Les clones se rebiffent
Le 25 septembre 2020
Une fable anti-clonage futuriste atomisée par la manie pyrotechnique de Michael Bay, incapable de raconter une histoire.
- Réalisateur : Michael Bay
- Acteurs : Ewan McGregor, Scarlett Johansson, Djimon Hounsou
- Genre : Science-fiction, Action
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Editeur vidéo : Warner Home Video
- Durée : 2h12mn
- Date télé : 8 février 2022 20:55
- Chaîne : RTL 9
- Date de sortie : 17 août 2005
Résumé : Lincoln Six-Echo (Ewan McGregor) et Jordan Two-Delta (Scarlett Johansson) sont parmi les rares survivants d’une société recluse en sous-sol, le reste de l’humanité ayant été décimé par un virus mortel. Leur seul espoir : gagner la loterie qui les enverrait sur l’Île, seule zone non contaminée à l’air libre. Du moins c’est ce qu’ils croient. Jusqu’à ce que Lincoln découvre qu’ils ne sont que des "produits" clonés, destinés à être découpés en morceaux, l’Île n’étant qu’un leurre. Il décide de s’enfuir, emmenant Jordan avec lui.
Critique : Michael Bay s’essayerait-il à la réflexion, au sujet de société, à la polémique ? Le réalisateur d’Armageddon et des Bad boys semble avec The Island avoir voulu apporter un point de vue, du moins mettre en scène une vision du futur, son côté obscur, créer les conditions d’un questionnement sur le clonage, puisque c’est de cela qu’il s’agit. La métamorphose part plutôt bien. La première demi-heure de The Island instaure un univers, aseptisé et froid, où Big Brother fait son boulot. Les personnages sont amenés avec simplicité. On se met presque à espérer qu’avec McGregor et, surtout, Johansson, ce film là pourrait nous surprendre.
Et puis non. La caméra rapidement s’excite, les plans se raccourcissent. On réalise que l’univers qu’on croyait original n’est qu’une resucée de Minority Report, et, surtout, de Bienvenue à Gattaca. La comparaison est assassine.
Dès lors les choix de Bay vont de mal en pis. La séquence de la fuite, assommante tant les plans sont courts et saccadés, tue l’embryon d’histoire que le réalisateur avait mis en branle. Ne reste que la fureur, la sueur, le gros humour décalé (Steve Buscemi cachetonne encore en paumé sympa, excellent mais vite oublié) et le travail bien fait, au marteau piqueur et à la truelle. Autour de Jordan (Scarlett Johansson, magnifique mais sous-employée, si ce n’est pour quelques plans de sa bouche, perturbants) et de Lincoln (Evan McGregor, parfait, surtout dans un dédoublement clone original très réussi), tous les personnages sont de vulgaires caricatures, du savant-qui-voudrait-être-Dieu au mercenaire repenti.
La fin, mièvre à souhait, ne dit rien sur les intentions politiques ou polémiques de Michael Bay. Si on devait le prendre au mot, le clonage thérapeutique est l’ancêtre de cette horreur que le méchant du film a mis sur pied. D’ailleurs effectivement flippant, ce monde où chaque être n’est qu’un morceau de viande prêt à être dépecé est la bonne idée de The Island. Cronenberg, Jeunet ou même Cameron en auraient fait un cauchemar futuriste torturé. Bay préfère tout faire péter et plaquer sur son trop long spectacle une morale attendue. Dommage, mais pas surprenant.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Grosse désagréable surprise avec l’unique présence d’un mini-making of d’une quinzaine de minutes. En raison des ambitions du film (artistique et financière), on pouvait s’attendre à de l’artillerie lourde. Que nenni ! La Warner fait profil bas, sûrement en raison du bide international du produit, et livre cette édition quasi simple. Un making of donc qui revient sur les scènes les plus mouvementées, certes avec efficacité, mais aussi avec une rapidité sidérante. On y apprend que Michael Bay adore tout péter dans ses films ! On s’en serait un peu douté... Aucune trace du commentaire audio du réalisateur annoncé par la jaquette.
Image & son : Qu’on aime ou pas cette image saturée à outrance, il faut bien admettre que son rendu sur cette édition est impeccable. Bénéficiant d’un master de très haute précision, le transfert ne devient qu’une formalité et livre un résultat impressionnant au niveau du détail. Et, outre les couleurs parfaitement gérées, la fluidité de l’image est également au rendez-vous quelle que soit la scène d’action - l’intégration en revanche des effets numériques pour les scooters volants est toujours aussi pourrie. Pas d’inquiétude avec le son, puisque The Island fait partie de ces films complètement destinés au home cinéma. Avec le Dolby Digital, les canaux, littéralement envahis, auront même du mal à résister à l’accumulation de bidouilles sonores. Un régal pour nos tympans qui seront usés jusqu’à la corde.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
rotary 27 juillet 2005
The island - la critique + test DVD
Dans ses grandes lignes, l’intrigue vous paraitra peut être conventionnelle, voire cousue de fil blanc. Elle est toutefois traitée avec un souci du détail qui la rend distrayante. Le contexte technologique et les décors sont bien pensés. Les scènes d’action fonctionnent bien. L’une d’elles, qui n’est pas sans évoquer Matrix, est d’une rare efficacité, ce que reconnaissent même les rares détracteurs du film. Les effets spéciaux sont corrects. McGregor et Scarlett Johansson restituent de façon sympathique les quelques touches d’humour et l’épaisseur psychologique des personnages, plutôt inhabituelle dans un film conçu pour une aussi large audience. Pas un chef d’oeuvre mais une série B haut de gamme pour passer un bon moment.
