Le 27 octobre 2021
Un homme inquiètant se présente dans une pension de famille pour louer une chambre. Cette adaptation initiale de l’histoire de Jack l’Éventreur, est aussi selon les propres termes du cinéaste, le premier vrai "Hitchcock picture".


- Réalisateur : Alfred Hitchcock
- Acteurs : Ivor Novello, Marie Ault, June, Arthur Chesney, Malcolm Keen
- Genre : Drame, Film muet, Noir et blanc
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Mappemonde Films
- Durée : 1h25mn
- Titre original : The Lodger : A Story of the London Fog
- Date de sortie : 19 juin 1928
- Plus d'informations : Histoire du polar au cinéma

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Résumé : À Londres, chaque mardi à la nuit tombée, une femme blonde est assassinée dans le même quartier. Un soir, un homme mystérieux (Ivor Novello) se présente dans une pension de famille pour louer une chambre.
Critique : En 1927, Alfred Hitchcock a déjà participé à plusieurs scénarios et réalisé lui-même trois longs métrages. Mais, c’est celui-ci qu’il considère comme sa première œuvre réellement personnelle : le début des "Hitchcock pictures".
Tiré d’un roman de Marie Belloc Lowdes, c’est le premier scénario s’inspirant du célèbre meurtrier Jack l’Éventreur, il y en aura beaucoup d’autres ensuite. Cette histoire policière exceptionnelle permet au cinéaste de mettre en place les éléments qui deviendront par la suite sa marque de fabrique : un personnage central accusé (à tort ou à raison) qui doit échapper à ses poursuivants ; la présence d’un sac, dont on ignore le contenu, et dont la simple vision paraît inquiétante. On note aussi une scène montrant le bain pris par la fille des logeurs prend une discrète tournure érotique, et la vision de l’eau qui s’écoule de la bonde annonce, en quelque sorte, la fameuse séquence de la douche de Psychose (Psycho), que le cinéaste tournera plus de trente ans après. Et un homme à l’étage fait les cent pas, que d’autres en dessous entendent et que le spectateur lui, voit en transparence. Par ailleurs, il s’agit bien sûr d’un suspense, mais non pas basé sur l’arrestation du personnage principal, mais sur le fait de savoir s’il est ou non l’assassin. Il faut, bien entendu attendre les dernières images pour avoir la réponse. C’est aussi la première fois que le cinéaste s’amuse à jouer les figurants. Dans ce film là, ce ne fut pas un choix délibéré, mais pour remplacer un absent. On le voit à deux reprises ici : le standardiste d’un journal que l’on aperçoit de dos et, dans la foule, au moment d’une attestation. A partir de son œuvre suivante, il en fera une habitude en forme de clin d’œil.
The Lodger peut donc être considéré comme le premier opus qui fixe l’esthétique unique du cinéaste, qu’il ne cessera de peaufiner pendant près de cinquante ans.