L’heure de pointe
Le 12 février 2012
Démonstration de virtuosité d’un cinéaste presque débutant, ce deuxième film d’Anthony Asquith vaut par son souci documentaire et la note d’émotion apportée par le jeu sensible de Norah Baring.
- Réalisateur : Anthony Asquith
- Acteurs : Elissa Landi, Norah Baring, Brian Aherne
- Genre : Comédie dramatique, Film muet
- Nationalité : Britannique
- Durée : 1h24mn
- Plus d'informations : http://www.screenonline.org.uk/film...
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Sortie au Royaume Uni : 1er juillet 1928
Démonstration de virtuosité d’un cinéaste presque débutant, ce deuxième film d’Anthony Asquith vaut par son souci documentaire et la note d’émotion apportée par le jeu sensible de Norah Baring.
L’argument : Un électricien et un porteur de bagages du métro londonien tombent tous deux amoureux de la même employée de grand magasin.
Notre avis : Anthony Asquith (1902-1968) fut une personnalité en vue du cinéma britannique pendant les quelques quarante ans que dura sa carrière, mais sa réputation est plutôt celle d’un artisan au métier sûr et à la personnalité un peu en retrait que d’un auteur à part entière. Pygmalion (1938), excellente adaptation de la pièce de G. B. Shaw, ou le superbe Fanny by Gaslight - l’homme fatal (1944, avec James Mason) opulente production en costumes typique des studios Gainsborough, comptent néanmoins parmi les indéniables réussites d’un cinéaste talentueux mais peu enclin aux audaces formelles.
Pourtant la vision de ses films muets montre qu’au début de sa carrière Asquith ne dédaignait pas l’expérimentation. Le brillant A cottage on Dartmoor (1929) fait souvent penser au oeuvres d’Hitchcock de la même période (The lodger), et Underground, sa seconde réalisation après Shooting stars (1927), est une petite merveille d’inventivité où le jeune cinéaste s’amuse à démontrer qu’il a parfaitement assimilé les leçons de l’expressionnisme allemand ou des avant-gardes russes et françaises.
En à peine une heure et demie, le presque débutant passe d’un registre à l’autre avec maestria et fait preuve à chaque fois d’un véritable bonheur d’expression.
Les premières séquences, se déroulant dans le métro qui donne son titre au film, sont à la fois d’une remarquable précision documentaire (bien que presque entièrement tournées en studio) et se servent admirablement du décor (par exemple des escalators) pour développer de réjouissants gags visuels.
- Underground - Anthony Asquith (1928)
- Norah Baring et Brian Aherne dans Underground
Ce souci documentaire fait également le prix de la suite même si Asquith cède par moments à la tentation d’une couleur locale un peu facile et néanmoins fort plaisante (les scènes dans le pub avec l’imposante patronne trônant derrière son comptoir, plongée dans la lecture d’un magazine, et ignorant dédaigneusement tout ce qui peut se passer autour d’elle).
Mais l’activité de la ville est bien présente (le grand magasin, le port) et les nombreux extérieurs londoniens sont parcourus d’un merveilleux frémissement impressionniste, en particulier les très belles scènes du parc ou de l’arrêt de bus.
Quant au final policier, il nous fait assister à une poursuite haletante et acrobatique sur le toit d’une centrale électrique au bord de la Tamise avec vue sur la ville qui est tout à fait digne de séquences similaires dans Die schwarze Kugel (la grue) ou Blackmail (sur le toit du British Museum).
Parmi les acteurs, c’est Norah Baring (également interprète de A cottage on Dartmoor et du Murder hitchcockien) qui est la plus juste et la plus touchante. C’est avec elle que le film vire au mélodrame sans pour autant (trop) forcer le trait, les subtils recadrages permettant à la caméra d’épouser le jeu sensible de l’actrice. Mais ses partenaires Elissa Landi, Brian Aherne et Cyril McLaglen (frère de Victor) sont également remarquables et n’ont jamais l’air de stars de cinéma déguisées en hommes de la rue.
Justesse de touche et émotion permettent donc à Underground d’être mieux qu’une grisante démonstration de virtuosité et font de ce très joli film récemment restauré par le British Film Institute une découverte des plus réjouissantes.
- Brian Aherne, Elissa Landi et Cyril McLaglen dans Underground
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