Le 13 septembre 2015
Le plus grand reproche qui peut être fait à la saison 2 de True Detective, descendue par la critique américaine lors de sa diffusion, n’est-il pas de succéder à la saison 1, devenue un classique instantané ? Malheureusement non !
- Réalisateur : Divers
- Acteurs : Vince Vaughn, Rachel McAdams, Kelly Reilly, Colin Farrell, Taylor Kitsch
- Genre : Série télé
- Nationalité : Américain
- Chaîne de TV : OCS
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Le plus grand reproche qui peut être fait à la saison 2 de True Detective, descendue par la critique américaine lors de sa diffusion, n’est-il pas de succéder à la saison 1, devenue un classique instantané ? Malheureusement non !
L’argument : L’officier de patrouille Paul Woodrugh retrouve un corps dans la juridiction de Ventura mais recherché dans la ville industrielle (fictive) de Vinci. Les inspecteurs Ray Velcoro, de Vinci, et Ani Bezzerides, de Ventura, sont assignés à une unité spéciale créée pour cette enquête. L’entrepreneur Frank Semyon, qui essaie de tourner la page de sa carrière criminelle, et sa femme Jordan suivent le déroulement de l’enquête de près, la victime leur ayant fait perdre beaucoup d’argent © HBO
Notre avis : Malgré l’absence totale de lien entre les deux histoires, il est tout naturel de vouloir comparer la saison 2 de True Detective à sa grande sœur. La succession annoncée était forcement délicate à gérer tant l’héritage est important et, après visionnage, celui ci n’aura finalement qu’un seul effet : accentuer notre déception !
Car au petit jeu des comparaisons, la nouvelle saison perd par KO dans tous les domaines : scénario moins abouti, réalisation paresseuse et direction d’acteurs parfois hasardeuse. Résultat : un sentiment global de précipitation se dégage de cette suite, rapidement mise en chantier après le succès de la saison 1.
Pourtant les auteurs tentent bien de reprendre les ingrédients qui ont fait le succès de la série : une enquête complexe, des flics à la dérive, des relations tumultueuses, un environnement malsain. Mais une recette, ce ne sont pas que des ingrédients jetés pèle-mêle au fond d’une marmite, c’est aussi un sens du dosage, un art du mélange et une cuisson maîtrisée ! Trois éléments négligés qui rendent cette saison 2 pour le moins indigeste.
© HBO
Premier constat : alors que la saison 1 nous immisçait de manière mesurée dans la vie privée des deux inspecteurs tout en gardant constamment le cap sur l’enquête, ici les divers tracas de paternité, d’enfance maltraitée ou de vie conjugale compliquée des quatre protagonistes sont traités avec excès (ils occupent une bonne moitié de chaque épisode !) et n’apportent aucun éclairage sur l’enquête…
Enquête, quelle enquête ?
Effectivement, cette question peut paraître saugrenue mais pourtant le spectateur devra constamment faire l’effort de se rappeler qu’il est bel et bien question, ici, d’un horrible meurtre à élucider, tant cet aspect du récit est régulièrement relayé au second plan. Et parce que ce spectateur aura toujours en respect la saison 1 dans un coin de sa tête, il n’aura de cesse d’espérer un regain d’intérêt à chaque fin d’épisode. Malheureusement cet espoir ne sera jamais totalement comblé, tant la plupart des épisodes se clôturent par des cliffhangers artificiels, simple tours de passe-passe ayant pour unique but de garder le spectateur en éveil et ne reflétant pas de réelles progressions dans l’histoire ! A ce titre, celui de l’épisode 2 et son « insoutenable suspense » autour de la mort prématurée de l’un des personnages principaux, vite balayé au début de l’épisode suivant, est tout à fait grotesque !
Passés ces efforts de concentration que demande le suivi de cette intrigue, avouons que même avec une attention accrue, cette histoire de couloir ferroviaire, de gros sous, de hauts fonctionnaires qui forniquent joyeusement tous ensemble (à visage découvert, ce n’est quand même pas très malin…), de chantage, de diamants volés, de vengeance aveugle, sont à l’image de ces interminables réseaux routiers californiens qui se croisent et s’entrecroisent, et finiront par déroutés les spectateurs les plus courageux !
© HBO
La réalisation aurait alors pu limiter les dégâts car il y avait matière à rendre le voyage immersif dans ces décors urbains crasseux. Hélas, la caméra s’avère flemmarde et bien moins inventive que celle tenue par le talentueux Cary Fukunaga, réalisateur de l’intégralité des épisodes de la saison 1. Ce dernier est remplacé par une pléiade de réalisateurs qui semblent, tour à tour, cachetonner sur leur épisode respectif sans réelle soucis de cohésion d’ensemble. Il suffit juste de comparer le traitement accordé aux deux fusillades de "mi-saison" pour s’en rendre compte. © HBO
Reste alors l’interprétation solide de trois des quatre acteurs principaux (puisque Taylor Kitsch, aux abonnés absents, semble ne pas trop savoir quoi faire de son personnage...) qui se défendent plutôt bien malgré des dialogues parfois pompeux. A leur tête, une Rachel McAdams, rayonnante et vraie bouffée d’air frais de la série, épaulée par un Colin Farrell qui reprend plus ou moins le rôle du flic torturé tenu par Matthew McConaughley dans la saison 1 (et qui se refait une petite santé à Hollywood après le total ratage de Total Recall). Nous retrouvons aussi avec un certain plaisir la trop rare Kelly Reilly (issue de la trilogie Klapishienne de L’Auberge Espagnole !) qui ne démord pas face à un Vince Vaughn au charisme imposant.
Enfin, notons tout de même un léger sursaut d’intérêt et de tension (aussi tardif soit il) pour l’épisode 7 clairement au-dessus du lot et qui fait naître quelques regrets de ce qu’aurait pu être la saison complète, ainsi que de l’épisode 8, dans une moindre mesure, même si le dernier quart d’heure verse un peu trop dans la facilité émotionnelle.
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