Willard

Des rats et des hommes pour une série B qui rend hommage à ces charmantes bestioles rampantes...

Incapable de surmonter la mort de son père, Willard vit enfermé avec sa mère malade dans une vieille bâtisse sinistre.
Piégé entre le harcèlement moral de son patron et sa vie de reclus articulée autour des besoins de sa mère possessive (vous avez dit Norman Bates ?), Willard mène une véritable vie d’autiste. L’arrivée dans son bureau de Cathryn, une intérimaire qui ne lui est pas insensible, va venir bouleverser son mode de vie. Un soir, alors qu’il tente de dératiser la cave, Willard se rend compte qu’il entretient un lien particulier avec les rats... Bientôt Willard se retrouve entouré de centaines d’amis qui le comprennent et qui peuvent l’aider...

Willard de Glen Morgan a deux atouts particulièrement attrayants pour tout spectateur appréciant les films de genre. Tout d’abord, Crispin Glover dans le rôle principal et ensuite la promesse de voir un déluge de rats grâce aux effets numériques d’aujourd’hui. Le film tient ses promesses sur ces deux points : Crispin Glover enfin reconnu par le grand public grâce à sa prestation remarquée dans Charlie’s Angels en Thin Man, propose une performance d’acteur exceptionnelle dans la peau de Willard... Le film reposant en grande partie sur ses frêles épaules et... sa face de rat. Les autres stars du film qu’elles soient numériques ou réelles font également une prestation remarquée... Les scènes impliquants les rats sont particulièrement impressionnantes, à tel point qu’on aurait tendance à vérifier que ces charmantes bestioles ne sont pas passées de l’autre côté de l’écran pour venir nous côtoyer dans notre fauteuil...

Néanmoins, cela ne suffit malheureusement pas à proposer un film passionnant. En effet, le film de Glen Morgan, énième adaptation du roman culte Ratman’s Notebook de Stephen Gilbert, est d’un classicisme à toute épreuve et manque cruellement de surprises... Le spectateur anticipe bien à l’avance le cheminement du scénario et celui qui s’attend à voir une illustration de ce qu’il a pu lire dans la terrifiante trilogie Des rats de James Herbert risque d’être bien déçu... Le film reste définitivement trop grand public dans les scènes illustrant les attaques des rats.

L’autre gros problème du film est la relation qu’entretient le spectateur avec le personnage de Willard. Certes le jeu de Crispin Glover est incroyable, mais il campe un personnage tellement sinistre, tellement malsain qu’on ne peut finalement à aucun moment s’approprier ou s’identifier au personnage car il est tout simplement antipathique. On aura paradoxalement plus de facilité à avoir de la compassion pour les deux rats vedettes que sont Socrate et Ben (qui se comportent finalement comme des humains) plutôt que pour Willard (qui se comporte somme toute comme un rat...).

Bien en deçà de ce qu’il aurait pu être car beaucoup trop prévisible et classique, Willard n’en reste pas moins un bon divertissement... Ah oui, j’allais oublier... pendant que vous avez lu cet article, plus de six cents rats sont nés dans le monde... Rassurant n’est-ce pas ?