Le 8 mai 2018


- Scénariste : Hickman, Jonathan >
- Dessinateur : Pitarra, Nick
- Editeur : Urban Comics
- Famille : Comics
- Date de sortie : 5 janvier 2018
The Manhattan Projects part de la grande Histoire pour la faire dérailler jusqu’à l’implosion. Jonathan Hickman frappe très fort.
Résumé : Octobre 1938. Le président Roosevelt reçoit une lettre d’Albert Einstein l’informant des progrès des savants allemands en matière de physique nucléaire. Dans quelques mois, les nazis pourraient disposer de la bombe nucléaire. Suite à cette révélation, le président américain décide la création du Projet Manhattan et rassemble les plus grands esprits scientifiques, chargés de contrer les avancées de l’ennemi ; projet qui aboutira quelques années plus tard à la création des premières bombes atomiques. Voici pour l’histoire officielle... Et s’il ne s’agissait que d’une partie de la vérité ?
Le projet d’Hickman (East of West) est démesuré. Richement documenté sur les scientifiques (réels) qu’il met au cœur de son récit, l’auteur emploie l’artillerie d’un chercheur pour mieux ouvrir le passé à un arbre de l’impossible. Nous sommes à la veille de la Seconde Guerre mondiale et les scientifiques du monde entier sont en ébullition. Et c’est rien de le dire. Dès lors, tout peut arriver dans un monde où l’humain est souvent laid, malsain, violent mais surtout irrémédiablement fou.
Le point de départ est assez proche de la réalité. La lettre signée par Einstein au président Américain fut bien le départ du véritable Projet Manhattan. Il s’agissait globalement de contrer la montée en puissance nucléaire de la Russie. De cet acte fondateur, Hickman a donc imaginé l’envers du décor en lâchant totalement les brides. Les scientifiques deviennent une communauté de savants fous, chaque personnage est passé à la loupe. Et il y en a beaucoup !
Dans sa réécriture de l’histoire, Hickman est généreux. Il part même très loin dans les cerveaux complexes et nébuleux de ses anti-héros. Einstein aime autant manier la tronçonneuse que la bouteille et Oppenheimer, véritable fil rouge du récit, aime manger les cerveaux pour acquérir de la connaissance. On croise des extraterrestres, des squelettes qui parlent, des présidents habitués aux orgies... Bref, le délire va très loin mais Manhattan Projects assume complètement sa patte folle, ses inventions déviantes et incessantes. La richesse des récits parallèles et le nombre délirant de personnages, tous plus fous les uns que les autres, peut dérouter mais à condition d’accepter le délire déviant d’Hickman, servi par les dessins ambitieux, précis, volontiers démesurés (les corps des personnages incroyables) et non moins délirants de Pitarra, l’expérience ne laisse pas indemne.
144 pages - 35€