A la recherche du père
Le 2 mai 2018
Une lente et intrigante quête initiatique, au cœur d’une forêt isolée. Une expérience en soi.
- Réalisateur : Debra Granik
- Acteurs : John Hawkes, Laurent Chevallier, Jennifer Lawrence, Lauren Sweetser, Dale Dickey
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Pretty Pictures
- Durée : 1h40mn
- Box-office : 125 448 entrées France / 58 319 entrées Paris-périphérie
- Date de sortie : 2 mars 2011
Résumé : Ree Dolly a dix-sept ans. Elle vit seule dans la forêt des Ozarks avec son frère et sa sœur dont elle s’occupe. Quand son père sort de prison et disparaît sans laisser de traces, elle n’a pas d’autre choix que de se lancer à sa recherche sous peine de perdre la maison familiale, utilisée comme caution. Ree va alors se heurter au silence de ceux qui peuplent ces forêts du Missouri. Mais elle n’a qu’une idée en tête : sauver sa famille. A tout prix.
Critique : L’héroïne de Winter’s Bone pourrait être une adolescente ordinaire si elle n’avait pas à sa charge ses deux petits frères et sœurs. Entre une mère malade et un père absent, elle doit assumer les tâches du quotidien. Autant dire que le lycée ne fait pas partie de ses priorités, même si elle aimerait bien qu’il le soit. Vivant dans une forêt, la jeune fille est isolée du reste du monde et surtout des jeunes de son âge. Elle est adulte avant l’heure, d’autant qu’elle décide de partir sur les traces de son père porté disparu. Les habitants de la région montagneuse où elle habite se liguent contre elle, la martyrisent pour ne pas qu’elle fouille dans des lieux et des histoires peu reluisantes. Tout le monde sait quelque chose, personne n’est innocent. Cette ambiance en vase clos où toute la communauté est impliquée dans une sombre affaire n’est pas sans rappeler l’atmosphère de Twin Peaks de David Lynch. Si l’on ne retrouve pas d’éléments surnaturels, l’idée d’un complot ou d’une machination infernale est bien présente dans le long-métrage de Debra Granik .
- © Pretty Pictures
Complètement seule, l’adolescente ne peut compter que sur elle-même. La nature qui l’entoure représente autant un rempart qu’un danger. Connaissant la végétation des lieux, elle est en terrain conquis. Mais, pour autant, la peur n’est pas absente car chaque bruit peut être une menace, lui rappelant cruellement que la traque dont elle est victime n’est pas finie. En plein hiver, dans cette région reculée, tout est blanc. Aucune trace ne reste, chaque être vivant se fond dans le décor. La lumière est presque aveuglante. Dans cette indistinction environnante, la jeune fille doit être son propre guide. Le temps ne peut être que long pour elle qui ne sait pas vraiment où elle va ni ce qu’elle ou qui elle cherche. Cette dilution de la durée se perçoit nettement, chaque action se déroulant avec lenteur. Mais cette dernière est nécessaire pour comprendre le prix de l’effort, le sacrifice physique et psychologique que cette recherche du père demande au personnage principal de Winter’s Bone.
- © Pretty Pictures
Finalement, ce que l’héroïne cherche n’a que peu d’importance ; il est de toute façon évident que le parent disparu ne désire pas être retrouvé, qu’il ne souhaite pas s’investir totalement auprès de sa famille. Par contre, cette quête apporte à l’adolescente une nouvelle assise à son existence où, pour la première fois, elle décide de ce qu’elle fait, malgré les obstacles qu’elle rencontre. Alors qu’au premier abord Winter’s Bone revêt des apparences de drame, voire de thriller, il se dévoile peu à peu comme une quête initiatique tout à fait singulière par l’absence de psychologie caractérisée, laissant au personnage principal, adolescente et adulte en devenir, une part de mystère et par là-même d’intérêt.
- © Pretty Pictures
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Norman06 4 mars 2011
Winter’s bone - la critique
Rosetta du Minnesota ? Plus qu’aux Dardenne, on songe à tout un pan du nouveau cinéma indépendant (Frozen River), qui allie critique sociale, revisite d’un genre et exploitation d’un décor naturel. Et après True Grit, voici un autre récit d’adolescente en phase de règlement de compte envers la mémoire paternelle... Une réussite aride et choc.
roger w 15 mars 2011
Winter’s bone - la critique
Ennuyeux, ce film très long et très lent se révèle incapable de raconter une histoire de manière claire, préférant créer une ambiance délétère où tous les personnages sont des ordures et des rebuts de l’humanité. Un tel déballage sordide finit vraiment par pomper l’air. On passe.
Frédéric de Vençay 31 mars 2011
Winter’s bone - la critique
"Winter’s bone" semble présenter les atouts du film "coup-de-poing-chouchou-des-festivals", qui se révèlent vite être des tics recrachés sans grande imagination. Un rythme lancinant, une atmosphère funèbre l’extirpent tout de même du formatage qui le guette... mais plongent aussi le spectateur dans l’ennui, tant l’intrigue tourne en rond à l’image de son héroïne. Une partie du casting et quelques séquences bien senties nous sortent de temps en temps de cette torpeur... mais trop tard.
Jujulcactus 30 juillet 2011
Winter’s bone - la critique
Plus d’un an après son sacre à Sundance, puis ces prestigieuses nominations (notamment aux oscars !), « Winter’s Bone » débarque sur nos écrans (enfin sur quelques écrans...). Il conte la quête d’une ado de 17 ans pour retrouver son père, introuvable, son foyer etant menacé depuis que ce dernier a hypothéqué la maison... Cette fille s’occupe seule du reste de la famille, une mère malade réduite à l’état de légume, ainsi qu’un frère et une soeur. Cette recherche va la mettre constamment en danger, mettant son pied dans une affaire plus grande qu’elle n’y paraît, une histoire de gang et de complot. Cette histoire tire une grande force de son cadre, planté au fin fond de la forêt américaine du Missouri, dans une pauvreté rurale saisissante et un voisinage des plus hostile. « Winter’s bone » est un film d’ambiance, sombre, poisseux et grave. Si le principe de l’enquête (sondage du voisinage) est un peu répétitif et qu’au final il ne se passe pas grand chose, on reste malgré tout accroché de bout en bout par la tension dérangeante qui parfois s’installe, et un casting sans faille révélant peut être une future grande actrice (Jennifer Lawrence). Sombre et prenant.