Le 29 octobre 2018
Et si le film d’horreur de l’année était à chercher du côté de la série ? En ré-inventant avec soin et respect le concept de la maison hantée, Mike Flanagan délivre son œuvre la plus aboutie, à intégrer dans une certaine tradition hispanique de ce cinéma.
- Réalisateur : Mike Flanagan
- Acteurs : Carla Gugino, Elizabeth Reaser, Timothy Hutton, Michiel Huisman
- Genre : Drame, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Date télé : 12 octobre 2018 00:00
- Chaîne : NETFLIX
- Chaîne de TV : Netflix
– Diffusion sur Netflix à partir du 12 octobre 2018
Résumé : Plusieurs frères et sœurs qui, enfants, ont grandi dans la demeure qui allait devenir la maison hantée la plus célèbre des États-Unis sont contraints de se retrouver pour faire face à cette tragédie ensemble. La famille doit enfin affronter les fantômes de son passé, dont certains sont encore bien présents dans leurs esprits alors que d’autres continuent de traquer Hill House.
- Copyright : Steven Dietl / Netflix
Notre avis : Jusque là, Mike Flanagan évoluait un peu dans l’ombre d’un cinéma d’horreur vampirisé par l’influence de James Wan et des productions (variées, certes) de Jason Blum. En 2016 le réalisateur américain s’était introduit dans ce business toujours plus lucratif avec la suite de Ouija, dont le premier reste encore aujourd’hui l’un des ambassadeurs les plus démoralisants de ce que cette sous-industrie peut offrir comme "divertissement". Son préquel / suite / mytho marketing Ouija : Les Origines, de Flanagan donc, partait sur un degré de confiance inexistant, une aubaine pour son réalisateur. Il en résultait un film moyen certes, mais intéressant. Hautement plus intelligent que la globalité des teenage horror movie, le grand échec de ce long-métrage résidait dans son incapacité à provoquer une peur soutenue. Un comble, oui, mais rattrapé par une consistance dans des personnages attachants, comme on ne le voit que trop rarement désormais. Cette même tare parcourt toute la filmographie du jeune réalisateur, qui à travers le genre horrifique explore un genre différent mais compatible, celui du drame familial. Flanagan, par ses obsessions toujours identifiables dans ses œuvres et son style général de plus en plus affirmé, s’impose comme l’un des seuls auteurs actuels du cinéma d’horreur. Peu étonnant que Netflix se soit intéressé à lui, eux qui semblent en perpétuelle recherche de talents, toute génération confondue.
- Copyright : Steven Dietl / Netflix
Plus mystérieux que le pilote de The Haunting of Hill House, la recette Netflix interroge énormément. Qu’est ce qui justifie que la qualité de leurs productions cinématographiques soient inversement proportionnelles à celle de leurs séries ? Encore ce mois-ci, Jérémy Saulnier (Blue Ruin, Green Room) ou encore Gareth Evans (la trilogie de deux épisodes The Raid) ont ajouté au palmarès des déceptions filmiques du géant de la VOD leur dernier bébé, pourtant extrêmement alléchant sur le papier. Tandis que le label Netflix, lorsqu’il s’agit de films, inspire autant la fuite que les créations originales de TF1, il continue d’attirer l’attention pour son contenu sériel (globalement) de qualité. D’un côté, la confiance se perd, de l’autre, elle tend à croître, et cela venant du même producteur / distributeur. Que Mike Flanagan s’allie à Netflix par le biais de la série offre une double satisfaction, celle de le voir évoluer dans le meilleur secteur du géant américain, et celle de le voir s’épanouir dans un médium parfaitement adapté pour qu’il déploie son talent. Ce qu’il manquait au réalisateur, c’était du temps. Le temps pour développer une angoisse puissante fonctionnant grâce à son rapport avec les personnages. Lui donner dix heures revient à lui donner l’opportunité de construire comme il se doit son univers. The Haunting of Hill House représente la quintessence du drame horrifique de Mike Flanagan, et redonne la noblesse et la poésie au genre que le metteur en scène entretient.
