Le 23 février 2019
Un Duvivier mineur qui échoue à faire de ce film boiteux une ample saga.
- Réalisateur : Julien Duvivier
- Acteurs : Michèle Morgan, Suzy Prim, Raimu, Louis Jouvet, Louis Jourdan, Robert Le Vigan
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Columbia France, Transcontinental Films
- Editeur vidéo : Gaumont DVD
- Durée : 1h18mn
- Box-office : 2 145 108 entrées France
- Date de sortie : 9 octobre 1945
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– Année de production : 1940
– A voir en VOD
Résumé : En 1871, Paris est assiégé. Pierre Froment meurt glorieusement, laissant derrière lui trois orphelins, qui vont apprendre à grandir seuls.
Notre avis : Réalisé en 1940, avant que Duvivier ne parte en Amérique, Untel père et fils y est sorti en 1943 et n’a pu être vu en France qu’à la Libération. Dans les deux cas, il a été reçu assez fraîchement, et passe encore aujourd’hui pour un film mineur dans une carrière riche de quelques chefs-d’œuvre indiscutables. Il est vrai que dans cette saga familiale qui va de 1871 à 1939, d’une guerre à l’autre, tout n’est pas du meilleur cru. Duvivier n’évite ni les cabotinages de ses acteurs, ni le caractère compassé de plusieurs passages. Pareillement, les différentes histoires s’accordent mal les unes aux autres, jusqu’à l’incongru : on se demande par exemple à quoi sert le court segment colonial.
Le projet avait pourtant de quoi séduire : raconter en suivant quatre générations le destin de la France, confrontée trois fois à l’Allemagne, montrer l’évolution d’un pays en regard de la répétition des conflits, le tout avec des acteurs de renom, en premier lieu Louis Jouvet et Raimu, mais aussi les jeunes Michèle Morgan ou Louis Jourdan, et Suzy Prim ou Robert Le Vigan, un peu plus oubliés. Du drame donc, puisqu’il y a un mort à chaque fois dans la famille, mêlé de moments de comédie formant un ensemble inégal qui confine à la suite de sketches. Ce patchwork assez indigeste aligne les clichés symbolisant les époques parcourues : la bicyclette, le Moulin Rouge, les premiers avions, cochés comme autant de passages obligés. Certes, on sourit quand l’abattage de Raimu se combine à des réparties drolatiques, on remarque quelques idées de mise en scène (l’envol de l’avion hors-champ), mais Untel père et fils déçoit globalement. Trop de pathos, de patriotisme grossier ; malgré sa brièveté (nous n’avons vu que la version « courte »), le temps semble parfois bien long, d’autant que les intrigues sentimentales tiennent de la caricature, avec les pères trop bons et les jeunes filles parfaites.
Reste que par moments, le film voit juste et touche : la séquence où Raimu et Suzy Prim devenus vieux évoque la tristesse de leur sort (il est ruiné, elle n’a pas fondé de famille) conserve une force bouleversante ; l’équilibre entre mise en scène et dialogue y est parfait, ce qui arrive hélas rarement. Mais on peut être séduit par des trouvailles, comme les chansons qui symbolisent les différentes époques, par un ton général qui évolue vers une mélancolie sombre, ce qui permet d’oublier que Duvivier a fait cent fois mieux avant, qu’il fera cent fois mieux après.
© Gaumont. Tous droits réservés.
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