Mode d’emploi
Le 6 novembre 2003
Voyage dans l’univers des frères Wachowski, maîtres d’œuvre d’un spectacle jusqu’au-boutiste.
- Réalisateur : Lana & Lilly Wachowski
- Voir le dossier : L’épopée "Matrix"
L'a vu
Veut le voir
Voyage dans l’univers des frères Wachowski, maîtres d’œuvre d’un spectacle jusqu’au-boutiste.
Un film "à la Matrix", des poses "à la Matrix", une esthétique "post-Matrix", voilà le genre de jargon qui pullule dans la presse cinématographique pour qualifier des films comme Equilibrium ou plus récemment Underworld... Imitée mais jamais égalée, la trilogie Matrix représente aujourd’hui un objet pas vraiment clairement identifié, mais qu’on ne peut s’empêcher d’utiliser comme référent. Que l’on adore ou que l’on déteste, la trilogie des frères Wachowski fait parler d’elle. Que cela plaise ou non, on appelle ça une œuvre fondatrice...
Un film grand public
C’est là la grande force et la meilleure idée des frères Wachowski : faire de la trilogie Matrix une œuvre grand public, mais qui tire ce public vers le haut, et ceci au fur et à mesure de la progression de l’intrigue. Ainsi, Matrix premier du nom est un film définitif, se suffisant à lui-même et qui introduit de façon parfaite un univers nouveau, excitant et inconnu pour une grande partie des spectateurs. Une fois ces bases acquises à travers ce premier film tremplin, le spectateur est prêt pour plonger dans le déroutant Matrix reloaded qui pour le coup devient beaucoup moins explicatif et qui à travers l’incroyable scène de l’architecte retourne complètement les certitudes du spectateur... on aime ou on n’aime pas, mais on sort du film dérouté, titillé, intrigué, éveillé !
Un film somme
La trilogie des frères Wachowski regorge d’influences très diverses qui créent pourtant un tout parfaitement cohérent : la littérature cyberpunk, on pense à Philip K. Dick et William Gibson, le cinéma de Hong Kong avec ses scènes de combats chorégraphiées par Yuen Woo Ping et ses gun-fights homériques directement hérités du cinéma de John Woo... mais la trilogie Matrix va plus loin que tout autre film dans ce processus de digestion en s’inspirant et en intégrant les codes et les influences de médias jusque là mésestimés, ignorés, l’animation et le jeu vidéo : dans une scène comme celle du "Burly Brawl", qui voit s’affronter Neo et des dizaines d’agent Smith, Keanu Reeves et Hugo Weaving ne sont plus, ils laissent place à des icônes numériques, des personnages animés qui permettent des angles de prise de vue impossibles comme dans l’animation japonaise. De même la trilogie intègre les codes narratifs et les repères du jeu vidéo : les rencontres scriptées (Neo est à chaque fois attendu), les coups spéciaux de Morpheus et Trinity, les choix binaires (pilule rouge/pilule bleu, porte de droite/porte de gauche), les "game-over", "continue" et "replay", les salles d’entraînement, les "cheats mode".
Un film de Andy et Larry Wachowski
Dès leur premier film, Bound, véritable exercice de style, les frères Wachowski ont démontré leur parfaite maîtrise de la réalisation en livrant un chef-d’œuvre manipulateur et incroyablement rythmé. Avec la trilogie Matrix, ils s’affirment comme les maîtres d’œuvre d’un spectacle jusqu’au-boutiste. Même lorsqu’ils se laissent aller à un peu de légèreté, c’est à chaque fois sans gratuité aucune : on pense à la rave party de Matrix reloaded qui malgré son esthétique "MTV" illustre le caractère passionné des êtres humains de Zion (nature, mouvement, échange, chaleur, musique) en opposition à la rationalité des machines illustrée lors de la rencontre avec l’architecte (technologie, staticité, monologue, froideur, silence). De même la scène surréaliste de "l’orgasme numérique" lors de l’entretien avec le Mérovingien ne fait que souligner sa démonstration de la causalité comme moteur de nos actions. C’est finalement à travers ses partis pris audacieux, ses scènes inattendues et risquées, lorsque la passion l’emporte sur la raison, que la trilogie transcende son statut de grand spectacle parfaitement agencé pour devenir une œuvre protéiforme qui éveille la curiosité du spectateur, et cela semble bien là le but principal que se sont donnés les frères Wachowski...
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.