Note (échelle darkangel)
3,75 / 6
darkangel 24 août 2005
The island - la critique + test DVD
rotary, tu utilises la "Note (échelle darkangel)" en infraction complète avec les lois régissant le copyright. Soit tu me verses les royalties qui me sont dues, soit je te colle un procès.
gahell 15 septembre 2005
The island - la critique + test DVD
Il est très difficile de donné un avis sur un blockbuster moyen.
Dès cette introduction, vous avez compris que The Island n’a quasiment rien pour se détacher du lot.
Les effets spéciaux : très bien réalisé, forcément c’est une grosse production et ils ont les moyens. Les CG sont bien intégrés, les explosions et cascades sont dantesques à souhait. Les poursuites apportent leur quota d’adrénaline. Une mécanique bien huilée...
Trop peut être : tout est classique, avec un sentiment de déjà vu.
De plus, certaines cascades sont « trop incroyables ». Les héros subissent une effroyables séries de chutes, destructions de véhicules et d’immeubles sans coups férir. Et s’en tirent par miracle (un personnages secondaire fait même la remarque), le brushing à peine secoué et avec quelques traces de noir et quelques coupures pour faire viril sur le héros.
Sinon, niveau décor, on a là encore une sensation de déjà vu dans la ville futuriste.
La pub est omniprésente, ce qui exaspère (satire volontaire ou basse pratique commerciale avec les partenaires ? Je pencherais pour le second...). Il y a de jolis paysages, même si l’instance sur l’immensité (sensé évoqué l’inconnu et la liberté) est un peu lourde, à force.
Les personnages : archi-classique, rien qui sort particulièrement du lot.
Si , positivement : le « classique » face à face entre le clone et son progéniteur donne un assez bon jeu d’acteur.
Si, négativement : le chef mercenaire qui par quelques ficelles (à ce stade tiennent plutôt de la corde) scénaristiques retourne sa veste.
L’héroïne est anecdotique, son but étant de ralentir le héros et de montrer la joliesse de son corps et de son minois au spectateur (avec bien sûr quelques passages « dont elle est le héros », histoire de ne pas provoquer l’ire des féministes).
Certains personnages secondaires sont marrant et vaguement intéressant (le technicien complice, le fana des calculs...), apporte la syndicale touche d’humour mais ne restent pas en mémoire.
Mention spéciale aux « vrais » méchants du film, qui sont assez crédible : les progéniteurs riches des clones et les commerciaux-scientifiques-cloneurs.
Et pour finir, le scénario : potentiellement très intéressant.
Depuis que la science à commencer à jouer avec le clonage de mammifère, les scientifiques connaissent la possibilité du « clone thérapeutique », c’est à dire la possibilité de produire un double de soit-même pour lui prélever des organes au besoin. Bien sûr, c’est éthiquement inadmissible, mais connaissant la cupidité humaine et son désir d’immortalité, l’usage de cette « technique » futuriste reste crédible.
L’ennuis avec The Island, c’est que l’on en sait trop, trop vite. Encore pire si on a vu la bande-annonce, qui dévoile tout, encore une fois. Le héros découvre en un rien de temps la supercherie des cloneurs. Il s’échappe sans mal, ce qui fait douter de la compétence et du sérieux des scientifiques véreux, les rendant peu crédibles.
Bien évidemment, le chemin de la sortie de l’usine à clone passe par la pièce qui contient le dispositif qui servira à la fin du film de Deus Ex Machina. Le spectateur le voit venir à cent lieux.
La suite du scénario n’est que courses poursuites et explosions. Même la découverte d’un monde différent (le notre, enfin le futur notre) est expédiée.
Notamment par l’usage d’une ficelle scénaristique douteuse : le transfert de mémoire du progéniteur au clone. Mémoire génétique ? Âme ? Scientifiquement douteux et peu crédible. Mais bon, on n’est pas dans un documentaire...
Et pour finir, le traditionnel happy end, où le héros sauve seul (ou presque) tout le monde...
Bref, un film moyen et sans grandes surprises, avec tout de même des bonnes idées et un rythme assez vif pour être distrayant.