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Le 31 octobre 2005
Une vieille dame s’offre le luxe de la liberté. Une méditation attachante sur le sens de la vie.
Une vieille dame s’offre le luxe de la liberté. Une méditation attachante sur le sens de la vie.
Lorsqu’on prononce le nom de Vita Sackville-West, on pense immédiatement à Virginia Woolf. Les deux femmes se sont aimées et Vita a été l’inspiratrice et le modèle du personnage bisexuel d’Orlando [1]. On sait qu’elle était belle, riche, excentrique, fascinante, qu’elle a créé le merveilleux jardin blanc du château de Sissinghurst dans le Kent. Sait-on encore qu’elle écrivait ?
Mise en garde : ne pas comparer ce qui n’est pas comparable. Virginia Woolf était un génie, se savait un génie. Elle s’était donné pour mission de révolutionner la littérature, elle l’a fait. Rien de semblable chez Vita Sackville-West qui n’avait pas les mêmes prétentions. Ses romans, pour autant, ne sont pas dépourvus de valeur. Elle y parle de ce qu’elle connaît, la vie de la très haute société britannique dont les individus sont paralysés par les diktats d’un effroyable code de bienséance. Ses héros, jeunes, ruent dans les brancards comme dans Au temps du roi Édouard [2] puis s’assagissent et se coulent dans le moule, emplis de regrets enfouis, ayant tragiquement fait le deuil de leurs aspirations. Ainsi en est-il de lady Slane, pourrait-on croire, dont la vie a été en tout point parfaite selon les critères en vigueur, femme d’un haut serviteur de l’État, mère de six enfants, belle, gracieuse, aimable, soumise. Se retrouvant veuve après soixante-dix ans de mariage, elle décide, à la grande surprise des siens, de mener la vie de son choix. Oh, rien de bien extraordinaire, elle souhaite juste s’installer dans une petite maison de la banlieue de Londres, aperçue trente ans plus tôt. On la prend pour une folle, on lui met des bâtons dans les roues, mais elle fait montre d’une volonté implacable, parvient à ses fins et, aussitôt, coupe quasiment les ponts avec sa famille.
Toute passion abolie - que Leonard Woolf [3], son éditeur, considérait comme le roman le plus abouti de Vita Sackville-West -, est l’histoire d’une renaissance. Son indépendance retrouvée, refusant dorénavant "les valeurs ordinaires du monde", la vieille dame, "la main posée sur le loquet de la porte ouvrant sur la mort", est libre de se souvenir du temps où elle était "frustrée de sa vraie vie", de rêver, et finalement de s’accepter. Touchante et attachante, elle est la preuve éclatante qu’avoir "une chambre à soi" est le minimum vital sans lequel une femme ne peut exister. Ce en quoi ce roman d’un autre temps demeure incroyablement moderne. Et son héroïne une femme d’aujourd’hui.
Toute passion abolie (All passion spent, traduit de l’anglais par Micha Venaille), Autrement, coll. "Littératures", 2005, 158 pages, 13 €
[1] Orlando, Virginia Woolf (1928), réédité en 2001 chez Stock, coll. "Bibliothèque cosmopolite"
[2] The Edwardians, traduit de l’anglais par Alice Tupin, Grasset, coll. "Cahiers rouges", 2005
[3] Le roman a été publié en 1931, à la Hogarth Press, maison d’édition de Leonard et Virginia Woolf. Il a eu un très grand succès à l’époque
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