Le 1er avril 2020
Le premier film signé par une réalisatrice saoudienne, Haifaa Al Mansour, est un joli manifeste en faveur du droit des femmes.
- Réalisateur : Haifaa Al Mansour
- Acteurs : Waad Mohammed, Reem Abdullah, Ahd
- Genre : Drame
- Nationalité : Saoudien
- Durée : 1h37mn
- Date télé : 1er avril 2020 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 6 février 2013
Critique : Des petites filles psalmodient un chant religieux en chœur. Parmi elle, une gamine, converses aux pieds, qui n’obtempère pas. Elle ira prendre la lumière dehors, celle du soleil, avant d’écouter chez elle une chanson pop entraînante. Nous sommes en Arabie Saoudite, où les femmes sont contraintes de dissimuler leur corps, où les élèves de sexe féminin sont obigées de parler à voix basse à l’école, tandis que les hommes peuvent tranquillement déambuler soit en bras de chemise, soit dans des vêtements d’une blancheur immaculée, signe d’une vertu qu’on leur attribue naturellement. Quant aux jeunes garçons, ils peuvent plastronner avec leurs vélos dans la rue.
Mais Wadjda n’en a cure, qui tient d’abord tête à un adulte récriminateur, ne se couvre pas toujours le visage, parle sans complexe aux hommes ("C’est normal que tu sois jamais allé à l’école, tu es trop grande gueule" lance-t-elle à un chauffeur de taxi). Surtout, la frondeuse lorgne une de ces bicyclettes que chevauche fièrement son camarade Abdallah, et thésaurise bientôt son argent pour acheter l’objet de ses rêves. Elle veut symboliquement faire la course avec ce jeune garçon qui la toise. L’héroïne de ce joli long métrage semble tout droit sortie d’une œuvre de Marjane Satrapi : elle incarne une résistance entêtée, sans avoir conscience de ce qui pèse sur elle, spontanément acquise à la liberté, comme une respiration naturelle. Son comportement prend à revers les injonctions d’une société intrinsèquement phallocrate, où la femme est constamment asservie. Elle saisira l’opportunité d’un concours coranique, pour tenter de gagner la somme providentielle offerte au gagnant.
La réalisatrice Haifaa Al Mansour a tourné dans conditions difficiles ce long-métrage aux intentions politiques très claires : à travers deux évocations, celles de la mère et celle de la fille, elle documente une semblable condition sociale. Si la mise en scène n’évite pas quelques conventions, on saluera tout de même ce jalon du septième art saoudien, dans sa mise en exergue d’un discours émancipateur, dans sa défense du droit des femmes.
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roger w 10 mars 2013
Wadjda - Haifaa Al Mansour - critique
Pur bijou, ce tout premier film saoudien est une formidable surprise. Non seulement la situation des femmes scandalise, mais le film parvient à éviter le psychodrame grâce à la personnalité espiègle de sa jeune actrice. Un pur moment de grâce cinématographique.