Cauchemars d’Asie
Le 15 mai 2004
Un triptyque inégal.
- Réalisateur : Kim Jee-woon
- Genre : Épouvante-horreur

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Three est un film à sketches qui regroupe trois moyens métrages de pays différents : un coréen (Souvenirs), un thaïlandais (La roue) et un chinois (Chez nous). Chacun aborde les thèmes de la mort et du contact qu’entretiennent les fantômes avec le monde des vivants avec des styles et des sensibilités dissemblables. Souvenirs, le premier segment, réalisé par Kim Jee-woon (le réalisateur de Deux sœurs), démarre sur le cauchemar d’un homme qui a perdu sa femme et qui, depuis, est assailli d’hallucinations étranges... A la fois lancinante et inquiétante, la première scène parvient à créer une atmosphère impressionnante bien qu’artificielle. Comme dans Deux sœurs, beaucoup de références parasitent la bonne tenue générale. Ce ne serait pas faux de le trouver impersonnel mais pour peu qu’on se laisse prendre au jeu, on ne niera pas l’efficacité de la démarche qui démontre maladroitement qu’il est préférable de pécher par excès que par défaut. La roue, le second moyen métrage de la série, est le moins réussi des trois. Le fait qu’il soit placé en seconde position joue en la défaveur de Three puisqu’il provoque une baisse de tension aussi déconcertante que frustrante. Le plus étonnant, c’est qu’on retrouve derrière la caméra Nonzee Mimibutr (Nang nak) qui ne nous a jamais habitués à un tel degré de médiocrité. Chez nous, le troisième segment, rehausse l’ensemble. C’est incontestablement le meilleur parce que le plus abouti aussi bien dans le fond (complexe) que dans la forme (inspirée). En musardant dans tous les registres (huis clos, fantastique, drame), le cinéaste transcende l’argument et va bien au-delà d’une simple histoire de fantômes. En deçà des apparences, il délivre une magnifique histoire sur l’amour fou où deux personnages sont condamnés à ne s’aimer que dans une relation métaphysique introduisant des notions comme la confiance, le respect de l’autre et la fidélité. En corrélat, le réalisateur maintient un degré constant de suspense sans trop appuyer le trait, ni abuser de rebondissements superfétatoires. Chapeau.