Le 15 novembre 2020


Voguons vers un tome 2 qui colle des bons frissons en plein confinement.
Résumé : Le paquebot « Babylon of the Seas », sensé accueillir une rave géante sur la Méditerranée, est en rade, ses passagers décimés par un virus mortel qui ne laisse personne indemne… Car entre les infectés qui agonisent, les survivants qui paniquent et les responsables qui s’évitent, ce confinement forcé est en train de tourner à la tragédie…
Lorsque Sylvain Ricard s’est lancé dans cette BD, pas sûr qu’il ait voulu se voir attribuer un don prophétique, surtout lorsque l’on repense à ces croisières bloquées dans les ports à cause de certains passagers contaminés par la Covid… Son Virus est un peu plus gore et violent que notre pandémie, mais a le mérite d’être cantonné à un seul navire (pour l’instant). En effet, il faut préciser que ce dernier, fictif, a été développé par l’armée française, et le géniteur scientifique est d’ailleurs coincé sur le bateau.
A ses côtés, et il est d’ailleurs plutôt effacé dans ce second tome, on trouve les hommes d’équipage, tiraillé entre l’instinct de survie et la bonne marche de leur navire, une escouade des forces spéciales venue enquêter (et accessoirement libérer un ministre de la Culture bloqué lui aussi), une infirmière en chef bien décidée à enrayer du mieux qu’elle peut cette fichue contagion, et quelques passagers qui réagissent selon les caractères à tout cela… Bref, il y a de l’action, de la psychologie, de la réflexion sur notre société, autant de choses que 2020 avait parfaitement révélé. Les questions semblent désormais doubles : qui survivra, et dans quelles conditions ? Seul le tome 3 pourra apporter un dénouement.
Sylvain Ricard, Rica / Delcourt
Graphiquement parlant, c’est un album gris, strident, dans la continuité du premier, puisque Rica est toujours aux commandes, et semble déterminé à faire froid dans le dos. Pas de ce froid glacial qui remonte l’échine, mais bien celui qui s’insinue tranquillement, montrant en fait notre réalité par un petit miroir déformé, et encore, pas tant que ça. Les personnages possèdent en effet des visages souvent grimaçants, malmenés par le virus ou les émotions, quand ce n’est pas les deux. Les bouches apparaissent ainsi toujours menaçantes, les yeux souvent exorbités, comme si les corps s’étaient habitués à être dans un état d’anxiété et de stress permanents. Le lecteur pourra s’y reconnaître tranquillement…
Sylvain Ricard, Rica / Delcourt
Sur le fond et la forme, Virus continue son bonhomme de chemin en 2020, et devrait terminer sa course en 2021. Nous parlons ici de la BD qui est, elle, magistrale, et l’on espère que celui qui sévit en ce moment connaîtra le même cheminement.
120 pages - 18,95€