- Copyright : Steven Dietl / Netflix
D’influence clairement espagnole, la série puise dans des principes horrifiques intimistes et forts, revendiqué par Pascal Laugier notamment à travers ses films. Tout se figure dans les points de vue, comment ils dictent les actions des personnages, créent des conflits, et enrichissent progressivement le récit de nouveaux éléments. Chaque épisode se focalise sur un des membres de cette famille maudite (sauf le final et l’épisode 6, pour deux raisons différentes), sa perception de son enfance, conjointement avec des images de celles-ci, dans un jeu de va-et-vient présent / passé sans faiblesse rythmique. La structure de The Haunting of Hill House est magistralement orchestrée de sorte à ce qu’elle agisse sur plusieurs tableaux. Même si la série adopte une allure plutôt lente, elle absorbe le spectateur par sa manière de distiller de nouveaux indices à chaque épisode, et de manière très maligne. Avancer dans la série revient à conjuguer les informations glanées ça et là à travers le vécu des différents membres de la famille Crain, jusqu’à former un kaléidoscope d’expériences marquantes enfouies dans chacun d’entre eux. Si les personnages sont plutôt sommaires, ils renferment beaucoup dans cette simplicité, que cultive également Flanagan à travers son travail de la peur. Bien que souffrant d’une petite redondance arrivé au neuvième épisode, les mécanismes employés pourraient bien faire de ce récit le plus effrayant vu dans ce médium pourtant foisonnant en la matière. Pour le dire clairement, The Haunting of Hill House fait peur, même très peur.
- Copyright : Steven Dietl / Netflix
Preuve de l’inefficacité des jumpscares (seuls) à installer une angoisse durable, la série prend à contre-pied la tendance actuelle pour se diriger vers un versant bien plus viscéral. Un seul screamer un peu facile (manière de justifier bêtement l’arrêt de la voiture de Shirley et Theo et tout ce qui s’en suit), mais efficace malgré tout, se charge de provoquer le seul sursaut de cette relecture de la maison hantée. Cette exception mise à part, la majorité de l’épouvante s’évertue à conditionner une angoisse durable. The Haunting of Hill House n’a rien d’un train fantôme, car elle ne cherche pas à amuser (même si elle divertit) et qu’elle se caractérise par une épaisseur émotionnelle de moins en moins présente dans l’horreur mainstream actuelle. La série intègre les présences surnaturelles avec une épure exemplaire. Cela passe par une maîtrise de l’espace sonore et spatial avec une obsession pour le vide et comment le remplir par de l’invisible ou de l’inaudible. Le jeu est autant jouissif que repoussant. On guette les apparitions, les indices de la venue de ces présences cadavériques, dans une curiosité malsaine de voir. Pour un aficionados de l’horreur, la participation est totale dès lors qu’il parvient à s’accrocher émotionnellement au destin de cette famille. Regarder The Haunting of Hill House revient à aiguiser son regard et le flatter par ce souci du détail et la beauté sordide que dégage cette demeure aux multiples secrets. Au cœur de cette intrigue, puisqu’elle est la cause de la désintégration des Crain, la maison du titre gagne comme les protagonistes une épaisseur inattendue. Certains membres de cette fratrie ne cessent de le répéter, cette bâtisse n’est pas qu’une simple associations de murs, et sa personnification atteint son paroxysme lorsqu’il est remis en question la notion de hantée. Les fantômes, comme les hommes, ne sont ni tous bons, ni tous mauvais, et cette maison intègre merveilleusement bien cette humanité, pouvant aussi bien incarner la malédiction pour certains que la bénédiction pour d’autres.
