Le 22 février 2021
Après un Batman Begins réussi, Nolan enchaîne avec le plus dense, le plus sombre, le plus profond des films de super-héros à ce jour. Une quête de sens spectaculaire, doublée d’une méditation autour de la question démocratique.
- Réalisateur : Christopher Nolan
- Acteurs : Morgan Freeman, Cillian Murphy , Christian Bale, Michael Caine, Maggie Gyllenhaal, Heath Ledger, Gary Oldman, Eric Roberts
- Genre : Fantastique, Action, Thriller, Film de super-héros
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Editeur vidéo : Warner Home Video
- Durée : 2h27mn
- Date télé : 10 juin 2024 23:28
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Titre original : The Dark Knight
- Date de sortie : 13 mars 2008
Résumé : Le crime va grandissant à Gotham City. La police est à bout de souffle, bien qu’un nouvel élu, Harvey Dent, semble porter l’espoir du renouveau. Mais alors qu’un certain Joker, par le chaos, présente une menace plus forte que jamais pour l’équilibre de la ville, Batman se questionne sur son rôle en essayant d’empêcher le nouveau malfrat de semer la destruction sur son chemin, ce qui semble être son unique objectif...
Critique : The Dark Knight n’est pas un film de super-héros. En tous cas, pas seulement. Ce n’est pas une adaptation de comic book. Enfin, pas que. Il serait ô combien dommage de l’aborder, ou de préjuger de sa nature, en le voyant sous cet angle. Admirons-le plutôt comme une œuvre dans laquelle Nolan s’inspire de Michael Mann, tout en revenant aux racines, après Begins, d’un Batman sombre, brutal, et cérébral. Celui de Frank Miller, référence évidente, avec sa violence graphique et son ton crépusculaire.
Sous le fracas d’une superbe bande originale signée Hans Zimmer, bien que légèrement envahissante, Batman oscille entre le devoir qui l’appelle et la sensation de ne plus être à sa place. Surtout, il est un hors-la-loi. Il le sait. La police, les politiques, les citoyens, le savent. Il n’en demeure pas moins inspirant, mais le défendre relève du casse-tête : il n’agit pas dans les règles.
On constate avec un grand plaisir que Nolan s’attache aux errements de son personnage, à ses tiraillements intérieurs. Cela donne une saveur particulière à un film qui demeure un blockbuster, n’oubliant pas d’offrir son lot d’actions. Pour autant, le cinéaste n’oublie pas l’insertion de réflexions intimes dans un contexte politique fort, avec ce questionnement en toile de fond, qu’il est loin de résoudre, mais qu’il ne se contente pas seulement d’effleurer : lorsqu’un ennemi combat hors du cadre de l’état de droit, est-il impératif d’y rester pour lutter contre lui ? N’est-il point souhaitable de s’affranchir de l’étau démocratique un instant, pour lutter à armes égales ?
- © Warner Bros
L’ombre des attentats de septembre 2001 plane évidemment sur le film. La menace terroriste est le danger qui, par excellence, offre ces débats de sociétés houleux : l’emploi des données personnelles ou encore les actions menées hors du cadre de la loi se justifient-elles pour y faire face ? On ne pensait pas forcément se poser la question en regardant Batman. Toutefois, le film doit bien y répondre pour contrer le terroriste ultime, le joueur sans plan défini, en la personne du Joker.
Ce dernier mérite qu’on s’y attarde. Si The Dark Knight atteint les sommets, ce n’est pas tant grâce à son héros qu’à son antithèse. Il est l’incarnation du Mal pour le Mal, de la terreur absolue sans origine, sans cause. L’esprit humain déteste ne pas avoir d’explication. L’esprit humain déteste le Joker. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle vouloir filmer ses origines peut sembler être un non-sens… La merveille de folie parfaitement mesurée que privilégie Heath Ledger dans son incarnation l’a fait entrer dans la légende. L’acteur est parfait, dérangeant, surprenant, laissant chaque trait de son visage exprimer le machiavélisme cru. Chapeau à Nolan pour l’avoir dirigé. A Christopher et Jonathan Nolan, ainsi qu’à David S. Goyer pour l’avoir écrit. Mais chapeau à Heath Ledger, surtout, qui offre une de ces performances qui autorisent l’emploi dévoyé du terme "culte".
