Le Bay du cochon
Le 25 juin 2017
Énième suite (la cinquième déjà en dix ans) pour une franchise qui s’était déjà engouffrée dans un puits sans fond de bêtise crasse, The Last Knight était censé redonner un coup de fouet à la saga Transformers. Tout en étant fidèle à son identité, à sa folie pyrotechnique et à ses convictions beaufs, le film loupe son objectif dans les grandes largeurs et en devient même gênant.
- Réalisateur : Michael Bay
- Acteurs : Anthony Hopkins, Mark Wahlberg, Stanley Tucci, Santiago Cabrera, Josh Duhamel, Laura Haddock
- Genre : Science-fiction, Action, Nanar
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Durée : 2h29mn
- Date télé : 10 décembre 2023 21:05
- Chaîne : W9
- Date de sortie : 28 juin 2017
- Voir le dossier : La saga Transformers
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Résumé : "The Last Knight" fait voler en éclats les mythes essentiels de la franchise Transformers, et redéfinit ce que signifie être un héros. Humains et Transformers sont en guerre. Optimus Prime n’est plus là… La clé de notre salut est enfouie dans les secrets du passé, dans l’histoire cachée des Transformers sur Terre. Sauver notre monde sera la mission d’une alliance inattendue : Cade Yeager, Bumblebee, un Lord anglais et un professeur d’Oxford. Il arrive un moment, dans la vie de chacun, où l’on se doit de faire la différence. Dans Transformers : The Last Knight, les victimes deviendront les héros. Les héros deviendront les méchants. Un seul monde survivra : le leur… ou le nôtre.
Critique : Les deux derniers épisodes - largement moins bons que leurs prédécesseurs - sont dans le TOP 20 des films qui ont le mieux marché de tous les temps au box-office mondial. Pourquoi arrêter un tel succès à son firmament ? Pour les commerciaux de chez Paramount, aucune raison, tant que ça marche, on continue. Logique. Pour les spectateurs, au cerveau normalement constitué, âgés de plus de sept ans, il y aurait mille raisons. Cela fait trois opus maintenant que Transformers n’y arrive plus. Dans l’épisode 3, Shia LaBeouf assurait le service minimum, contractuel, dents serrées, mais n’y croyait déjà plus. Sa copine s’était mue en blonde diaphane, on lui avait retiré Megan Fox. Il ne s’en est jamais remis. Et pour cause, dès le quatrième épisode, il était remplacé par le malicieux Marky Mark Wahlberg, acteur/producteur intelligent qui assure les fins de mois difficiles et rempile logiquement pour ce Last Knight.
- © Paramount Pictures France
Même formule, donc, mais avec un nouvel acteur “bankable” : Anthony Hopkins, vieux Lord britannique étrange (car les Anglais sont tous plus ou moins bizarres dans le film, pas le moindre de ses défauts racistes) venu accompagner les gros bras de Mark Wahlberg pour “transporter” le récit en d’autres lieux, ici les vieux châteaux et musées de Grande-Bretagne et d’Irlande. Mais changer de décor en racontant la même chose, c’est le propre du petit garçon qui change de chambre pour refaire l’histoire avec les mêmes figurines, pas forcément la matière pour faire un film... On est bien au sein d’une coproduction Hasbro (ceux qui ont inventé le jouet “Transformers”). Et ça tombe bien car on a aussi l’impression d’être au milieu d’une histoire de Barbie et Ken, à la sexualité sans cesse exaltée en revanche.
- © Paramount Pictures France
À l’instant même où l’on découvre cette prof d’histoire, descendante de Merlin (sic !), au brushing parfait et au physique avantageux d’une actrice porno repentie, on sait qu’elle sera la promise du bodybuildé Wahlberg. Pas forcément dérangeant puisqu’ils sont jeunes et beaux. Alors pourquoi pas les faire se reproduire comme on croiserait deux cellules dans un laboratoire de recherche en génétique ? Ce qui est très vite gênant en revanche, c’est que le film n’a plus pour moteur à partir de cet instant T animal mais uniquement l’accouplement en perspective de ses deux nigauds, et pour le montrer fait des allusions d’ados en crise d’amour. On tombe dans le graveleux lourdingue et la caméra misogyne s’attarde sur les lèvres tout juste gonflées de collagène de la malheureuse tombée dans les griffes de Michael Bay pour remplacer dans son cœur Megan Fox. Toute la panoplie du déguisement y passe : en prof sado-maso lorsqu’elle se fait “kidnapper”, puis chez pour mettre des talons aiguilles (très utile en cas de course-poursuite) avant d’être en tenue de “marin” (Wahlberg se verra lui affublé d’un bonnet de mousse à ce moment-là, pour être assorti à sa dulcinée), et enfin en tenue de militaire.
- (© Paramount Pictures France
Les combinaisons de ces Ken & Barbie d’un jour prennent le pas sur l’action faussement dynamique, au scénario photocopié sur les deux précédents : suite de lieux, enjeux alambiqués pour sauver la Terre d’un nouveau méchant, redéfinition (encore une fois) de la mythologie des Transformers, avec bastons, sacrifice, bastons nucléaires, re-sacrifice... mais en fait tout va bien. L’analogie avec les chevaliers de la Table ronde, idée forte et matricielle du film, ne sauve pas le concept. Enlisée dans un bourbier de beaufitude et enchaînant les mauvaises idées dans sa vacuité habituelle désormais, la franchise ne parvient pas à échapper au naufrage. Aucun plaisir, même régressif, et une forme de sexisme banal, donc inquiétant, qu’il faudrait arrêter tant qu’il en est encore temps.
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