Un ami qui vous veut du bien
Le 12 novembre 2003
Une tension qui prend corps dans l’attente. Joncour taille au scalpel dans l’immobilité et l’ennui. Le prix France Télévisions vient de récompenser avec justesse ce dernier roman de l’auteur, un jalon dans la cohérence d’une œuvre.
- Auteur : Serge Joncour
- Editeur : Le Dilettante
- Genre : Roman & fiction
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Bréhat. Le soleil tape avec l’ardeur qui compense la rareté. Julie et Vanessa, les deux sœurs, bronzent et se traînent, au bord de la piscine, face à la baie, au-dessus de la plage insupportable de promiscuité. C’est alors qu’apparaît Boris. L’ami de Philip, le frère, qui lui, n’est pas là. On l’attend pour le 14 juillet, il n’en a jamais manqué un. En deux jours, Boris va bouleverser la maison, par ses manières désinvoltes, son flegme, sa façon d’être à l’aise partout, de se lier, de bouger, d’être. En quelques minutes, Boris est chez lui, là où André-Pierre, le gendre, se sent incurablement déplacé. André-Pierre se prend à haïr. Haïr cette aisance, cette séduction, lui pour qui avoir un corps est une épreuve de tous les instants.
Malgré lui, les jeux se font. Julie succombe, Vanessa résiste, se laissant seulement étourdir par les volutes du haschich de Boris. Le père jubile de ce public imprévu, la mère, faute de mieux, en fait un substitut du fils. La tension s’épaissit à mesure que le temps s’éternise autour de Boris qui s’installe et Philip qui n’arrive pas. L’intrus se faufile, glisse, esquive. Il flatte, aguiche, tutoie, régale. André-Pierre se laisse couler dans d’invraisemblables crises de tétanie, et hurle au loup dans l’indifférence générale.
Un temps immobile et figé, une attente qui exacerbe les passions, Joncour nous rejoue Plein soleil dans le huis clos de cette demeure aux allures de forteresse. In vivo faisait de la piscine le centre de la vie. Ici, l’eau est limpide et ne s’y reflète que l’imminence du drame. L’écriture, aiguë, précise, se tient à distance des sentiments et construit la tragédie à partir des riens qui font basculer le quotidien. Le soleil tape, le temps s’arrête, rien ne se dit. Retour au calme.
Serge Joncour, U.V., Le Dilettante, 2003, 215 pages, 15 €
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