- © Warner Bros
On a donc droit au fameux « blockbuster intelligent », qui fait la force de Nolan depuis des années. Cette définition ne doit pas pour autant omettre l’incroyable exigence formelle à laquelle s’astreint le cinéaste. Il est magnifiquement aidé par son fidèle lieutenant Wally Pfister à la photographie, lequel oppose superbement la noirceur de Gotham et la chaleur d’un chaos embrasé, pour laisser au spectateur une esthétique à la fois élégante et pleine d’à-propos.
Si le style de Nolan peut paraître assez froid, avec peu de gros plans et un cadrage pensé au millimètre, celui-ci sied à merveille au plus cérébral des super-héros. Tout est calculé, préparé, sans super-pouvoir, mais avec des moyens à la hauteur d’une réflexion foisonnante et pleine d’astuces.
Le style Nolan, c’est aussi la pellicule et les effets pratiques. Cet amour de la pellicule entre en résonance avec la mise en exergue du travail de Pfister, précédemment. De plus, si les effets spéciaux entièrement conçus par ordinateur peuvent parfois convaincre, le réalisateur semble tenir la clé d’une action qui a de l’impact et du sens. Le spectaculaire chez Nolan porte bien son nom, à travers les marques d’un camion qui se retourne sur l’asphalte ou les cendres d’un hôpital qui part en fumée. En clair, saluons une utilisation raisonnée de l’outil numérique, d’autant qu’il reste à démontrer que l’affaire coûte toujours plus cher en prise de vues réelles…
Paradoxalement, le film ne représente pas le virage qu’a ensuite pris l’industrie vis-à-vis de ses personnages en costume. Iron Man, la même année, en décida autrement. Cela peut sembler regrettable. Aucun Marvel n’aura par exemple mis en avant, aussi fort que Nolan, la puissance du symbole. Cela n’a rien d’étonnant au sein d’une filmographie qui lui fait la part belle. Pour autant, écrire un héros si complexe relevait de la gageure : celui-ci est tiraillé entre l’aura du symbole qu’il incarne et l’absence totale d’éthique qu’il met en œuvre pour le maintenir éveillé.
Finalement, The Dark Knight, c’est la force de l’espoir, par le mensonge. Un film puissant.
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esdez 14 septembre 2008
The Dark Knight, le chevalier noir - Christopher Nolan - critique
Pénible, ce film est pénible....Il ne finit pas de finir. C’est une plaie, non seulement il tue le personnage de BD, nous plonge dans la vie réelle et son enfer entre divagations psychiatriques hurlantes et vacarme d’explosions incessantes, il nous amène somme toute à une grosse production de studio qui ne sait pas comment dépenser son fric dans le seul but de communiquer sur ce thème et laisser entendre que l’on a tant dépensé car vraiment le spectacle le mérite. Et bien non, ces purges nous ennuient profondément et vraiment désolé pour les acteurs qui s’en sortent correctement malgré le "bleu" qui doit les gaver à la longue.En résumé, si vous aimez Batman, retournez vers l’image fixe et dérournez vous de ce piètre succédané.
Norman06 29 avril 2009
The Dark Knight, le chevalier noir - Christopher Nolan - critique
Bon film de genre, qui marque le retour de la qualité dans la série des Batman. On appréciera la qualité du montage (pas étonnant pour qui a vu Memento de Dolan) et les prouesses tant techniques qu’artistiques (photo, décors), qui évitent la surenchère des effets spéciaux pour se mettre au service de la force du récit. Subtile parabole sur les frontières du bien et du mal et interprétation hallucinée de Heath Ledger. On pourra regretter la magie et la poésie de l’univers gothique de Tim Burton mais ce volet est une réussite.
Laurence Morel 7 novembre 2011
The Dark Knight, le chevalier noir - Christopher Nolan - critique
Bof bof bof...
J’adore Nolan quand il fait Memento, insomina ou Inception, mais pas tellement quand il s’attaque à ce type de film.
C’est très graphique, il faut bien le reconnaitre. Mais le sc"nario. Bon ben, c’est l’histoire de Batman... Et moi ça ne m’intéresse pas plus que ça.
