Le 28 septembre 2020
Suite grotesque d’un chef-d’œuvre, Doctor Sleep achève son parcours pompier en ersatz de fête foraine.
- Réalisateur : Mike Flanagan
- Acteurs : Ewan McGregor, Bruce Greenwood, Carl Lumbly, Cliff Curtis, Emily Alyn Lind, Rebecca Ferguson, Jacob Tremblay, Kyliegh Curran, Nicholas Pryor
- Genre : Fantastique, Thriller, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h32min
- Date télé : 29 mars 2024 22:30
- Chaîne : RTL9
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 30 octobre 2019
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Résumé : Un nouveau chapitre de "Shining" de Stanley Kubrick. Encore profondément marqué par le traumatisme qu’il a vécu, enfant, à l’Overlook Hotel, Dan Torrance a dû se battre pour tenter de trouver un semblant de sérénité. Mais quand il rencontre Abra, courageuse adolescente aux dons extrasensoriels, ses vieux démons resurgissent. Car la jeune fille, consciente que Dan a les mêmes pouvoirs qu’elle, a besoin de son aide : elle cherche à lutter contre la redoutable Rose Claque et sa tribu du Nœud Vrai qui se nourrissent des dons d’innocents comme elle pour conquérir l’immortalité. Formant une alliance inattendue, Dan et Abra s’engagent dans un combat sans merci contre Rose. Face à l’innocence de la jeune fille et à sa manière d’accepter son don, Dan n’a d’autre choix que de mobiliser ses propres pouvoirs, même s’il doit affronter ses peurs et réveiller les fantômes du passé…
- Copyright 2019 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC
Critique : On avait quitté Danny fuyant l’infernal labyrinthe de neige, après avoir fait le coup du petit Poucet à son père incontrôlable. On le retrouve bien des années plus tard, lesté de deux handicaps : son shining et l’alcoolisme (un atavisme, puisque son géniteur était déjà porté sur la bouteille dans le film de Kubrick). Le pauvre Torrance, adossé à sa tragédie familiale, se traîne comme une âme en peine, les yeux pleins des malheurs qu’il a vus, voit et verra, cette triple hypermnésie temporelle le rendant tout à fait enclin à s’oublier dans le whisky.
Tentant une forme d’insertion sociale, à défaut de se refaire une santé mentale qui n’évoluera jamais -le shining le suit comme son ombre-, Danny sait qu’il n’est pas le seul à posséder ce don embarrassant.
Dès le début de cette suite casse-gueule, on sent qu’une figure tutélaire, bien plus grande que le talent de Mike Flannagan, éperonne la mise en scène vers le pastiche, qui convoque son lot de plans référencés comme autant d’hommages déférents (du segment télé Bugs Bunny à la terrifiante séquence de la baignoire). Du coup, on ranime les morts, dans une sorte de farandole horrifique, plus proche du train fantôme que de la suite inspirée : ainsi, les premières scènes font réapparaître une Wendy moins fatiguée que son clone, ce qui rend la comparaison douloureuse, produit un premier effet de contresens et profile un film aussi lisse que le visage de son actrice.
- Copyright 2019 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC
On craint d’autres analepses ; après tout, l’un des principes du shining est de ressusciter le passé. On n’est pas déçus et, à partir de là, l’agacement aidant, le ball-trap visuel peut commencer. De celui-ci, on sauve Halloran, qui demeure dans son rôle de confident, assez proche d’une conscience, donc porté sur la morale comme d’autres le sont sur la boisson. Mais on peut tirer sur le reste des personnages pour les faire disparaître dans le maudit hôtel, où s’organise un duel final, le héros revisitant, ainsi que quelques plans fidèles à l’original de Kubrick, les couloirs labyrinthiques, la suite parentale où la porte défoncée par la hache de Jack s’orne toujours du célèbre "Redrum", la chambre 237 qui s’ouvre à nouveau, la neige immaculée du dédale conclusif, qu’un combat filmé à la manière de Matrix vient souiller de sa médiocrité artistique.
Doctor Sleep est le sous-titre pataud de tous les mystères que The Shining s’efforçait de contenir, dans une admirable intention elliptique. La terreur kubrickienne anéantie, il ne reste rien qu’un produit frelaté, déclinable en séries d’horreur pour plateformes VOD, où chaque scène spectaculaire se duplique selon des binarités (apparition/disparition, apaisement/climax) et privilégie les duels sur fond de lectures manichéennes. Que Flannagan s’accommode d’une bande de zombies sur le retour, avec une reine des termites à éliminer façon jeu vidéo, en dit long sur sa compréhension de l’angoisse. Hill House lui convient mieux que l’Overlook, dont il ne comprend pas l’esprit.
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