White Shadow - la critique du film

La traque à l’albinos a commencé. L’occasion pour Noaz Deshe de réussir un thriller anxiogène haletant de bout en bout.

L’argument : En Tanzanie, en 2008, les albinos étaient persécutés. Des médecins "sorciers" offraient de grosses sommes pour se procurer des parties de leurs corps pour leurs potions magiques. Entre 2008 et 2010, plus de 200 homicides liés à ces pratiques de sorcellerie ont été commis. Le film raconte l’histoire d’Alias, un jeune albinos qui, après avoir assisté au meurtre de son père, est envoyé par sa mère à la ville, où son oncle Kosmos lui offre le refuge. Tandis qu’il vend des lunettes, des DVD et des téléphones portables pour gagner sa vie, le jeune homme ne tarde pas à traverser l’épreuve, à fleur de peau, de la difficulté de la vie et de la différence.

Notre avis : En pointant du doigt la difficile condition de naître albinos en Afrique, qui s’apparente ici à une malédiction passible de mort, le réalisateur Noaz Deshe surprend. Son sujet opère une plongée étonnante dans les croyances opaques d’une culture enracinée dans la magie noire, et les superstitions tribales ancestrales. Le jeune albinos, le teint blanc en territoire noire, est en Tanzanie susceptible d’être massacré.
Copyright : © Temperclayfilm
White Shadow décrit ainsi la traque impitoyable d’Alias, garçon convoité par des trafiquants d’organes au service de sorciers tanzaniens. L’albinos, traité de "peau de porc" et chassé sans pitié, inspire à la fois crainte et haine. De quoi entraîner le spectateur sur les terres barbares d’une chasse à l’homme absolument terrifiante, où pour échapper à la machette, notamment lors d’une séquence hallucinante d’effroi, la victime se couvre le corps de boue pour toucher l’invisibilité.
Superbement servi par la musique anxiogène de James Masson, également co-scénariste, le "survival" utilise une photographie très contrastée, entre lumières et ténèbres, pour peindre ce portrait désespérant d’une discrimination de couleurs. Se situant à la croisée des genres, le documentaire, le polar et le film à thèse, et tourné avec un budget modeste, le projet a séduit Ryan Gosling, crédité au générique en tant que producteur exécutif, l’acteur s’impliquant beaucoup dans la cause africaine. Son engouement est communicatif.
Par son environnement épique et ses difficultés de tournage (intoxications alimentaires, éruptions cutanées sévères, malaria...), White Shadow évoquera Werner Herzog, celui d’Aguirre la colère de Dieu et Fitzcarraldo. Le réalisateur Noaz Deshe y dénonce la même folie contagieuse de l’homme, présentée à notre époque contemporaine. On lui souhaitera la même carrière.

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