, qui prend le jeune musicien sous son aile. Au cœur d’un film résolument romantique au point d’en être parfois mièvre (le ton passait mieux dans Love actually, les deux films ayant le même scénariste), on découvre comment les plus grands tubes sont composés, tout en assistant à la rencontre d’artistes concurrents qui se respectent au nom de l’amour de l’art.
Dans son propre rôle, Ed Sheeran est touchant et plein d’autodérision, là où Lily James ne propose pas d’autres interprétations que celle qui est toujours la sienne, film après film. Elle n’en fait pas assez, là où Kate McKinnon en fait trop. Au cœur d’un casting rafraîchissant qui distille un humour anglais assez décapant, Himesh Patel est troublant de sincérité, assumant volontiers ses contradictions. Car si l’occasion se présentait, que feriez-vous ?
- © Jonathan Prime/Universal Pictures
C’est le cœur du film : le cas de conscience que se pose le personnage principal qui, après des années de galère, a l’occasion de connaître la gloire et la fortune, à condition de revendiquer la paternité de chansons qu’il n’a pas composées. Est-il vraiment possible de profiter de son succès en sachant qu’on ne le mérite pas ?
Feel-good movie assumé, Yesterday laisse malgré tout un goût amer, tant la célébrité est dépeinte non pas comme une condition sine qua non d’une carrière dans la musique et le cinéma, mais comme un poison qui finit par avoir de graves conséquences.
Le long métrage permet surtout de redécouvrir un répertoire magnifique, qui donne envie d’écouter les Beatles encore et encore. All you need is love !
Liste des chansons du film :
– Yesterday
– In My Life
– Back Into The USSR
– The Long and Winding Road
– Penny Lane
– Eleanor Rigby
– Strawberry Fields For Ever
– Here Comes The Sun
– While My Guitar Gently Wheeps
– Hey Jude
– All You Need Is Love
– Help
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Julia Tequi 3 septembre 2019
Yesterday - Danny Boyle - critique
Un film original et qui fait du bien !
Le postulat de départ ne parlera peut-être pas à tout le monde, un peu déjà vu, trop loufoque, pas assez réaliste, mais croyez-moi, il ne faut absolument pas s’arrêter à ça et aller beaucoup plus loin. Parce que finalement, il a su exploiter ce concept jusqu’au bout, aller au plus profond du sujet, développer toutes les pistes qui pouvaient être intéressantes et ainsi, ne rien laisser de côté. Imaginez un monde qui n’a jamais connu Les Beatles, on ne s’en rend pas forcément compte, mais tout serait si différent, tout simplement, parce qu’ils ont changé la face du monde. Si on y fait bien attention, chacun de nous possède des souvenirs qui tournent autour d’eux, qu’ils viennent de nos parents ou non, on a tous été marqués par une, ou plusieurs chansons. Et c’est le cas pour beaucoup d’artistes qui ont aussi été influencés par leur musique, alors s’ils n’avaient pas existé, les conséquences auraient été bien plus larges. C’est un point que j’ai tout particulièrement aimé d’ailleurs, voir ce qui n’aurait peut-être jamais vu le jour sans eux et je peux vous dire que c’est sacrément étonnant parfois. Danny Boyle a su sortir de ses sentiers battus, tout en gardant sa patte, l’importance de ses messages, il nous parle avec son talent habituel et il le fait avec brio. Visuellement, c’est d’une simplicité absolument superbe, rien n’est en trop, rien n’est surfait, j’ai même adoré ce côté parfois un peu roots, qui correspond totalement à l’authenticité voulue et qui lui apporte toute sa crédibilité. Effectivement, il ne faut pas oublier que c’est à un individu lambda que tout cela arrive, même s’il a un certain don, il n’a rien de plus que vous et moi, son cadre de vie n’est pas plus confortable, jusqu’à ce que tout change pour lui. Alors, forcément, l’attrait des paillettes vient tout modifier, même si on veut garder les pieds sur terre, quand le rêve est à portée de main, il est difficile de lui dire non. Le scénario garde cette ligne de conduite du début à la fin, il est aussi le prétexte d’une sublime histoire d’amour, l’une des plus naturelles et des plus belles que j’ai pu voir, sans artifice, simplement les sentiments. L’intrigue saura mettre en avant avec logique tout ce qu’un tel bouleversement peut engendrer, sur vous, mais aussi sur tout votre entourage et malheureusement, il n’y aura pas toujours que du bon. C’est là que le bât blesse, là où l’industrie musicale montre son pire visage, celui qui vous fait devenir un simple produit de consommation, celui qui veut faire de vous ce que vous n’êtes pas au fond. Et autant dire que l’émotion sera au rendez-vous, notamment pendant une scène qui m’a profondément touché, mais c’était le cas tout au long de cette histoire, que nous vivrons entre rires et larmes. Quant au casting, il est absolument parfait, Himesh Patel est tout simplement extraordinaire, Lily James y est juste incroyable, j’ai adoré la présence hilarante d’Ed Sheeran et Kate McKinnon a su être à contre-courant de ses rôles habituels.
En bref : Un film qui a su totalement exploiter son concept, qui a su réécrire l’histoire, nous faire découvrir un autre monde et qui nous a fait partager une magnifique histoire riche en émotions !