Une vie . T.1 . 1916 Land Priors - La chronique BD

Résumé :

Dover Winston Smith n’évoque rien à Alice Laurens. Pourtant, cet homme a connu sa mère il y a longtemps, et il lui lègue ses dernières affaires. Dedans, une autobiographie sans concessions sur ses années de collégien anglais. Dans cette adaptation des mémoires réelles de l’auteur, Guillaume Martinez et Christian Perrissin créent une œuvre originale et forte.

© Futuropolis

Notre avis :

Si l’histoire de Une vie débute dans les Alpes en 1984, ce n’est que pour introduire les circonstances du récit. Car le reporter anglais Dover Smith, dit Winston, a bien séjourné et disparu en France cette année-là, son autobiographie publiée chez Gallimard a finalement atterri dans les mains de deux auteurs français qui l’ont adapté en bande dessinée. En rejoignant un hôtel de montagne perdu, l’héroïne ignore tout de l’histoire. L’homme qui a tout légué à sa mère est parti un jour pour une randonnée dont il n’est jamais revenu, et le propriétaire de l’hôtel avait reçu des consignes. Le premier mystère est donc celui qui lie l’énigmatique écrivain anglais à la mère française d’Alice Laurens. Est-ce son père ? Un ancien amant de sa mère ? Mais très vite l’histoire bascule dans le flashback, les souvenirs, et plus précisément en 1916. Du coup on oublie 1984, les Alpes et Alice pour se plonger dans la vie commentée du jeune Dover Smith. Et ce récit vaut le détour.

Le récit débute directement à Land Priors, ce collège d’élite anglais où Dover fait ses classes. Plutôt effacé, petit et timide, il est mal vu de ses camarades, notamment à cause de son absence de fortune. Ses origines seront peu à peu livrées, mais toujours enveloppées d’un voile pudique. Mais son principal défaut reste la lâcheté, qui devient tout au long du texte le fil conducteur de l’histoire de sa vie. Car les épisodes les plus marquants de l’enfance du jeune Smith semblent rythmés par ses aveux de faiblesse : absence de responsabilité, mauvais choix ou mauvaises actions n’empêchent pourtant pas le héros de devenir attachant. On a véritablement envie de savoir ce qui va lui arriver. Ses errements amoureux de jeune adolescent fragile, l’ambiance d’un internat du début du XXe siècle et aussi la guerre de 1914-18 en arrière plan donnent un cadre historique à cette histoire d’apparence banale, mais finalement très accrocheuse.

Le dessin facilite cette lente immersion, tout comme les cadres serrés sur les personnages, qu’on apprend petit à petit à mieux connaître. Les passages tirés de l’autobiographie apportent des explications bienvenus et des commentaires surprenants, car Dover ne s’épargne pas alors qu’il n’a que treize ans. L’album dévoile une seule année scolaire, et l’on se demande combien de tomes vont pouvoir détailler une vie qui comprend des voyages en Asie, la participation à la guerre d’Espagne tout en côtoyant des légendes de son époque. Nul doute que les prochaines années seront aussi passionnantes que la première pour Dover Winston Smith, qui est parfaitement mis en valeur par le duo Martinez-Perrissin.

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