Niaiserie boursouflée
Le 30 janvier 2012
Victime de sa candeur, John Woo rate complètement son objectif et nous fait perdre notre temps.
- Réalisateur : John Woo
- Acteurs : Nicolas Cage, Christian Slater, Mark Ruffalo, Peter Stormare, Adam Beach, Noah Emmerich, Frances O’Connor
- Genre : Drame, Action, Film de guerre, Nanar
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Pathé Distribution
- Editeur vidéo : France Télévisions
- Durée : 2h14mn
- Titre original : Windtalkers
- Date de sortie : 14 septembre 2002
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Résumé : En 1944, durant la Seconde Guerre mondiale, face à l’ennemi japonais, les États-Unis ont utilisé une méthode de codage : le langage Navajo, uniquement compris et parlé par certains soldats indiens. Ces code talkers transmettaient les messages codés entre les bases américaines disséminées sur les îles du Pacifique. Le marine Joe Enders sort blessé d’une bataille sanglante sur les îles Salamon. Après avoir récupéré dans un hôpital, il est chargé d’une nouvelle mission consistant à assurer la sécurité de deux soldats navajos, Ben Yahzee et Charlie Whitehorse, et à "protéger le code à tout prix" pour l’empêcher de tomber aux mains de l’ennemi. En clair : sacrifier, si besoin est, leurs frères d’armes. Durant ce périple, Joe se voit accompagner d’Ox Anderson et d’autres soldats. En pleine bataille de Saïpan, des liens d’amitié se tissent entre les Navajos et leurs "anges gardiens".
Critique : Que reste-t-il de ces "Messagers" dans le vent ? Pour être honnête, pas grand-chose. On aurait pourtant voulu que cette édition collector réhabilite le film de John Woo, le mette au rang de ces précédents chefs-d’œuvre comme The Killer ou Volte/Face. Rien à faire, Windtalkers reste le nanar dégoulinant de bons sentiments qui nous a tant écœurés. En revanche, le DVD a le mérite d’avancer les raisons d’un tel ratage : sempiternel bras de fer avec le studio et suppression du final cut pour John Woo.
Durant la guerre du Pacifique, les Japonais ont une fâcheuse tendance à déchiffrer trop facilement les messages codés des Américains. Aussi, l’état-major a recours au langage navajo, incompréhensible pour l’ennemi. Chaque précieux transmetteur navajo va se voir escorté par un ange gardien. La mission de ce dernier consiste à le protéger coûte que coûte ou à l’éliminer si la situation devient désespérée. D’un côté donc, Joe Enders, marine traumatisé et drogué, en proie à des accès de folie meurtrière ; de l’autre Ben Yahzee, Indien candide dont la bonté d’âme contraste sensiblement avec le nihilisme du premier.
Avec un tel postulat, John Woo s’en est donné à cœur joie pour développer les thèmes qui lui sont chers : la puissante amitié entre des frères d’arme, l’omniprésence de la mort, le sens du sacrifice, la perte de l’innocence, la violence aveugle... Malheureusement, il collectionne tous les poncifs du genre, plombant ainsi son film d’un sentimentalisme inimaginable (la consternation est à son comble lors du duo fraternel entre la flûte indienne et l’harmonica ricain). La dramaturgie est tellement grossière, tellement naïve que l’on en vient à être peiné pour John Woo. Pis encore, il sabote ses scènes de combat, domaine où il excelle d’habitude. D’une certaine manière, cette réalisation sans génie épouse parfaitement la lourdeur du sujet. Bref, Windtalkers assène à grands renforts d’explosions que la guerre est horrible, mais que les hommes portent toujours en eux l’espoir de vivre dans un monde meilleur.
En revanche, il faut savoir que cette édition zone 2 est unique en son genre, en raison de la présence du commentaire audio de John Woo. Alors que Windtalkers est sorti sans aucun supplément en zone 1, le réalisateur, grand amoureux de notre pays, a fait un effort pour satisfaire les DVDphiles français. Ainsi France Télévisions Distribution a pu réunir sur deux disques un documentaire de 52 minutes (Une balle dans l’assiette) qui vous glisse dans l’intimité du cinéaste, un documentaire historique sur le Secret des Navajos et de leur code si précieux, un making of dispensable et des interviews réalisées lors de la promotion.
Toutefois, l’argument de vente reste sans conteste les commentaires de John Woo. Il revient en toute honnêteté sur les difficultés de monter son film, sur les exigences du studio, sur sa relation avec les acteurs. John Woo est un homme qui pleure beaucoup aussi ; il pleure en lisant le scénario, il pleure en découvrant les rushes, il pleure devant la générosité de Nicolas Cage, etc. On apprécie sa sincérité mais sa candeur risque, à l’image du film, d’en agacer plus d’un. Au final, on ne retiendra que cette phrase du réalisateur, "le public n’était pas prêt pour voir une histoire typiquement américaine filmé par un Chinois."
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