Le 21 juin 2016
Pour son septième long métrage, Pascal Bonitzer livre un drame familial sur fond de finance et de surnaturel qui ne comble pas toutes nos attentes.
- Réalisateur : Pascal Bonitzer
- Acteurs : Isabelle Huppert, Pascal Greggory, Jean-Pierre Bacri, Lambert Wilson, Yannick Renier, Agathe Bonitzer, Vincent Lacoste, Virgil Vernier, Julia Faure
- Genre : Comédie, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Date télé : 28 août 2024 22:48
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Date de sortie : 22 juin 2016
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Résumé : Nora Sator, jeune trentenaire dynamique, commence sa carrière dans la haute finance. Quand elle apprend que son patron et sa femme ont fréquenté son père dans leur jeunesse, elle découvre qu’une mystérieuse rivalité les oppose encore. Ambitieuse, Nora gagne vite la confiance de ses supérieurs mais entretient des rapports compliqués avec son collègue Xavier, contrairement à sa sœur Maya qui succombe rapidement à ses charmes…
Critique : Après Money Monster et en attendant L’Outsider, sur l’affaire de la Société Générale- Jérôme Kerviel, voici un nouveau film qui s’"attaque" au monde de la finance. Le verbe est volontairement mal choisi car le propos du long métrage n’est pas de critiquer ou de remettre en cause une puissance qui n’a jamais été autant malmenée au cinéma que depuis la crise des subprimes en 2008 (99 Homes, Le loup de Wall Street, Wall Street : l’argent ne dort jamais). Ici l’univers des traders sert avant tout de toile de fond à une histoire de transmission familiale et de secrets enfouis qui ressurgissent. Des thématiques gourmandes dont le cinéma hexagonal est friand et dont certains réalisateurs hexagonaux ont su s’emparer avec génie pour en livrer des bobines mémorables.
- Copyright : Ad Vitam
Malheureusement Tout de suite maintenant, au titre déjà peu inspiré, laisse un constat plus mitigé. La faute, tout d’abord, à des carences dans l’écriture des personnages. Les deux interprètes au demeurant très talentueux, Vincent Lacoste et Agathe Bonitzer, ne sont pas très crédibles en jeunes loups de la finance. Nous avons du mal à croire à leurs personnages, trop archétypaux. Et ce constat est le même pour l’ensemble de la galerie égrainée (deux sœurs, l’une froide et calculatrice comme les mathématiques ; l’autre, cliché de l’artiste un peu légère de la cuisse… sérieusement ?).
Le reste du casting, dont le talent n‘est plus à prouver, rejoue des partitions mille fois vues ailleurs. Bacri est dépressif et grognon, Lambert Wilson calculateur cultivé et élégant, Isabelle Huppert borderline sous ses airs de grande bourgeoise. De là à dire qu’on tourne en rond il n’y a qu’un pas. Quand on voit comment Paul Verhoeven a su dynamiter tous ces codes dans Elle, on peut trouver dommage de se retrouver face à des schémas déjà exploités sans pour autant être déboulonnés. Certes, la qualité des dialogues, qui demeure l’un des principaux attraits du cinéma de Bonitzer, que l’on connaît aussi pour avoir été scénariste pour Rivette, rattrape un peu les faiblesses scénaristiques, mais la trame demeure décevante.
- Copyright : Ad Vitam
Alors qu’on s’attend à suivre l’évolution de la jeune Nora (Agathe Bonitzer) dans le monde froid et déshumanisé de la haute finance, on se retrouve vite face à une histoire d’amour qui tombe comme un cheveu sur la soupe et dont on a bien du mal à s’intéresser au vu du manque d’empathie que suscitent les principaux protagonistes. Puis, au milieu du film, l’auteur de Rien sur Robert abandonne carrément ces deux personnages qu’on pensait principaux pour une autre histoire d’amour, celle-là en phase terminale par contre.
Évidemment, on se rendra compte in fine que tous les fils appartiennent à la même bobine mais celle ci a été déroulée par le spectateur depuis belle lurette car de surprise, il n’y en a point. Le trajet est balisé et sur-éclairé. D’ailleurs il est regrettable de voir à quel point la bande-annonce en dit beaucoup trop.
Le film joue sur trop tableaux, love story, transmission familiale, secrets intergénérationnels qui s’extirpent douloureusement des placards, thriller financier très light. L’ajout d’éléments surnaturels (le chien fantôme et la femme de ménage aux tendances vaudou) apparaît comme déplacé, il trouble encore plus une trame dont la grande difficulté est de trouver le ton juste pour s’adresser aux spectateurs en dehors de quelques brèves touches d’humour qui font mouche.
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