Fantôme d’amour
Le 3 juin 2022
Le réalisateur de La cité de Dieu revient avec une adaptation de John Le Carré. Passionnant.
- Réalisateur : Fernando Meirelles
- Acteurs : Ralph Fiennes, Danny Huston, Bill Nighy, Rachel Weisz, Pete Postlethwaite, Hubert Koundé, Juliet Aubrey, Richard McCabe
- Genre : Drame, Thriller, Romance
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Mars Distribution
- Editeur vidéo : Studiocanal
- Durée : 2h08mn
- Date télé : 16 avril 2024 22:55
- Chaîne : OCS Pulp
- Date de sortie : 28 décembre 2005
– Adapté du roman éponyme de John le Carré
Résumé : Un diplomate anglais résidant au Kenya retrouve sa femme assassinée après que celle-ci a découvert une sombre affaire dans laquelle est impliquée une industrie pharmaceutique...
Critique : Adapté du roman éponyme de John Le Carré [1], le second long métrage de Fernando Mereilles tient à la fois du documentaire, de la romance, du thriller et du drame. Sa densité lui assure une profondeur mais ne constitue pas nécessairement une facilité. On peut avoir peur que le cinéaste s’éparpille sur plusieurs pistes, d’autant qu’il se sert d’une structure en flash-back un peu nébuleuse. Sans jouer la carte du spectaculaire, en tentant une approche empathique (on apprend d’emblée que le personnage féminin meurt), en faisant ressentir le poids d’un deuil qui zigouille la raison, Mereilles adopte l’approche la plus adéquate, trouve le juste équilibre entre attentisme et abstraction et parvient à maintenir l’intérêt du récit d’un bout à l’autre.
On retrouve les mêmes qualités et défauts que dans l’uppercut La cité de Dieu, son précédent opus : une mise en scène virtuose mais tapageuse pour un sujet qui ne requiert pas un tel maniérisme. Mais la solidité de l’intrigue et l’intensité de ses rebondissements ainsi que la beauté de la photographie emportent sans peine l’adhésion.
De par son sujet et sa dimension politique, il serait intéressant de le mettre en analogie avec Lord of War [2] même si ce dernier opte davantage pour le nihilisme et le cynisme rances. Le registre émotionnel est largement redevable à l’interprétation de Rachel Weisz et Ralph Fiennes, qui se mettent mutuellement en valeur dans un rare exemple de collaboration. Certes, la première partie s’abîme sans doute trop dans la romance et met un certain temps avant de poser l’enjeu dramatique. Mais plus le film avance, plus il gagne en intensité jusqu’à la sublime scène finale.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Aucun bonus sur cette édition simple. La collector en revanche vous réserve de nombreux modules sur l’Afrique, John le Carré ou encore le réalisateur Fernando Meirelles. Des scènes coupées et un petit making of sont également disponibles.
Image & son : Un belle édition qui sert parfaitement le travail de Fernando Meirelles. Si certains jugent sa réalisation tape-à-l’œil, ce DVD a le mérite de lui rendre justice : définition impressionnante, couleurs, éclatantes à l’extrême, parfaitement restituées. Une bonne compression fait le reste, assurant la fluidité d’une image parfois trop virevoltante. Rien à dire sur les pistes Dolby Digital 5.1 qui remplissent largement leur rôle.
[1] The Constant Gardener, traduit sous le titre La constance du jardinier, Points Seuil
[2] Sortie le 4 janvier 2006
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esdez 30 décembre 2005
The Constant Gardener - Fernando Meirelles - critique
Scénario solide appuyé sur une réalité malheureusement devenue lieu commun sans réaction de la part de nos peuples occidentaux servi par des acteurs au TOP qui nous font partager leurs états d’âme dès la première seconde font de ce film un objet que tout amateur de cinéma doit voir. Bien sur, le traitement sous forme de reportage live, avec trop gros plans non maitrisés, effets de contrastes trop forcés et la dénaturation des couleurs ne sont pas à la hauteur du film mais l’ensemble reste cependant très intéressant.
