Le 20 août 2015
Une oeuvre lumineuse, poétique et sensuelle, qui manque toutefois de consistance psychologique.
- Réalisateur : Gabriel Mascaro
- Acteurs : Dandara de Morais, Geova Manoel dos Santos, Maria Salvino dos Santos
- Genre : Drame
- Nationalité : Brésilien
- Durée : 1h17mn
- Date de sortie : 26 août 2015
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Après plusieurs documentaires, Gabriel Mascaró se lance dans son premier long-métrage de fiction, déjà récompensé dans plusieurs festivals. Une oeuvre lumineuse, poétique et sensuelle, qui manque toutefois de consistance psychologique.
L’argument : Shirley a quitté la ville pour aller s’occuper de sa grand-mère dans un petit village calme du littoral. Un chercheur étrange arrive au village pour enregistrer le son des vents alizés. Le mois d’août marque l’arrivée d’une découverte surprenante qui entraîne Shirley et son petit copain Jeison dans un questionnement sur la vie, la mort et la mémoire du vent et de la mer.
(C) Sokol films
Notre avis : Gabriel Mascaró confesse s’être inspiré du documentaire sur le vent de Joris Ivens intitulé Le Mistral. L’idée de ce film lui est venue lors d’un voyage sur les côtes de Pernambuco où il a découvert les ruines de maisons détruites par la montée des eaux, la misère conséquente.
Le film semble trouver son équilibre entre les éléments de fiction et de documentaire. L’histoire d’amour entre les deux protagonistes principaux, Shirley (Dandara de Morais), et Jeison (Geova Manoel dos Santos), suggère un récit de fiction quand les longs plans contemplatifs et l’utilisation d’acteurs non professionnels nourrissent l’impression d’être face à un documentaire.
Le film évoque non seulement l’influence de la nature sur la vie de ces gens, mais aussi le contraste entre les régions urbaines (représentés par le chercheur et Shirley) et le monde rural.
Le premier tiers du film développe une histoire teintée de naturalisme autour du personnage de Shirley (Dandara de Morais). Cette fille de la ville, fan de rock et de tatouages, est contrainte de vivre dans un village de cueilleurs de noix de coco, où elle doit aider sa grand-mère malade. Le lieu lui est hostile, mais elle y reste sans protester. Le village nous est présenté dans son âpreté immédiate, et s’expose dans des scènes de nudité et de pêche.
Un jeune homme apparaît, joué par Mascaro en personne. Ce chercheur aspire à capturer le son des vents. On ne sait pas d’où il vient, où il va, il capture les enregistrements sonores pour une expérience ou un film - peut-être les vents d’août ? Son entrée brutale dans le récit provoquerait presque l’oublie de Shirley. Devant tant de dispositifs scientifiques exposés devant ces pauvres gens, le ton devient cocasse, voire comique.
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Peu de temps après, survient la découverte d’un corps dans ce récit calme et posé. Le film se focalise dès lors sur le point de vue de Jeison, personnage qui développe une obsession pour le cadavre d’une inconnue, retrouvé dans le sable. Après le drame et la comédie, place à la tragi-comédie. Un fossé se creuse entre le jeune homme et la police curieusement peu intéressée par cette histoire. Plus que jamais Ventos de Augusto s’assume dans son étrangeté.
Finalement, le film constitué de longs plans fixes, assume la quotidienneté de la vie où la mort est inéluctable. Le cinéaste appose la beauté solaire des corps des amoureux, dans leurs ébats, somptueusement mis en scène, à l’idée de la mort suggérée par le départ prochain de la grand-mère de Shirley et la tendresse du jeune homme à l’égard du cadavre.
Indéniablement sensuelle et poétique, cette romance naturaliste inhérente à un certain cinéma brésilien contemporain échoue toutefois à susciter l’empathie des spectateurs. La consistance psychologique manque et les secrets demeurent inavouables, toujours hermétiques.
L’œuvre sociale, délicate et riche en valeurs humaines, sonnerait donc un peu creuse, à l’instar de ces noix de coco, si généreuses et abondantes pendant tout ce long métrage somme tout rafraîchissant
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