Le 27 mai 2017
Gabriel Mascaro signe un film exigeant et peu aimable soutenu par un style rigoureux.
- Réalisateur : Gabriel Mascaro
- Acteurs : Maeve Jinkings, Juliano Cazarré
- Genre : Drame
- Nationalité : Brésilien, Néerlandais, Uruguayen
- Editeur vidéo : Damned Distribution
- Durée : 1h41mn
- Titre original : Boi Neon
- Date de sortie : 7 septembre 2016
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– Sortie DVD : le 6 juin 2017
Résumé : Iremar et sa famille de substitution vivent sur les routes, travaillant dans le milieu des vaquejadas, rodéos traditionnels du Nord du Brésil pour lesquels ils préparent les taureaux. Rêvant de devenir styliste, Iremar accumule étoffes et paillettes, coupant et assemblant ses créations et les derniers modèles à la mode…
Notre avis : Pour son second film de fiction, Gabriel Mascaro reprend un style fait de longs plans fixes, au service d’une histoire minimale, forte d’empreintes documentaires : il enregistre le quotidien de « cow-boys », en fait des petites mains œuvrant à des rodéos singuliers. Ce quotidien, il le regarde de loin, refusant les gros plans, restant à distance respectueuse, comme pour mieux signifier une manière de pudeur. Au risque quelquefois de lasser ou d’ennuyer, Mascaro s’attache à l’infime, des gestes précis, des dialogues furtifs ; rien de spectaculaire, au contraire le film ne dénoue rien et rien n’évolue. Prisonniers de leur labeur aveugle, les personnages, constamment enfermés (le dernier plan est d’ailleurs éloquent) dans des routines répétitives, ne peuvent que rêver, de couture pour Iremar, de chevaux pour la petite fille. Les échappées sont rares, entre relations sexuelles, danse et même une séquence quasi-sensuelle entre le protagoniste et un cheval.
C’est que ce regard juste, s’il fuit le misérabilisme, porte en lui une poésie du désenchanté ; on n’est pas dans le désespoir, mais dans cet accommodement avec une réalité médiocre. Mascaro filme un Brésil pauvre, loin d’une carte postale ensoleillée ; il accumule les détails avec une précision d’entomologiste, dans un monde de sueur et de poussière. Rien ne nous est épargné des ébats, de l’épilation ou de la miction, sans pourtant jouer la provocation ou l’ostentation. Il y a bien un geste cinématographique, ce respect du réel qui n’embellit ni ne transfigure. On ne peut davantage s’approcher du documentaire dans une fiction, tant on a le sentiment que le cinéaste prélève des moments vrais, avec des acteurs professionnels et d’autres qui ne le sont pas, mais tous d’un naturel confondant.
Reste que dans ce refus de l’événement, dans ces plans séquences interminables (cf la scène dans laquelle Junior remplace Zé, qui voit les personnages entrer et sortir sans que la caméra ne bouge), dans cette rigueur qui tient de l’austérité, le film peut larguer un spectateur qui peine à trouver une place. Les réfractaires à pareil piétinement risquent de s’ennuyer, même s’ils sont sensibles à des partis-pris exigeants et tenus de bout en bout.
Les suppléments :
Seul un making of figure sur le DVD ; il échappe aux platitudes promotionnelles, puisqu’il est constitué principalement de répétitions, tournage et résultats à l’écran. C’est du brut, intéressant en cela, mais un peu long (25mn).
L’image :
Les couleurs sont belles et franches, les contrastes pointus ; plutôt une bonne copie donc, même si la définition n’a rien d’exceptionnel.
Le son :
Pas de version française. Les deux pistes (stéréo et 5.1) sont efficaces, dans ce film à la musique rare mais à l’ambiance soignée. Peu de moments d’éclat, évidemment, la sobriété qui va d’un bruit de scie à un moteur de camion en passant par des dialogues minimaux trouve une juste transcription.
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