Une équipe de rêve - la critique du film

Ces "Yeux dans les bleus" version "pire équipe du monde", agréable quoique prévisible, procure néanmoins la sensation d’avoir participé à une belle aventure humaine et sportive.

L’argument : Après une défaite historique, 31-0 contre l’Australie, les Samoa Américaines (officiellement la pire équipe de football au monde) décident de se qualifier pour la Coupe du Monde 2014. Thomas Rongen, entraineur professionnel, arrive à la rescousse et découvre à son arrivée sur l’île, une charmante équipe composée de Nicky Salapu, gardien de but hanté par les 31 buts encaissés et Johnny « Jaiyah » Saeluah, premier joueur transgenre à disputer une compétition internationale. Il reste un mois pour se qualifier.

Notre avis : La date du 11 avril 2001 est rattachée à celle de la plus large défaite essuyée par une nation dans un match international officiel de football. Ce record regrettable est à mettre à l’actif de la sélection des Samoa américaines, encaissant 31 buts contre l’Australie en éliminatoires de la coupe du monde 2002. Alors que les fantômes de 2001 hantent encore les têtes des joueurs de la minuscule nation d’à peine 55 000 habitants, la fédération place ses espoirs en l’entraineur professionnel batave Thomas Rongen, au moment de lancer sa campagne de qualification pour la coupe du monde 2014. Ce coach d’expérience s’accorde pour mission de redorer le blason de tout un pays. Grâce à sa vista et ses précieux conseils, il va mettre en place des bases solides, aptes à faire progresser une équipe de bras cassés à l’amateurisme prégnant.

Les réalisateurs Mike Brett et Steve Jamison ont opté pour une approche façon "Les yeux dans les bleus" version samoane, jamais moqueuse, aussi proche de la pelouse que des personnalités cachées sous les maillots, shorts, chaussettes et crampons. Ainsi on apprend à connaître une équipe doté d’un cœur gros comme ça, sans talent apparent mais prête à tout les efforts pour retrouver sa dignité. Le coach hollandais découvre des joueurs très attachés à leurs traditions, ouvert à la tolérance (un joueur transgenre "fa’afafine" est parfaitement intégré dans le groupe), simplement heureux de se retrouver après une longue journée de travail pour caresser le cuir.
Chacun va s’imprégner de la culture de l’autre pour avancer. Rongen apporte rigueur tactique et science du jeu à des troupes attentives et solidaires. On reste marqué par la scène de la pratique du tacle glissé sur un terrain gorgé d’eau, moment d’apprentissage ludique où les rires participent à la cohésion et la naissance d’un groupe. Entre le coach et les samoans, des liens solides finiront par se tisser au fil d’une aventure qui les verra récompensés par leur travail, mettant ainsi fin à une interminable série de défaites.

On regrettera justement un schéma d’ascension fort scolaire et sans surprise, rattaché à celui d’une "success story" sportive lambda : l’équipe de losers revigorés par l’arrivée d’un nouvel entraîneur dont les méthodes finissent par payer. La réalisation du duo Brett/Jamison nous permet de vivre les matchs de manière différente, au plus proche des joueurs et du terrain. L’approche n’est cependant pas toujours bien épaulée par un montage et des ralentis un brin trop paresseux.
S’il n’arrive pas toujours à faire oublier son côté scolaire, Une équipe de rêve réussit à brosser le portrait d’une sélection attachante, antithèse parfaite d’une industrie sportive boursoufflée au pognon. La force du documentaire, c’est de nous renvoyer aux fondamentaux du football à travers cette équipe volontaire, un plaisir simple et innocent que l’on a tous adoré découvrir tout jeune, balle au pied, avec ses amis, dans un jardin ou une cour de récré. Le sport dans toute sa pureté.