Le 31 août 2015
- Réalisateur : Wes Craven
A l’occasion de la mort de Wes Craven, revenons sur ses meilleurs films. Et les moins bons, aussi.
A l’occasion de la mort de Wes Craven, revenons sur ses meilleurs films. Et les moins bons, aussi.
A l’occasion de la mort du réalisateur de My soul to take, et Scream 4, ses deux derniers longs métrages, retour sur la très longue carrière de Wes Craven, un maître de l’épouvante dont tous les films ne furent pas aussi grandioses qu’on souhaiterait le dire, amis quand même !
Issu de la beatnik génération, Wes Craven a nourri les années 70 de sa vision radicale d’une Amérique transformée en nid à détraqués, dont s’inspirera Tobe Hooper avec Massacre à la tronçonneuse. Avec tous leurs défauts, La dernière maisons sur la gauche et La colline a des yeux sont deux micros productions dont la sauvagerie a su les transformer en classiques instantannés. Surestimés, probablement, mais parmi les meilleurs films d’une filmographie fidèle au genre.
La suite ? Le téléfilm L’été de la peur avec Linda Blair, La créature du marais avec Adrienne Barbeau, l’insipide La ferme de la terreur avec la quasi débutante Sharon Stone ou le téléfilm Invitation to hell établissent le père Craven dans l’artisanat de série à petit budget.
Il faudra attendre 1985 et sa relecture onirique du slasher movie, Les griffes de la nuit, pour que sa carrière ne soit vraiment relancée. Le premier Freddy est un festival de scènes abracadabrantes d’ingéniosité qui posèrent les premières pierre à l’édifice voué au croquemitaine célébré par la suite dans 9 films, dont un remake et un spin-off. Si Craven produit les autres segments de la saga de New Line, il délaisse la réalisation de son tueur en série pour poursuivre sur la voie du teen movie horrifique avec une relecture du Frankenstein de Mary Shelley. La série B présentée à Avoriaz s’intitule L’amie mortelle, un bon souvenir pour les mômes de l’époque, mais un flop critique et public terrible. Un peu de vaudou plus tard (L’emprise des ténèbres, une autre déception), Craven essaie de relancer la mode du croquemitaine avec Shocker.
Ce thriller surnaturel remplis d’effets dignes d’A nightmare on Elm Street établit un nouveau monstre, électrique cette fois-ci, à une époque où le public se détourne du genre. Le succès est au rendez-vous, mais force est d’admettre que ce popcorn movie carcéral ne volait pas très haut. En 1992 avec Le sous-sol de la peur, la tentative de résurrection de l’horreur ne prend pas. La seule bonne idée de ce film faussement violent et approximativement glauque est de reprendre, dans le rôle d’un couple de kidnappeurs à domicile, deux comédiens de la série de David Lynch Twin Peaks, Wendy Robie et Everett McGill.
Faute de succès, Craven se résout à revenir à la saga Freddy, pourtant clôturer en 1992 par un épisode final en 3D par Rachel Talalay. La fin de Freddy était nul, le reboot de Craven est intéressant, mais souffre de lenteur. Il préfigure la métafiction en oeuvre dans Scream en impliquant les acteurs des Griffes de la nuit et Wes Craven en personne. Le tueur fou s’en prend à ses créateurs, mais l’ennui est mortel. Les apparitions du monstre vedette sont fatiguées et laissent peu de place à l’angoisse. Une déception relative au cinéma. Freddy est mort aux yeux de ses producteurs.
1995, Craven réussit à convaincre Eddy Murphy de jouer à "Blacula" dans Le vampire à Brooklyn. De très loin l’un de ses pires films et probablement le plus gros flop de sa carrière. L’auteur des Griffes de la nuit a alors l’excellente idée de mettre en image le script de Kevin Williamson, Scream, sorte de revival du teen movie horrifique 80, le slasher donc, totalement mort dans les années 90. Le succès est sans précédent pour une série B horrifique, avec la bénédiction de la critique qui ne jure plus que par Wes Craven, devenu maître incontestable de l’horreur... En quantité, sûrement, en qualité, euh... Si Scream 1 est honnête, avec de très bons passages qui donnent dans le paroxysme de l’angoisse, l’humour bâtard démine un peu trop son discours métafictionnel. Heureusement Scream 2, véritable blockbuster estival, pousse le bouchon plus loin avec intelligence... Un succès total. Devenu un auteur écouté, Craven délaisse le genre horrifique pour son seul essai hors genre, un drame communautaire : La musique de mon coeur en 1999 donne dans l’éducation indigeste avec bons sentiments. Meryl Streep, Angela Bassett, Aidan Quinn se compromettent, en compagnie de la chanteuse Gloria Estefan. Après un tel four, il ne reste plus qu’au cinéaste de revenir à la trilogie Scream avec un 3e numéro grotesque qui triomphe, mais laisse chacun sur sa faim. Sic.
La suite fait peur, un film de loup-garou détruit au montage par son propre studio, coécrit par Kevin Williamson, Cursed, mais les formules de slasher adolescent plaquées au genre du lycanthrope ne prennent plus. Le film sorti en 2005 ressemble à s’y tromper aux productions du (pseudo) maître dans les années 90 ! Avec Red Eye, il se reconvertit aussitôt dans le thriller plus adulte post 11 Septembre 2001. Ses agitations aériennes ne volent finalement pas bien haut, mais le public suit ce Flight Plan avec Cillian Murphy et Rachel McAdams, notamment aux USA où la série B rapporte 50M$.
Depuis Red Eye, au moins plus prometteur dans sa volonté de prendre des hauteurs sur le genre adolescent, Wes Craven est revenu sur Terre. Oublié le segment de Paris je t’aime. My soul to take, slasher suranné est un désastre au box-office malgré la possibilité de le découvrir en 3D, à la grande époque post Avatar ! Il faudra deux ans pour qu’un distributeur ne le distribue en France où l’on a pu découvrir avant le 4e épisode de Scream pourtant tourné après. Scream 4 sort la même année qu’American pie 4 dans l’espoir de raviver la nostalgie des années 90. En vain. Le résultat est honnête, mais le jeune public est déjà passé à autre-chose ! C’est qu’aujourd’hui Scream 1, ça date !
Le top 5 du cinéaste...
La dernière maison sur la gauche 1972
Plongée fauchée dans le survival redneck. Novateur en son temps, un peu Z aujourd’hui. Le remake est bien plus réussi car homogène dans son ambiance.
La colline a des yeux 1977
Malheureusement, le remake d’Alexandre Aja est encore plus abouti, mais on avouera qu’en son temps, 1977, ce nouveau survival chez les culs-poussiéreux fit grande sensation.
Les Griffes de la nuit 1985
Tout simplement son chef d’oeuvre. Le slasher le plus novateur des années 80, bien loin devant les Vendredi 13 et les ersatz de Halloween (mais Craven n’arrive pas à la cheville de Carpenter !).
Scream 2 1997
De loin le meilleur de la franchise. Filmé brillamment, bâti sur un script solide et intelligent. Le top !
L’amie mortelle 1986
Juste pour le fun, car en fait, hors de la saga des Scream, y a-t-il un 5e meilleur film ? La c’est la nostalgie qui s’exprime.
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