Tistebaba 26 juin 2017
The Dark Knight, le chevalier noir - Christopher Nolan - critique
Après nous avoir fasciné avec le très réussi Batman Begins, Christopher Nolan revient pour nous offrir les nouvelles aventures du héros masqué. C’est à ce jour que l’on peut constater indéniablement le progrès phénoménal et le talent du réalisateur pour cette saga, pour la simple et bonne cause que The Dark Knight : Le Chevalier Noir est sûrement l’un des films de super-héros les plus aboutis et les plus intelligents qu’il était donné de voir depuis très longtemps. Voilà pourquoi The Dark Knight n’est pas qu’un simple grand film de super-héros... C’est un film particulièrement profond et qui excelle dans de nombreux domaines, ce qui permet de visionner une œuvre rare, à l’heure où les blockbusters adoptent une recette plutôt semblable. Après avoir combattu La Ligue des Ombres et après avoir vaincu ses propres peurs, Batman doit faire face au Joker, un combat tant physique que psychologique où le spectateur admirera et prendra part à chaque dilemme, à chaque conséquences importantes...Une grande réalisation dont nous analyserons chaque partie au sein de cette critique...
La fin de Batman Begins nous l’annonçait, notre justicier de la nuit affrontera le Joker, le méchant mythique donnera ici du fil à retordre à notre héros, ce personnage frappera au cœur de notre héros ainsi qu’à celui de nombreux autres personnages. Bien que The Dark Knight : Le Chevalier Noir se révèle être une référence du genre et excelle dans bien des domaines, ce film est sans doute le premier à nous offrir un méchant aussi plaisant, aussi réussi que le Joker brillamment, sublimement interprété par Heath Ledger, malheureusement décédé. Ces mots ne définissent pas assez l’amplitude de son importance et le charme qu’il attribue au film. Son jeu d’acteur est tout simplement incroyable et son personnage est majestueusement bien porté à l’écran. Ce dernier contribue au charme de ce film et crève l’écran. La profondeur des personnages, leur développement ainsi que les relations qu’ils entretiennent nous époustouflent, nous scotchent face à la justesse des dialogues et à l’importance des événements. Ainsi, Christopher Nolan brille et nous frappe de plein fouet par sa réalisation d’une fluidité remarquable et par sa mise en scène d’une cohérence magistrale. Gotham City est en proie au crime et à la corruption, et le réalisme et la noirceur qui se dégage de cette affolante crise est impressionnante. The Dark Knight mélange ainsi de nombreux genres et parvient à nous offrir le meilleur de ces associations. Si nous pouvons constater quelques légères longueurs, le rythme du film est saisissant et les événements se succèdent rapidement...Des événements qui incluent un suspens phénoménal et des rebondissements sensationnel et inconcevable, c’est aussi là que réside l’une des principales forces du film. Un combat psychologique qui entraînent de graves séquelles pour nos personnages à cause de scènes fortes et de plans machiavéliques qui parviennent à fragiliser les protagonistes à telle point qu’ils en deviennent des antagonistes. Ceci résulte d’une extraordinaire réalisation. Si le scenario ainsi que tout l’aspect narratif sont excellent, le spectacle n’est pas délaisser puisque d’impressionnantes scènes d’actions sont de la partie. Les combats aux corps à corps manquent parfois de classes mais les joujoux de Batman, son génie ainsi que la puissance de feu Joker et de ses hommes assurent un spectacle démentiel. En effet, le spectateur en prend plein la vue, devant les nombreuses explosions. Intenses et suffisant, un pur régal pour les yeux. Ajoutons à cela une bande son absolument génial qui nous plonge encore plus dans l’ambiance sombre de Gotham. Mais ces musiques intensifient également la puissance des scènes d’actions et accentuent également le rythme. Le visuel gagne toujours en beauté et en fluidité même si l’on perd l’aspect fade et boueux de Gotham, présent dans le premier opus de cette nouvelle saga. Un visuel qui toutefois permet aux effets spéciaux de nous en mettre plein la vue. La qualité et le choix des plans nous fascine et on y distingue une aisance artistique et esthétique admirable.
The Dark Knight : Le Chevalier Noir comporte ses petits défauts de longueur et d’une mise en route qui manque un peu de dynamisme...Mais c’est là l’un des seuls reproches qu’on peut lui faire devant l’importance et la qualité merveilleuse de ce film. Un film de super-héros à l’intelligence et à la noirceur si rare qu’il en devient original. Toutes ces qualités précédemment citées, du réalisme, du spectacle, de la justesse des dialogues à la profondeur des personnages, The Dark Knight : Le Chevalier Noir est un film abouti en tout point et qui se révèle comme un grand film. Une réussite totale et même bien plus que cela, du grand Nolan, du grand art !
Pierrelamontagne78 19 juillet 2020
The Dark Knight, le chevalier noir - Christopher Nolan - critique
Un film puissant, oui, c’est bien vrai, un magnifique Nolan, au sommet de son art !