Un Amour (Roman) - la critique

Richard Copans livre un documentaire subtil, qui mêle texte littéraire et images touchantes, et s’enrichit d’une belle improvisation musicale.

L’argument : A partir de leur rencontre à Chartres en 1939, l’histoire d’amour de Lucienne, vendeuse chez Gallimard, et de Simon, étudiant américain. Un Amour sur fond de grande Histoire, la fin de la guerre d’Espagne, la guerre contre le nazisme. Une histoire qui fait des allers retours entre la France et l’Amérique. Lucienne et Simon, devenus personnages de fiction sous la plume d’un écrivain, Marie Nimier… mes parents.

Notre avis : au départ, il y a la volonté du cinéaste de retracer l’itinéraire amoureux de ses parents, à travers un documentaire qui mêle histoire et géographie, le film se rendant sur les différents lieux de leur vie. Au départ il y a aussi des lettres intimes, conservées par Richard Copans. Et puis le projet a pris des dimensions inattendues : Marie Nimier a écrit un texte, que la belle voix de Dominique Blanc restitue avec finesse ; des personnes rencontrées au gré des voyages ont accepté de lire ce texte, et, parfois, de se raconter, à l’image de l’émouvant récit d’une femme rabbin ; Michel Portal et Vincent Peirani ont improvisé une musique douce qui ponctue le film, hommage à Sim Copans, qui animait des émissions de jazz. De ce qui pourrait être un patchwork indigeste naît une balade sensible qui, au lieu de se refermer sur un roman familial, s’ouvre au monde et prend le temps de le regarder.

L’histoire elle-même, celle d’un amour au départ improbable entre une petite provinciale et un Américain, n’aurait rien d’exceptionnel si elle ne rencontrait les grandes luttes du vingtième siècle : lutter contre Franco ou les nazis, c’était pour le couple Copans une manière de vivre, une philosophie qui avait la force de l’évidence. Mais la romance nous touche également par les photos vieillies, les lettres amoureuses et la quête dénuée de pathos que mène le cinéaste. De cet amour privé Copans fait une méditation subtile, rythmée par des plans contemplatifs que la musique magnifie ; on attendait un album de photos de famille, on se retrouve avec une douce balade mélancolique et émouvante.