L’abîme - Ernst Lubitsch - critique

Critique : Le fier et indépendant Marcus finira par rendre son arme pour les beaux yeux de Ciglia (Camilla Horn), la fille du pasteur dont il est épris. Seulement, Marcus doit faire face à Pia (Mona Rico), une jeune sauvageonne qu’il a rejetée, et Ciglia, de son côté, subit les avances du sage et raisonnable Lorenz (Victor Varconi).

Ernst Lubitsch, le célèbre réalisateur allemand, émigré aux États-Unis depuis 1923, tournait là son dernier film muet, qui fut tout de même sonorisé pour la musique. Il propose comme souvent une histoire romantique qui se déroule en marge d’un fait historique : ici en Europe centrale au début du XIXe siècle, lors des guerres napoléoniennes. Ce récit d’amour contrarié lui permet de déployer une mise en scène aussi impressionnante dans les extérieurs de montagne que dans les scènes intimistes où il utilise toujours admirablement ce qui se passe derrière les portes. Il faut également souligner la qualité des scènes de foule : de superbes plans lors de la remise des armes ou encore lors du bal masqué qui symbolise la fin de l’occupation.

La direction d’acteurs, qui s’avère particulièrement sobre, met bien en valeur le jeu, pour une fois tout en retenue, de John Barrymore, l’un des chanceux acteurs du muet ayant passé la barre du parlant.

Le premier film parlant de Lubitsch, tourné la même année, sera Parade d’amour (The Love Parade), une comédie musicale interprétée par le Français Maurice Chevalier.