"A mon seul désir"
Le 21 avril 2018
Un drame féministe qui soulève le sujet tabou de l’abandon des enfants par une mère dépressive.
- Réalisateur : Dominic Savage
- Acteurs : Jalil Lespert, Dominic Cooper, Gemma Arterton, Frances Barber
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : KMBO
- Durée : 1h45mn
- Titre original : The Escape
- Date de sortie : 25 avril 2018
- Festival : Festival des Arcs
– Toronto International Film Festival 2017
Résumé : Tara est une jeune mère qui vit dans la banlieue de Londres. Femme au foyer, elle passe ses journées à s’occuper de ses enfants, de la maison et à attendre le retour de son mari le soir. Cette vie calme et rangée lui pèse de plus en plus, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus supporter sa situation. Elle commence à se promener dans Londres, redécouvre le plaisir de s’acheter des livres, et songe à suivre des cours d’art. Son mari Mark, qui travaille dur chaque jour, ne comprend pas ses nouvelles envies. Tara prendra sur elle jusqu’au jour où, acculée, elle pensera à changer de vie.
Notre avis : Les dépressifs sont de bons comédiens. Alors qu’ils affichent aux yeux de leur entourage un équilibre parfait, ils sont en réalité soumis à une pression sociale colossale qui finit par les étouffer. Comment, en effet, se permettre de se plaindre quand on a une belle demeure, un conjoint et des enfants aimants ou encore une situation financière confortable ? C’est pourtant cette existence en apparence idéale qui va conduire une mère de deux enfants, interprétée avec brio par Gemma Arterton, au bord du gouffre, entraînant avec elle ses proches.
Le nouveau film de Dominic Savage s’attarde sur ce douloureux parcours. Celui d’une épouse adorée par son mari, mais qui se sent enfermée dans ce statut de mère au foyer à plein temps qui finit peu à peu par l’étouffer. Alors qu’elle se sent prisonnière de sa propre vie, qui ne lui plaît pas, elle va finir par ne plus pouvoir dissimuler son profond désespoir. Au risque de tout détruire.
- © Improvised Films Limited
Ce long-métrage de l’intime, dont le réalisateur a laissé les acteurs improviser les émotions diverses d’une famille qui implose, dresse le portrait d’une obsession incontrôlable pour la fuite. Les situations, toujours peintes avec réalisme, permettent de mieux comprendre ces aspirations sans juger celle qui les nourrit. La caméra s’attarde sur cette mère de famille dans la détresse, avec cette délicatesse qui permet d’éviter tout regard désapprobateur.
Le drame évoque pourtant un sujet tabou, tant il va à contre-courant des lois dites "de la nature", où l’on n’imagine pas une mère qui quitte ses enfants pour vivre uniquement pour elle-même. Mais c’est oublier que derrière cette mère se cache avant tout une femme. Gemma Arterton lui prête ses traits et surtout son regard qui reflète l’immense désespoir de cette mère qui ne semble pouvoir s’épanouir que loin des siens. Sans jugement, presque en catimini, pour ne surtout pas la perturber davantage, la caméra de Dominic Savage suit cette femme qui étouffe dans cette prison conjugale, jusque dans son quartier, puisque finalement c’est tout ce qui compose sa vie depuis qu’elle est en âge de prendre des décisions pour son avenir qu’elle rejette frontalement.
- © Improvised Films Limited
Face à elle, Dominic Cooper interprète un mari dépassé par les évènements. Comment cet homme responsable, fier de sa famille, centré sur les obligations du quotidien, peut-il comprendre que sa bien-aimée ne soit soudainement plus heureuse avec lui et veuille le quitter ? Inconscient du mal-être profond que ressent depuis longtemps celle avec qui il partage sa vie, cet homme incapable d’exprimer ses émotions, se verra contraint de réagir, aggravant la situation sans même s’en rendre compte.
Le couple que forment à l’écran Gemma Arterton et Dominic Cooper doit ainsi s’affronter au lieu de se rapprocher. Les deux acteurs, aussi crédibles l’un face à l’autre que dans l’excellent Tamara Drewe (2010), partagent des scènes très dures, voire dérangeantes, qui ne peuvent que pousser le spectateur à s’interroger sur son propre couple. Avec réalisme et authenticité, le film s’attarde en effet sur l’intimité au sein de ce couple qui ressemble à beaucoup d’autres, quand les disputes viennent remplacer les rires, quand la violence des gestes et des propos éclate, et que les viols conjugaux prennent le pas sur l’amour et deviennent le lot quotidien d’une femme brisée dont le dégoût d’elle-même ne lui permet plus de pouvoir se défendre.
- © Droits réservés
Ce drame poignant se situe à un cap important de la dépression, quand la psychologie de l’épouse dépressive a franchi le rubicond, au moment où celle-ci estime qu’il est trop tard et qu’elle n’est plus en position de changer d’existence. Le réalisateur cherche à susciter l’empathie et l’émotion face à une situation complexe et s’engage dans cette cause féministe tout en militant pour l’estime de soi.
Il propose une vision non romantique de la maternité, critiquant les choix de vie que la société impose aux femmes, qui doivent être épouses et mères, malgré des désirs personnels et des aspirations professionnelles contraires, au risque de les plonger dans la dépression.
Victime du moule sociétal, le personnage de Gemma Arterton devient un emblème. Les yeux vides et éteints de la comédienne devraient hanter le public pendant longtemps et lui permettre de reconsidérer sa position sur ce qu’est vraiment être une femme aujourd’hui.
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BIBI 30 avril 2018
Une femme heureuse - la critique du film
Bonjour,
C’est vraiment n’importe quoi,c’est la critique d’un homme de dire que cette femme est dépressive !!!!
C’est scandaleux, cette femme n’est pas dépressive elle en a simplement ras le bol de la vie monotone qu’elle vit chaque jour et face à un mari qui est complétement à coté de ses désirs de femmes et qui ne la comprends pas.