Venise est un poisson

Un guide littéraire pour flâner dans les ruelles de Venise sans croiser l’ombre d’un touriste et le reflet d’un cliché.

Il y a des villes dont la réputation fait fuir en courant l’agoraphobe et le contempteur du tourisme de masse. Venise en est la référence, engluée qu’elle est dans son trop-plein de beauté, ses paysages de cartes postales et ses hordes de touristes.
Il fallait donc un Vénitien à l’âme bien généreuse comme Tiziano Scarpa pour prendre par la main les touristes étrangers que nous sommes et nous emmener parcourir sa ville dans ses recoins les plus sombres comme les plus populaires. Ecrivain et journaliste, Scarpa n’est pas seulement un esthète érudit, c’est aussi un épicurien profondément amoureux de sa ville qui nous convie à une fête des sens puisqu’il s’agit rien de moins que d’explorer Venise par le regard, le toucher, l’odorat et l’ouïe.
"Je vais te décrire ce qui arrive à ton corps à Venise"... La visite commence par les pieds et les jambes pour s’achever sur le nez et les yeux. Une promenade qui, au fil des sensations, nous fait découvrir non pas une ville-musée mais une cité populaire où les jeunes amoureux se refilent leurs bonnes adresses pour faire l’amour en dehors de la maison parentale, où les enfants exploitent la concavité de certaines dalles pour jouer aux billes et où la journée de travail finie, le travailleur déguste son spriz au bacaro du coin.
Au fil de la balade, les papilles s’éveillent, le bout du nez frétille et les orteils pianotent tandis que les mains glissent à l’aveugle sur les murs de la cité à la recherche d’un indice. Venise est un poisson est ainsi le vade-mecum d’une véritable chasse au trésor qui conduira le voyageur à découvrir la bonne adresse pour ripailler à la vénitienne (volontairement, aucune coordonnée n’a été livrée par l’auteur) tout en croisant au passage ces fantômes et ces visions qu’a inspirés Venise tout au long de sa tumultueuse histoire.