- Copyright : Steven Dietl / Netflix
La peur qui découle de cette histoire ne surgit pas au hasard, sans raison ni contexte. Elle prend son origine dans ses personnages, jusqu’à leur créer un fantôme totem pour certains, dont l’origine expliquée pour l’un d’entre eux dans l’épisode 6 restera le très grand moment de la série, sommet du macabre poétique. L’évidence avec le cinéma horrifique hispanique ne fait plus de doute arrivé à la seconde moitié de la saison. The Haunting of Hill House s’intègre parfaitement dans cette mouvance un peu disparue aujourd’hui, comme si del Toro avait décidé de se mettre à la série pour enfin sortir une nouvelle œuvre de qualité. Elle rejoint à ce titre la beauté du Labyrinthe de Pan, de L’Orphelinat ou encore des Autres. C’est la vision de l’épouvante sous le prisme du drame, jusqu’au final, totalement assumé dans son registre purement tragique, et malheureusement plombé par un épilogue parodique des Frères Scott. Le réalisateur de Crimson Peak évoquait une histoire avec des fantômes et non une histoire de fantômes, et c’est exactement ce dont il s’agit avec la série de Flanagan.
- Copyright : Netflix
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folleblogueuse 1er novembre 2018
The Haunting of Hill House saison 1 - la critique (sans spoiler)
j’ai adoré ! moi qui ne suis pas vraiment "horreur" j’ai été happée par cette série dès le 1er épisode. une superbe série, qui tient en haleine jusqu’au bout.
mon avis en détail ici :
http://www.folleblogueuse.com/2018/10/hauntinghillhouse.html
Merci :-)
julie
FafanLeFanu 7 novembre 2018
The Haunting of Hill House saison 1 - la critique (sans spoiler)
Merci pour cette critique. Je trouve aussi que la force des films de Mike Flanagan sont les personnages toujours attachants et les enjeux qui sous tendent les histoires fantastiques.
Il y a aussi Before I wake ( qui a traîné dans les cartons de je ne sais plus quel studio) pour finalement être récupéré par Netflix, et puis Gerald’s Game (Jessie) cette fois produit par Netflix, et qui se situe dans le haut du panier des films Netflix, avec le Jeremy Saunier...je vous trouve sur avec ce dernier :-).
DIMEBAG-DARRELL 23 novembre 2018
The Haunting of Hill House saison 1 - la critique (sans spoiler)
A l’heure ou j’écris ceci je viens tout juste de voir le dernier episode ( désolé des fautes d’hortographes ) .
Je n’est jamais ete fan des series pourquoi ? Car l’ambiance la façon dont les acteurs jouent se n’est pas credible , la façon dont s’est filmer s’est mauvais je n’y crois pas et j’arrive pas as etre dedans , je suis tomber sur The Haunting of Hill House par pure hasard
Je me suis forcer a regarder le premier episode ....
Cette series m’errite un succes énorme pendant les 20 premières minutes j’ai crue que c’était un film de grande qualité , l’ambiance est serieuse les acteurs jouent d’une façon comme si s’etait un film , la façon dont s’est filmer s’est parfait , pour chaque episode j’ai ete plonger dans l’histoire sans appuier sur pause j’ai ete plonger dans l’histoire avec cette envie de voir la suite sans faire une pause et pour la première fois de ma vie j’ai vraiment aimer une serie , je peut meme pas appeler ceci une serie car s’est au dessus de sa , tout est bien fait l’histoire est tres belle et a la fois triste les acteurs joue parfaitement leur role et pour la première fois que se soit serie film ou autre quand un moment ou l’horreur arrive l’acteur ne va pas aller voir bêtement se qui se cache dans l’ombre comme se que l’on voit dans beaucoup de film d’horreur ou la personne ivas bêtement , ensuite le generique du debut est tres cour et ne spoil rien comme certaine serie le fond et il n’y a pas se foutu truc qui te fait rappeler se qui s’etait passer dans l’episode précédent et sa cette serie gagne des points suplementaire , j’ai la chance d’avoir un ecran enorme et un casque de tres bonne qualité , sa ma plonger dans l’histoire encore plus . L’histoire est assez compliqué a comprendre il y a un mélange du present et du passer qui chamboule un peut mais qui s’eclaire au fur et a mesure tout est tres bien penser , j’aimerais avoir une suite mais avec les memes acteurs la meme maison et fantôme tout comme s’est actuellement autrement vaut mieux laisser comme ceci . Si je doit mettre une note se sera un 19/20