The world is big - La critique

Le nouveau long-métrage de Stephan Komandarev est une œuvre pudique et délicate, bercée par la traversée initiatique à travers l’Europe du personnage principal.

L’argument : Alex vit en Allemagne. Suite à un accident de voiture, il devient amnésique. Regarder autour de lui pour essayer de retrouver ses marques est la seule chose qu’il peut faire. Lorsque surgit son grand-père, c’est la surprise. Alex apprend qu’il est Bulgare. Son aïeul l’emmène alors à bicyclette sur les traces de sa mémoire et de ses racines : les villages de l’Est, la fuite, les camps de réfugiés en Italie. Toute une vie. Qui ne tient qu’à un fil.

Notre avis : Comment réapprendre à vivre lorsque l’on a perdu tous ses repères, y compris les plus élémentaires ? Alex, héros de The world is big, victime d’un accident de voiture qui l’a laissé amnésique, doit faire face à l’inconnu et apprivoiser son grand-père qui prend soin de lui. Ce drame incarne pour le jeune homme une renaissance, son aïeul faisant office de guide. Plus que cela, il se transforme en maître d’apprentissage, tradition encore pérenne en Europe de l’Est.

© Epicentre Films

Alex est d’autant plus orphelin dans son oubli des autres que ses parents ont succombé dans l’accident. Le héros devient également un homme sans attache. Il doit dès lors, réapprivoiser tous les codes sociaux qui régissent la société et guident les rapports humains. Cette phase d’apprentissage se fera par le Backgammon, jeu très populaire en Bulgarie, pays d’origine du personnage principal. Ce divertissement développe une stratégie intellectuelle individuelle mais demande aussi une grande compréhension et observation de son partenaire ; le jeu devient vecteur de complicité et d’attachement entre Alex et son grand-père.

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Si le Backgammon offre au protagoniste, l’opportunité de se reconstruire une vie au présent et d’envisager l’avenir, le voyage d’Allemagne en Bulgarie qu’il effectue avec son aïeul est le moyen pour ce dernier de transmettre l’histoire familiale. Au gré des haltes qu’effectue le tandem dans les pays qu’ils traversent, Stephan Komandarev met en parallèle l’enjeu que représente pour Alex la compréhension de ses racines et l’espoir que portaient les migrants vers les pays de l’ouest pendant la Guerre Froide. Dans ce long-métrage, l’histoire de la construction de l’Europe est un élément fondateur de l’existence de chacun des protagonistes. La recherche d’une cohésion individuelle et collective se trouve au cœur du récit de The world is big.

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Mené par l’acteur fétiche d’Emir Kusturika, Miki Manojlovic, le nouveau long-métrage de Stephan Komandarev est une œuvre délicate et pudique qui laisse les sentiments des personnages (et ceux du spectateur) se distiller progressivement au gré des pérégrinations. Dans la suggestion, plus que dans le discours, The world is big se savoure avec plaisir.

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