Entrons dans la danse
Le 11 septembre 2010
Dans le cadre de la rétrospective Lubitsch à la Cinémathèque Française (jusqu’au 10 octobre). Une comédie virevoltante du jeune cinéaste de 25 ans, traversée par un vent de folie.


- Réalisateur : Ernst Lubitsch
- Acteurs : Emil Jannings, Ossi Oswalda, Margarete Kupfer, Fritz Schulz, Victor Janson
- Genre : Comédie
- Nationalité : Allemand

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– Durée : 47mn
Dans le cadre de la rétrospective Lubitsch à la Cinémathèque Française (jusqu’au 10 octobre). Une comédie virevoltante du jeune cinéaste de 25 ans, traversée par un vent de folie.
L’argument : Ossi est courtisée par un jeune apprenti libraire qui se fait sans cesse réprimander par sa patronne pour son manque d’attention. Le père d’Ossi quant à lui est intéressé par la patronne de la librairie.
Notre avis : Sorti le 16 novembre 1917 à Berlin, assorti d’une interdiction aux mineurs, Wenn vier dasselbe tun est le premier grand rôle d’Ossi Osvalda qui avait débuté l’année précédente dans un autre film de Lubitsch Schuhpalast Pinkus. Elle prenait ici, en quelque sorte, la succession de Dorrit Weixler (Fraülein Piccolo), décédée quelque temps plus tôt, et fixait son personnage d’adolescente débordante de vitalité et de joyeuse insolence. Il faut la voir, en costume marin, prendre congé de ses camarades de pensionnat en leur faisant promettre de perpétuer son souvenir, c’est à dire d’en faire voir de toutes les couleurs à la directrice comme elle le faisait elle même.
De retour dans le monde, c’est son père (Emil Jannings, affublé d’une moustache en points d’interrogations) et l’apprenti libraire maladroit dont elle s’éprend (le quasi keatonien Fritz Schulz, une révélation) qu’elle entraînera dans une ronde endiablée.
Et en effet, on danse beaucoup dans ce film, non sans se marcher allègrement sur les pieds, que se soit chez le maître de ballet savoureusement campé par Viktor Janson (un habitué des comédies de Lubitsch) ou lors du grand bal qui constitue le point culminant de l’intrigue.
Mais c’est tout le film qui est parcouru par un vent de folie euphorique et euphorisant que les oeuvres ultérieures, généralement plus calibrées, ne retrouveront pas toujours au même degré.
La mise en scène, extrêmement sophistiquée et inventive pourtant (voir les séquences qui suivent simultanément les quatre personnages en montage alterné), est d’une décontraction très moderne et c’est probablement, parmi les films de son auteur, un de ceux qui exaltent le plus sensuellement les costumes et les opulents décors (Ossi dans son lit, comme encastrée dans les draps et les tentures).
A 25 ans, Ernst Lubitsch était déjà au sommet de son art et Wenn vier dasselbe tun en livre une étourdissante démonstration.