De l’ombre à la lumière
Le 30 août 2015
Une fable métaphorique et poétique sur la condition humaine, qui réalise une belle adéquation entre sa forme et son sujet.
- Réalisateur : Fernando Meirelles
- Acteurs : Julianne Moore, Mark Ruffalo, Gael García Bernal, Danny Glover, Alice Braga
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Japonais, Canadien, Brésilien
- Date de sortie : 8 octobre 2008
- Plus d'informations : Le site du film
- Festival : Festival de Cannes 2008
Une fable métaphorique et poétique sur la condition humaine, qui réalise une belle adéquation entre sa forme et son sujet.
L’argument : Le pays est frappé par une épidémie de cécité qui se propage à une vitesse fulgurante.
Les premiers contaminés sont mis en quarantaine dans un hôpital désaffecté où ils sont rapidement livrés à eux-mêmes, privés de tout repère. Ils devront faire face au besoin primitif de chacun : la volonté de survivre à n’importe quel prix.
Seule une femme n’a pas été touchée par la " blancheur lumineuse ". Elle va les guider pour échapper aux instincts les plus vils et leur faire reprendre espoir en la condition humaine.
Notre avis : Le nouveau film de Fernando Meirelles (La cité de dieu), adapté du roman l’aveuglement du prix Nobel 1998 de littérature José Saramago, utilise l’imagerie de l’épidémie afin de réfléchir sur la cécité de notre société. Les habitants d’une métropole anonyme sont touchés par une étrange maladie ne faisant l’objet d’aucune explication, ce qui laisse le spectateur libre de son interprétation. Cette pandémie semble avoir pour fonction symbolique de resserrer les liens sociaux : grâce à elle, les individus de toutes origines ethniques forment une vraie communauté qui réapprend à « voir » l’Autre. Cet Autre est intelligemment représenté par un personnage aveugle de naissance (le très bon Danny Glover) qui a enfin l’impression d’être admis par ses concitoyens. Julianne Moore interprète admirablement le seul personnage qui n’est pas touché par la contagion ; elle est une figure christique, qui prend peu à peu conscience du monde qui l’entoure et du rôle de guide qu’elle doit jouer pour assurer la cohésion et la survie du groupe.
Cette œuvre est surtout une belle réflexion sur les défaillances du politique et son désintérêt envers l’individu. Le récit rappelle des catastrophes tel que l’ouragan Katrina, qui avait montré les failles de l’administration Bush. Les malades de Blindness sont rapidement délaissés et mis en quarantaine, avec très peu de vivres. L’hôpital dans lequel ils sont regroupés se transforme en véritable porcherie ; ils manquent de soins et sont obligés de s’affronter afin de manger. Les personnages n’ont pas de nom ; ils sont des numéros, qui se désignent uniquement par leur fonction sociale. Cela signifie bien leur statut aux yeux des gouvernants, qui deviennent d’ailleurs aveugles lors de la crise. Par cette déferlante de symboles, l’œuvre stigmatise la part sombre de notre société qui laisse l’individu livré à lui-même dans un monde dénué de sens moral.
La forme du film est impressionnante : La photo à la tonalité grise varie entre la surexposition chromatique et le noir absolu, ce qui décrit avec force l’intériorité malade des protagonistes, tout comme le jeu sur les effets de flou et les reflets qui signifient également la disparition de l’humain. Le problème du métrage est qu’il démarre trop fort avec une introduction admirable de maîtrise formelle et scénaristique. Cette mise en scène percutante s’essouffle quelque peu dans les séquences de l’hôpital, qui provoquent la lassitude en raison d’un manque de rythme et d’un dispositif visuel qui se répète excessivement. Le cinéaste arrive cependant à faire oublier ces imperfections grâce à de magnifiques moments poétiques qui illuminent la noirceur du monde décrit. Meirelles, auteur engagé, livre ainsi une œuvre profondément humaniste, quelque fois maladroite, mais qui se révèle touchante par sa belle naïveté.
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romaric 15 octobre 2008
Blindness - la critique
Une histoire originale et pas très grand public qui arrive pourtant à capter l’attention grâce à la profondeur des personnages et au talent de Julianne Moore. J’ai simplement regretté que l’origine et la nature de l’épidémie ne soit jamais expliquées dans le film qui reste néanmoins une réussite.
Frédéric Mignard 23 octobre 2008
Blindness - la critique
Une oeuvre d’une grande puissance métaphorique, visuellement splendide et d’une grande intensité dramatique. Méritait vraiment d’être vu.
Bide injustifié.
Norman06 29 avril 2009
Blindness - la critique
Tièdement accueilli au Festival de Cannes, c’est certes un film imparfait, avec voix off sentencieuse et discours moralisateur, étrangement consensuel pour un cinéaste (La Cité de de Dieu) que l’on a trouvé plus incisif. Mais il faut reconnaître que le récit est très fort, le cauchemar de ces individus s’assimilant à une véritable descente aux enfers, avec une absurdité des situations que n’aurait pas renié Kafka ou le Ionesco de Rhinocéros. Impressionnant.