White Spirit - La chronique BD

Lire White Spirit, c’est prendre le risque d’avoir une claque noire dans la figure, surtout dans sa dernière partie. Située au croisement de La peau de chagrin et Idées Noires, cette histoire choisit d’infliger le pire à son héros, et prend le parti d’en rire, voilà pour résumer l’intention de cet album qui délivre un contenu décalé, et pourtant vieux comme le monde.

De fait, la malédiction par un esprit ancestral, depuis les Égyptiens jusqu’au Horla, ou encore les revenants hantant le quotidien, tout laisse penser que le récit cache une rédemption, une leçon, une morale... Pas du tout ; et c’est justement le pied de nez ultime qui distingue ce récit, conclu de manière aussi abrupte qu’ironique. En revanche, ne comptez pas ressortir indemne de cette histoire de possession, car le dessin achève les illusions du lecteur...

En effet, le dessin griffonné, sombre et violent de Weldohnson ajoute au côté décalé de la BD. Morbide à souhait, le démon est dérangeant, et les épreuves qu’il inflige au protagoniste humain forment une gradation dans l’horreur, comme un hommage aux films du genre. Sans aucun rouge, puisque l’intégralité est en noir et blanc, il y a bien un côté presque désuet, comme les premiers films du genre, qui n’empêchent pas un ressors comique à la barbarie divulguée.

Dedo, Weldohnson/ Delcourt

Flippante et retorse, mais fascinante dans son approche originale, White Spirit est une bande dessinée qui comporte juste ce qu’il faut de gore et de choquant pour nous chambouler, tout en restant finalement dans la pure tradition de l’horreur.