Jailhouse rock
Le 15 septembre 2009
Malgré quelques divagations féministes un peu usées, Violent days est une illustration originale et argumentée de ce que signifie « avoir l’esprit rock ».
- Réalisateur : Lucile Chaufour
- Acteurs : Frédéric Beltran, Franck Musard, François Mayet, Serena Lunn
- Genre : Drame, Musical
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 16 septembre 2009
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– Durée : 1h44mn
Malgré quelques divagations féministes un peu usées, Violent days est une illustration originale et argumentée de ce que signifie « avoir l’esprit rock ».
L’argument : A Paris et au Havre, des rockers continuent de rêver à un pays qui n’existe pas : l’Amérique.
Notre avis : Violent days aurait tout aussi bien pu s’intituler « Le rock dans tous ses états ». En effet, Lucile Chaufour tente de présenter ce que c’est qu’être un rocker dans l’âme. Non pas comment la musique fait vibrer l’individu, mais comment celle-ci l’habite et le guide dans ses choix au quotidien. Ici, pas de cliché ; on ne verra donc pas de routier tatoué et imposant, comme archétype du (hard) rocker invétéré. Non, juste des hommes et des femmes « comme tout le monde ». La cinéaste situe sa fiction dans le milieu ouvrier et son choix rend hommage aux origines du rock’n’roll. Elvis Presley est certes l’homme qui a fait exploser cette musique, mais la majorité de ses chansons sont clairement influencées (lorsqu’elles ne sont tout simplement pas reprises) par le jazz, puis le blues que les communautés noires ont développés dès les années 20. A travers ces nouvelles musicalités, ces musiciens hors pair exprimaient la souffrance de leurs ancêtres et néanmoins le bonheur que l’existence pouvait leur procurer. A leur manière, les ouvriers de Violent days trouvent eux-aussi du sens à leur vie à travers et par le rock : il est leur point de repère quoi qu’ils fassent.
- © Lucile Chaufour
Lucile Chaufour exécute un travail d’historienne avec Violent days et témoigne d’un style de vie et d’engagement. Nous ne sommes à aucun instant face à un discours promotionnel ou devant l’œuvre d’une fan, mais bien devant une réalisation soignée de retranscription d’un univers. Les séquences se déroulant dans la voiture sont longues ; la vie des personnages est marquée par les voyages à travers le pays. Là encore, on retrouve l’esprit originel de la musique que la cinéaste met en avant : le rythme du blues aurait été inspiré par le son régulier des trains en marche dans lesquels les populations afro-américaines voyageaient. La quête initiatique à travers le voyage et la musique est un discours sous-jacent.
- © Lucile Chaufour
La réalisatrice s’attache à démontrer l’intemporalité du rock ; de nombreux anachronismes (à l’image d’un téléphone portable dans un décor des années 70) parcourent le film rendant impossible toute détermination spatio-temporelle. Le métrage a un aspect très granuleux, l’image n’est jamais parfaitement nette. On peut remarquer et admirer la qualité du noir et blanc dont les contrastes sont fortement marqués. Il n’y a quasiment pas de nuances de gris, tout comme on adhère ou non à la communauté rock. L’intransigeance des rockers à l’encontre de ceux qui n’adoptent pas leur style est saisissante dans l’œuvre de Lucile Chaufour.
- © Lucile Chaufour
Cette dernière insère dans sa fiction des témoignages des personnages, comme si tout à coup, ceux-ci sortaient du cadre de la fiction pour rejoindre une hypothétique réalité. Si les transitions entre fiction et documentaire sont fluides, le discours change de ton progressivement. La cinéaste concentre peu à peu son attention sur la femme délaissée et maltraitée d’un rocker passionné. Alternant continuellement de longues séquences de musiciens sur scène avec la dispute du couple, il n’est pas évident de saisir le sens de Violent days : il est à se demander s’il faut nécessairement chercher un lien tacite entre les deux situations. Alors que ce long-métrage est une œuvre cohérente d’un point de vue esthétique et de la thématique musicale, on doute du bien-fondé d’un discours plus ou moins féministe qui vient déranger l’ensemble pourtant bien structuré.
- © Lucile Chaufour
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