Woody et les robots - Woody Allen - critique

Critique : Cette pochade futuriste permet au jeune cinéaste, qui en est à la signature de son quatrième film (si l’on excepte le "bricolage" de Lily la tigresse - What’s Up, Tiger Lily ? 1966) de s’amuser des travers de la société des années 70 vus par les Terriens de 2173 : le marxisme, l’alimentation diététique par snobisme, les loyers exorbitants..

Les "nouveaux" Terriens ne manquent pas non plus de travers et de contradictions dans leur mode de vie : du personnel de maison robotisé, on ne boit plus, on se se drogue plus, mais on se shoote en frottant une boule, on atteint l’orgasme dans une cabine programmée. Le monde bourgeois qui nous est présenté est quand même très ressemblant à ce qu’il a toujours été : on invite des amis pour s’extasier sur les dernières œuvres à la mode, on porte des vêtements invraisemblables et on s’encanaille avec chic.

Woody Allen et Diane Keaton s’amusent avec leurs bavardages très new-yorkais entrecoupés par des scènes sans paroles un peu accélérées, qui rappellent le burlesque du cinéma muet : des personnages qui se poursuivent, des bagarres chorégraphiques et des chutes spectaculaires. Un exemple : Miles Monroe, caché dans la forêt et affamé, tente de voler une banane géante dans un potager expérimental : il va se battre avec le jardinier qui l’a découvert . Les deux hommes vont sans cesse tomber, glissant à chaque pas sur les gigantesques peaux de banane.
Ici et là, on sent les prémices du cinéastes à venir, de ce qui portera son style à maturation quatre ans plus tard, avec Annie Hall : les digressions philosophiques, le regard désabusé sur la politique (en 2173, le monde est sous dictature après avoir connu une guerre ravageuse), les modes qui se démodent, le snobisme intellectuel et les relations amoureuses qui finissent toujours mal.
On tient là un des exemples de la genèse d’une œuvre, signé par l’un des plus grands cinéastes de ces cinquante dernières années.