Anny Letestu 5 janvier 2006
The Constant Gardener - Fernando Meirelles - critique
On en prend plein les yeux : de la misère africaine en veux-tu ? en voilà ! Du Kenya pur et dur, loin des safaris touristiques bobos. Des gosses qui courent dans les immondices, des femmes fantômes qui regardent la caméra sans comprendre, une morgue à la nudité crasse, des hôpitaux surpeuplés, des noirs victimes des blancs et... des noirs. Et le blanc et le noir, c’est bien connu, ça donne tout simplement le gris. Qui est pur ? qui est impur ? On sait déjà que le couple est blanc. À tous points de vue. Lui, diplomate anglais, au sourire discrètement heureux, cultive son jardin. Merci Voltaire. Elle, découvre un jour une vérité qui touche les grands labos pharmaceutiques. Un soir, dans les bras de son mari, elle lui souffle : « Avec toi, je n’ai pas peur... » Ce qui en clair signifie qu’elle est morte de trouille et qu’elle nous cache quelque chose. Mais ça on s’en doute un peu, vu que dès le début du film, le jardinier, pardon, le mari, apprend d’un homme blanc qui transpire trop pour être honnête (le traître a toujours un système de sudation totalement déréglé au cinéma), que sa femme a été retrouvée morte, assassinée, aux cotés de son compagnon de vérité, noir. Tout se mélange dans nos têtes. Noir ? Blanc ? Par-ci, par-là, les couleurs éclatantes de la misère noire d’Afrique et des prises de vue aériennes splendides (très Arthus Bertrand) qui accompagnent le mari dans la mort. L’esthétique c’est vendeur ! On est là, assis dans l’ombre à gober ce film, à se révolter de la misère, de la verdoyance indécente des parcours de golf, de la rapacité des labos, de leur cynisme face à la vie humaine, noire... Au générique de fin, on est accablés, un peu terrorisés (mais bon, heureusement, on n’est pas noir, donc rien à craindre !), totalement impuissant. Bref, le genre de film qui coupe les jambes. D’ailleurs, le public met un temps infini à se déplier de ses confortables sièges. Certains se mouchent un bon coup avant de sortir de la salle.
Le film a été distingué en novembre dernier au cours de la 8ème édition des British Independent Film Awards, au Palais Hammersmith de Londres. Quelques ficelles meurtrières n’étaient-elles pas tirées, dans le film, de Londres justement ? Les monstres se désignent, se mettent en scène... Tandis que nous regagnons nos voitures avant de nous glisser sous la couette, les crimes contre l’humanité se déroulent et s’organisent... Tranquillement. Des bons films et des bons bouquins en perspective, pour les longues soirées d’hiver... Dans dix ou quinze ans !
Anny Letestu
pich 10 mars 2006
The Constant Gardener - Fernando Meirelles - critique
Hautement polémique, le thème des expérimentations de médicaments sur les populations africaines est un sujet sensible. Tiré d’un livre de John Le Carré, Fernando Meirelles nous entraîne dans un thriller haletant, tout en se livrant à un brûlot sur les mœurs de notre monde, d’une hypocrisie sans nom vis-à-vis de l’Afrique.
Loin des yeux, loin du cœur, sous le vernis de jérémiades et autres gesticulations, les pays occidentaux ferment les yeux sur des atrocités qui s’apparentent à des crimes contre l’humanité. Le commerce remplace l’idéologie pour justifier la cécité et l’impunité de savants fous.
Ralph Fiennes est excellent en diplomate coincé qui va découvrir ce qu’il ne voulait pas voir. Rachel Weisz a largement mérité son oscar pour son rôle de la pasionaria idéaliste et déterminée. Fernando Meirelles filme avec rythme une histoire que l’on suit avec plaisir de bout en bout.
alinea 7 avril 2007
The Constant Gardener - Fernando Meirelles - critique
Réalisation et images excellentes, scénario soutenu par un engagement fort qui fleure bon la réalité... Suspense, émotions et sujet de société... tout y est ! Ce film m’a chamboulée et j’ai eu du mal à l’oublier. Si l’occident utilise vraiment l’Afrique comme un labo expérimental grandeur nature... au secours ! Ca ressemble presqu’à un documentaire et on se sent le témoin (impuissant ?) de traffics révoltants. Corruption et intérêts se disputent l’avenir de l’humanité sur fond d’amour et de quête de vérité. Allez le voir pour vous réveiller (sur des réalités ?) qui font froid dans le dos.