Midnight mass
Le 20 juin 2022
Quand le fantastique devient philosophique. Mike Flanagan continue d’explorer les dimensions de l’horreur, ici dans une œuvre profonde, où la réflexion supplante l’action. Un regard sur la foi remarquable, magnifié par une photographie sublime.
- Réalisateur : Mike Flanagan
- Acteurs : Henry Thomas, Zach Gilford, Hamish Linklater, Rahul Kohli, Kate Siegel
- Durée : 7 épisodes d'une heure
- VOD : Netflix
- Titre original : Midnight Mass
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans, Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 24 septembre 2021
- Plus d'informations : À voir sur Netflix
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Résumé : Riley, après un séjour en prison, revient chez ses parents sur l’île de Crocket Island. Un nouveau prêtre vient également de rejoindre la communauté. Bientôt, des miracles et phénomènes étranges viennent bousculer les vies paisibles des habitants.
Critique : Sept épisodes d’une heure composent cette mini-série qui gagne en intensité au fur et à mesure du temps. Passé maître dans le genre des séries d’horreur, après Haunting of Hill House et Bly Manor, Flanagan qualifie Sermons de minuit comme la « plus personnelle ». Et pour cause. Le jour même du retour de Riley sur cette île, où les habitants vivent de la pêche, un nouveau prêtre, Paul, prend ses fonctions. Son charisme et son enthousiasme deviennent centraux pour la communauté, où se mélangent un alcoolique en quête de rédemption, une jeune fille paralysée en fauteuil roulant, une médecin assignée à résidence dont la mère souffre du syndrome d’Alzheimer ou encore, Erin, ex-petite amie de Riley, future maman solo.
Les difficultés économiques sont importantes sur l’île, Une marée noire prive les familles de pêcheurs d’activité, dont la famille de Riley. Beverly, femme très pieuse, en admiration devant le père Paul, s’oppose à tous ceux qui ne correspondent pas à sa vision de la foi, et notamment au shérif musulman, qui pratique sa religion chez lui, avec son fils, à l’écart de la communauté.
Au fur et à mesure que s’infiltre le surnaturel, le culte religieux monte en puissance. Les habitants ont envie de croire, sortir de la morosité insulaire et retrouver l’espoir. Alors que les miracles s’accomplissent et que la joie revient, les plans deviennent plus noirs, comme pour rappeler que les ténèbres n’existent que par contraste avec la lumière. Les pensées se font plus sombres : l’épisode 4 comprend d’ailleurs un dialogue sur la signification de la mort à la fois magnifique et terrifiant. Car la série est très bavarde, la parole est quasiment un personnage à part entière tant la réflexion est présente. Certains la jugeront trop bavarde, mais comment incarner autrement la philosophie à l’écran ?
- Crédits Intrepid Pictures/Netflix
C’est bien le choix du réalisateur de dénoncer la folie religieuse, la foi irraisonnée, celle qui fait abstraction du réel ou de l’évidence. Deux visions s’opposent alors : le rationnel incarné par Riley face à l’irrationnel du père Paul, remarquablement interprété par Hamish Linklater, à la fois empathique et inquiétant tant sa morale semble tanguer entre anges et démons. Sa puissance est celle de l’enthousiasme qu’il suscite, par son emprise quasi vampirique écrasée sous son aspect bienveillant.
L’intensité de la série se retrouve également dans les plans-séquences, nombreux, où le réalisateur prend le temps de développer les thèmes qui lui sont chers : l’amour, le deuil, la parentalité, le désespoir ou encore les peurs inavouées.
- Crédits Intrepid Pictures/Netflix
L’épisode 5 est en cela tout à fait réussi. Certes, l’approfondissement se fait parfois aux dépens de la qualité des scènes horrifiques, dont certaines peuvent troubler par leur beauté là où d’autres tombent dans quelques stéréotypes. La série s’écarte en cela des standards Netflix : elle n’est pas faite pour être vue en une seule traite, mais pour se laisser le temps de la réflexion entre chaque épisode et sans doute aussi, l’envie d’avancer dans cette histoire. Les personnages ne sont pas attachants, restent superficiellement incarnés, mais là n’est pas le propos. Il s’agit, comme le surnaturel qui n’apparaît que par petites touches pour déranger le réel, de prendre le temps de se plonger dans tout ce que cette histoire a à nous dire sur nous, la société, et sur notre rapport intime aux questions abordées. À travers une réalisation magistrale, cette mini-série laisse un propos troublant et totalement original. Et rien que pour cette réussite-là, on pardonne sans retenue les petites maladresses de Midnight Mass.
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