Les arnaqueurs
Le 8 mars 2024
Gordon Gekko, le retour. Présenté hors compétition à Cannes, le second volet du récit culte de Oliver Stone est une habile machinerie qui ne retrouve que partiellement la force corrosive de l’original.
- Réalisateur : Oliver Stone
- Acteurs : Michael Douglas, Eli Wallach, Shia LaBeouf, Josh Brolin, Frank Langella, Carey Mulligan, Sean Stone
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Twentieth Century Fox France
- Durée : 2h16mn
- Titre original : Wall Street: Money Never Sleeps
- Date de sortie : 29 septembre 2010
- Festival : Festival de Cannes 2010
Résumé : Wall Street, New York : en plein krach boursier de 2008, un jeune trader, Jacob Moore, est prêt à tout pour venger son mentor, que d’obscures tractations financières ont poussé au suicide. Il demande de l’aide à Gordon Gekko, le meilleur - et le pire - des gourous de la finance, qui vient de sortir de 20 ans de prison pour délit d’initié. Jacob va apprendre à ses dépens que Gekko reste un maître de la manipulation, et que l’argent ne dort jamais.
Critique : On attendait avec curiosité la suite de Wall Street, brûlot efficace sur les malversations financières, succès symbolique de la fin des années yuppie, qui suscita en son temps maintes vocations de trader. La révolution Internet, la chute des Twin Towers et surtout la crise financière de 2008 justifient le projet de cette tardive séquelle. Le scénario, complexe, brasse avec habileté plusieurs actions parallèles (familiales, sentimentales, professionnelles, policières), entremêlées par un montage efficace, sans esbroufe ni excès d’intrigues secondaires. On y apprécie des digressions sarcastiques (la brève apparition de Charlie Sheen) et un humour discret, qui commence dès la séquence de restitution d’effets personnels (dont un gros téléphone eighties) lors d’une remise en liberté...
- © Twentieth Century Fox France
Manipulations individuelles (par Gekko) et collectives (par le système) se télescopent avec adresse, Stone s’inscrivant ici dans sa propre continuité mais aussi celle d’un certain cinéma américain depuis l’âge d’or des studios. En même temps, tout cela est relié par une logique imparable et le cinéaste ne se contente pas de l’honnête « dossier de l’écran », préférant les métaphores stylistiques (Manhattan transformé en graphique suivant l’évolution des cours...) ou les séquences traduisant des montées de tension (le suicide de Frank Langella, filmé de main de maître, avec un tempo tout hitchcockien). Et pourtant, l’œuvre déçoit : si l’on est heureux de retrouver la patte d’un petit maître de cinéma descendu de son piédestal depuis les médiocres Alexandre ou W., l’improbable président, force est de constater que le premier Wall Street était bien plus incisif, par son effet de surprise et la tonalité de thriller qui insufflait force et rythme à la narration.
- © Twentieth Century Fox France
Et ceux qui s’attendent à des révélations fracassantes sur les dérives boursières risqueront de faire la fine bouche, surtout après plusieurs productions dont le dernier documentaire controversé de Michael Moore. Quant au casting séduisant sur le papier, il s’avère bien inégal à l’écran. Si l’on appréciera les compositions de Susan Sarandon, Josh Brolin ou Eli Wallach en seconds rôles de prestige, Michael Douglas en fait des tonnes en vieux requin sur le retour, quand la star montante Shia LaBeouf supporte presque tout le film sur ses frêles épaules, mal assisté par une Carey Mulligan peu crédible en fille d’escroc convertie aux bienfaits de l’altermondialisme.... Tel quel, le blockbuster reste divertissant et de bonne tenue, n’ayant pas démérité sa sélection cannoise hors compétition.
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roger w 7 octobre 2010
Wall Street : l’argent ne dort jamais - Oliver Stone - critique
Si l’analyse que fait Oliver Stone des dérives du système est tout à fait pertinente, faisant encore preuve d’une belle contestation du capitalisme, cette suite apparaît comme moins cynique que le précédent. L’erreur est d’avoir trop centré le film sur les affaires de coeur du trio principal. De même, le happy end final vient gâcher in extremis une fin qui, jusque là, était belle dans toute sa cruauté. Pertinent donc, mais pas abouti.