Tuer un homme
Le 19 septembre 2016
Si tout ne va pas bien au sein de la justice chilienne, ce film rigoureux et poignant se plaît à en dénoncer toutes les dérives, sans haine ni revanche. Instructif et passionnant !
- Réalisateur : Alejandro Fernández Almendras
- Acteurs : Alejandro Goic, Agustin Silva, Paulina García
- Genre : Drame
- Nationalité : Chilien
- Durée : 1h35mn
- Titre original : Aqui no ha pasado nada
- Date de sortie : 21 septembre 2016
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Veulent le voir
– Festival La Rochelle 2016
Résumé : La plage et les fêtes entre amis rythment l’été de Vicente qui savoure la vie avec insouciance. Une nuit alcoolisée change la donne, Vicente expérimente le poids du pouvoir et de la manipulation.
Notre avis : Le réalisateur chilien Alejandro Fernandez Almendras n’en finit plus de disséquer les anomalies de la justice de son pays. En 2014, avec Tuer un homme, il décrit les difficultés que rencontre la tranche la plus pauvre de la population à accéder aux services judiciaires. Avec Tout va bien, son quatrième long-métrage, il approfondit sa réflexion sur un système perverti au point de garantir l’impunité à tous ceux qui ont les moyens financiers de se l’offrir.
- Copyright Arizona Films
Tout va bien s’inspire d’un fait divers mettant en cause le fils de Carlos Larrain, avocat et politicien chilien. En septembre 2013, le jeune homme, ivre, se rendant à une fête avec des amis, renverse et tue un piéton. Tout le monde s’enfuit. Deux de ses amis font un faux témoignage. Après plus d’un an d’enquête et de procédures douteuses, le fils du politicien est acquitté tandis que ses amis sont accusés d’obstruction à la justice. Il s’en sort blanchi, simple témoin du fait que ses amis doivent payer ses erreurs. Cet événement, cumulé à bien d’autres protégeant encore et toujours les plus puissants, exacerbe les tensions de la population vis à vis de la justice chilienne et incite Alejandro Fernandez Almendras à réaliser ce film au plus vite.
- Copyright Arizona Films
Même si l’indignation est à portée de main, l’habileté du scénario est de ne jamais installer le spectateur dans le mépris de ces privilégiés qui vivent dans un monde tellement fermé qu’ils ignorent tout, sans le vouloir vraiment, des convenances morales. Pas de révolte, pas de violence, juste le constat que depuis que le monde existe, les plus hauts placés gagnent toujours. Par souci de réalisme, le réalisateur plante son décor dans un lieu paradisiaque, au bord de plages au sable doré, dans des villas luxueuses où des gosses de riches n’ont d’autre souci que de s’amuser sans même remarquer la pauvreté alentour et où le mensonge est une valeur plus sûre que la vérité, ce que Vicente finira par comprendre à ses dépens.
Une mise en scène rigoureuse permet au récit de ne jamais fléchir. Efficace et dynamique quand elle nous entraîne dans l’univers débridé de ces jeunes livrés à eux-mêmes, avides de sensations fortes quel qu’en soit le prix, elle sait se faire plus distante quand l’horizon s’obscurcit. Si l’on se laisse si facilement séduire par la fluidité de l’histoire, c’est aussi grâce au choix judicieux du jeune comédien Agustin Silva (il n’a que 22 ans et a déjà tourné dans de nombreux films au Chili) qui passe avec un naturel déconcertant du rôle de fêtard endurci à celui de coupable désigné. Sa joie de vivre, puis sa faiblesse et enfin son regard perdu face à l’adversité le transforment immédiatement en héros sympathique dont on espère le salut.
- Copyright Arizona Films
Un film courageux et enrichissant qui ne verse nullement dans le « politiquement correct » et qui ne s’autorise pas davantage le droit de ranger les uns dans le camp des « bons » et les autres dans celui des « méchants » mais qui, de manière un peu folle, espère qu’un jour, au Chili ou ailleurs, on pourra peut-être dire Tout va bien.
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