Le 8 septembre 2018
Une œuvre peu connue mais décevante de la part de Walsh, en partie à cause d’un scénario anémique. Reste la grande Ida Lupino, royale en femme de tête.


- Réalisateur : Raoul Walsh
- Acteurs : Ida Lupino, Bruce Bennett, Andrea King, Robert Alda
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h36mn
- Date de sortie : 27 avril 1966

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– Année de production : 1947
– Une rareté oubliée, proposée par Warner dans sa collection DVD Trésors Warner.
Résumé : La chanteuse Petey Brown quitte New-York pour passer Noël à Long Beach avec ses sœurs, Sally et Virginia Brown, et son frère Joey. Elle va se trouver impliquée dans les affaires de Nicky Toresca, un membre de la pègre.
Notre avis : De ce film méconnu, Walsh ne dit pas un mot dans ses entretiens et, à vrai dire, on n’est pas très éloigné de partager son indifférence, malgré l’hommage de Scorsese, la présence sombre d’Ida Lupino, et le caractère intrigant d’une œuvre hésitant entre diverses directions et dont on ne sait jamais où elle nous mène. Car The man I love navigue d’un genre à l’autre sans satisfaire totalement les amateurs : les chansons signées Gershwin qui immobilisent la narration sont trop peu nombreuses pour en faire un musical ; il y a bien une atmosphère noire, mais ni meurtre ni dérive poisseuse ; quant au gangster, il a trop peu d’envergure pour mener la danse. Enfin, Si Petey revient voir ses sœurs et son frère, on est très loin d’une comédie familiale.
Non, décidément, Walsh n’a pu trouver d’intérêt à ce film que par l’interprétation de Lupino, qu’il avait déjà dirigée, et même si le tournage s’est plutôt mal passé : dans ce rôle de femme forte et cynique qui résout les problèmes de tous avec une détermination sans failles mais souffre elle-même d’un dilemme amoureux, l’actrice bientôt réalisatrice a la répartie tranquille d’un Bogart féminin (et sa consommation de cigarettes et d’alcool, même si, comme un clin d’œil, elle « découvre » le lait à la fin). Elle cloue le bec, gifle même, conseille et ordonne sans cesse, en ange gardien de ceux qu’elle aime. À la limite du « poor lonesome cow-boy », elle repart quand tous les problèmes sont réglés.
On l’a dit, l’une des qualités du film est qu’on ne sait jamais où il nous entraîne : les ressorts dramatiques sont nombreux mais ils se dispersent et se résolvent assez banalement, comme si le scénario refusait presque toute tension (le seul élément violent est la mort de la voisine volage, mais, outre le fait qu’il s’agit d’un accident, ses conséquences sont minimes). À vrai dire le charme de ce métrage au rythme déroutant vient des quelques séquences que Walsh a soignées : le gros plan sur un téléphone, la scène d’aveu dans le brouillard, les dialogues amoureux entre San et Petey. Pour le reste, l’énergie manque singulièrement et, reconnaissons-le, même les amoureux du cinéaste borgne risquent de s’ennuyer quelque peu.
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