Une pure coïncidence, A mort la mort, Lettre pour L...- Le coffret Romain Goupil

Trois films pour découvrir l’univers cinématographique de Romain Goupil, qui frise aussi bien le génie que le grotesque.

Avec Romain Goupil, l’expression "cinéma d’auteur" prend toute sa dimension. Pour le pire et le meilleur. Chaque opus pourrait être le chapitre de son autobiographie filmée tant la fiction est étroitement liée avec ses expériences vécues. Dans ce coffret, le meilleur s’intitule A mort la mort (toutes proportions gardées), le pire Lettre pour L.... Car si Goupil impressionne par sa générosité, il peut aussi fortement agacer avec son maniérisme d’artiste engagé.

Une pure coïncidence (2002). Assurément le film le plus bordélique de Goupil. Tout s’y mélange : sa vie de famille, ses amis d’enfance, ses préoccupations politiques et sociales. Romain et ses copains, dont le militantisme est toujours aussi tenace, découvrent l’existence d’un trafic autour des sans-papiers. Un bureau de change classique se charge de récolter des fonds extorqués aux clandestins. En cas de non paiement, le sans-papier est séquestré et torturé. Ulcérés par cette pratique, nos pieds nickelés mettent au point un plan pour pénétrer les lieux afin d’amasser le maximum de preuves... Goupil tourne son film de vacances à fortes résonances politiques. Amusant par sa fraîcheur et son naturel (les bonus nous apprennent que finalement tout est préparé), Une pure coïncidence peut également saturer le spectateur de par sa naïveté. Goupil s’attribue le beau rôle, s’amuse en famille mais laisse à penser que son cinéma tourne un peu en rond.

A mort la mort ! (1999). Goupil est Thomas, un quinquagénaire meurtri par les disparitions successives de ses amis, ému par son amour des femmes, écœuré par les injustices de ce monde individualiste pourri jusqu’à la moelle. Thomas se raconte, face caméra, face à ses femmes et face à lui-même. Par rapport à Une pure coïncidence, A mort la mort ! est un véritable travail de réalisateur dans le sens classique du terme : cadre soigné, tourné avec de la pellicule, mise en scène recherchée. Le film se sauve toutefois du ridicule post-soixante-huitard grâce à un ton déconnant et un humour décomplexé. Goupil s’assume, paye de sa personne, se fout littéralement à poil pour un résultat certes un peu vain mais appréciable. La jolie distribution (Marianne Denicourt, Dani) ajoute une touche de charme supplémentaire à l’ensemble.

Lettre pour L... (1994). Le pire du film d’auteur qui croit en ce qu’il fait. Brouillon, incompréhensible, prétentieux, pesant, mal filmé, Lettre pour L... pourrait être cité en exemple dans une leçon de cinéma comme "ce qu’il ne faut absolument pas faire". Goupil balade sa caméra aux quatre coins du globe pour se raconter à l’amour de ses vingt ans tombé gravement malade. On s’ennuie ferme devant un tel spectacle chaotique qui n’a ni queue ni tête ; on hésite même à s’emparer de la télécommande pour abréger cette torture.

Comme Narcisse qui périt de langueur à force de se contempler, Goupil risque fort de lasser le peu de spectateurs qui lui prêtent attention s’il poursuit sur ce registre de l’autosatisfaction.

Le DVD

– Edition 1 DVD
– Format image 1:66
– Format vidéo 16/9 compatible 4/3
– Chapitré
– Couleur
– Tous publics