Le 8 novembre 2018
Moins connu que Le troisième homme, ce film paranoïaque l’égale presque par une atmosphère parfaitement maîtrisée.
- Réalisateur : Carol Reed
- Acteurs : James Mason, Claire Bloom, Hilde Sessak, Hildegard Knef, Reinhard Kolldehoff, Karl John, Geoffrey Toone
- Genre : Thriller, Espionnage, Noir et blanc
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Durée : 1h40mn
- Date télé : 20 juin 2024 22:45
- Chaîne : OCS Géants
- Reprise: 21 novembre 2018
- Date de sortie : 11 décembre 1953
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Résumé : Venue rendre visite à son frère Martin à Berlin-Ouest, Susan Mallison rencontre Ivo Kern, un ami de Bettina, l’épouse de Martin. Elle découvre que l’homme est le mari de Bettina que celle-ci croyait mort. Ivo est en réalité un agent d’espionnage de l’Est qui force sa femme à travailler pour lui. Son chef, Halendar décide de kidnapper Bettina pour la forcer à livrer un de ses amis, Olaf Kastner, responsable d’un réseau d’évasion vers l’Ouest. Mais les agents se trompent et ils enlèvent Susan. Tombé amoureux de celle-ci, Ivo décide de la sauver.
Critique : Quatre ans après Le troisième homme, Carol Reed reprenait le contexte de l’après-guerre et de ses troubles ; après Vienne, c’est dans Berlin en ruines et particulièrement photogénique qu’il a situé cette sombre histoire d’espionnage au sein de laquelle une blanche colombe, Susan, (Claire Bloom, la danseuse des Feux de la rampe) se retrouve malgré elle prise entre deux feux, l’est et l’ouest, avec, au milieu l’ambigu Ivo interprété par un impeccable James Mason.
- © 1953 British Lion Film Corporation, London Film Productions. Tous droits réservés.
On peut évacuer quelques mièvreries et clichés (le moteur qui ne redémarre pas …), d’ailleurs peu gênants, pour reconnaître au film de belles qualités. Dès le début, l’arrivée de Susan dans l’aéroport de Berlin, Reed sait créer une ambiance pesante qui va vite tourner à la paranoïa : qui sont ces gens qui surveillent, apparaissent dans le champ sans être identifiés ? Susan suspecte très tôt une situation anormale ; ainsi de la fine scène dans laquelle elle voit sa belle-sœur faire tomber un verre exprès, puis du travelling qui cherche par les yeux de Susan l’interlocuteur invisible. Quant à la silhouette du gamin à vélo, dont on évalue mal le rôle dans les premiers temps, il est remarquablement utilisé comme signe : quand ses traces dans la neige font comprendre à Susan que le piège tendu à Ivo ne fonctionnera pas, et quand sa présence à la frontière précipite le dénouement tragique.
- © 1953 British Lion Film Corporation, London Film Productions. Tous droits réservés.
Tant que le film brasse les faits inquiétants, il est brillant. Les plans magnifiques abondent, Reed jouant de nombreuses possibilités pour créer un climat oppressant, mais il délie son style dans la longue traque : plans débullés, plongée sur un escalier, visages inquiétants en insert, toute une panoplie qui rend compte avec faste d’un danger permanent. C’est bien dans la tension qu’il est le plus à l’aise, les sentiments ne semblant pas beaucoup l’intéresser : l’aveu d’Ivo, son sacrifice final sombrent dans la banalité.
Les acteurs sont excellents, on est content de revoir l’oubliée Hildegarde Knef, mais c’est Mason qui éblouit : si sa grâce sur les patins et son charme ambigu face à Claire Bloom font merveille, il parvient même à donner quelque consistance à un rachat trop attendu. Le reste de la distribution est surtout constitué de figures, menaçantes souvent, qui donnent une chair appréciable à la persécution politique. Et comme la photo est somptueuse, le montage ingénieux, et le suspense probant, on voit mal pourquoi on ignorerait cette petite perle méconnue.
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