Chronique de la haine ordinaire
Le 19 juin 2015
Présenté en compétition au Champs Elysées Film Festival, Welcome to Leith est un intrigant documentaire sur un porte-parole néo-nazi parti au fin fond des Etats-unis prêcher "sa" bonne parole.
- Réalisateurs : Michael Beach Nichols - Christopher Walker
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américain
- Festival : Champs-Elysées Film Festival
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Présenté en compétition au Champs Elysées Film Festival, Welcome to Leith est un intrigant documentaire sur un porte-parole néo-nazi parti au fin fond des Etats-unis prêcher "sa" bonne parole.
L’argument : Welcome to Leith est un documentaire relatant la tentative de prise de pouvoir de Craig Cobb, zélateur de la Suprématie Blanche, dans une petite ville du Dakota du Nord. A mesure que son attitude devient menaçante, les tensions montent et les habitants de la ville cherchent désespérément à se débarrasser de cet intrus. Ce documentaire tente de démontrer comment nos principes démocratiques sont remis en question lorsque ces derniers sont poussés à l’extrême.
Notre avis : Le documentaire de Michael Beach Nichols et Christopher Walker s’étale sur un an, depuis l’installation du zélateur Craig Crobb, prédicateur d’extrême droite contesté, aux propos de haine, dans la petite bourgade de Leith, dans le Nord Dakota, jusqu’à son éviction dues aux tensions provoquées avec la population locale, exaspérée, et son procès.
Le film relate chronologiquement les événements qui agitent ce village, qui s’apparente, peu ou prou, à un no man’s land. Ce parti pris est à la fois la force et la faiblesse du film. Le réalisateur parvient, par ce biais, à montrer comment le conflit s’amplifie entre le néo-nazi et les habitants du patelin à mesure que les mois s’écoulent. Les autochtones sont d’abord intrigués par ce type à la longue barbe blanche qui reste cloîtré dans sa maison de fortune. Puis, petit à petit, l’homme des cavernes se met à sortir, à libérer la parole, à s’exposer lors des conseils municipaux, puis, nouvelle provocation, il convie une jeune famille de néo nazis à s’installer dans son jardin. Le documentaire montre, de manière habile, la colonisation progressive du racisme en terre neutre.
Dès les premiers plans, Michael Beach Nichols et Christopher K. Walker insistent sur la désertion des pouvoirs politiques américains qui laissent en jachère des villes entières. Ces espaces abritent des familles en autosuffisance, déconnectées des problèmes sociaux, culturels et politiques qui agitent leur pays, un terreau pour toutes sortes de prédicateurs qui cherchent à propager leurs visions de haine. Les nombreux travelling et ralentis nous font découvrir des routes terreuses et solitaires, des milieux favorables à la paranoïa. La caméra subjective pourrait bien dissimuler le regard prédateur de Craig Cobbs, lui-même, dans son travail de repérage ; cela donne froid dans le dos.
Si la gradation dramatique fonctionne au début du film le dispositif tend à s’essouffler. Les scènes de confrontation entre les habitants et Cobbs sont redondantes et ne nous apprennent plus grand chose sur le personnage qui n’a plus beaucoup de cordes à son arc. Le film cède alors au sensationnalisme et les réalisateurs en viennent à perdre la force de leur aproche. Le documentaire n’est réellement intéressant que lorsqu’il parvient à établir un dialogue entre Cobbs et les familles par la force d’un montage alterné. Plusieurs visages de l’Amérique se révèlent alors, les langues se délient, les discours se contredisent. Le débat peut alors commencer.
Reportage sur le film :
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