Sans toit ni loi
Le 30 juillet 2015
Sous la bannière d’un message social, The company men propose une histoire relativement plate et sans vagues, où s’illustre un casting inégal. Un premier passage à la réalisation hésitant pour le producteur américain John Wells.
- Réalisateur : John Wells
- Acteurs : Ben Affleck , Tommy Lee Jones, Chris Cooper
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Britannique
- Durée : 1h52mn
- Date de sortie : 30 mars 2011
- Plus d'informations : Le site du distributeur
Sous la bannière d’un message social, The company men propose une histoire relativement plate et sans vagues, où s’illustre un casting inégal. Un premier passage à la réalisation hésitant pour le producteur américain John Wells.
L’argument : Bobby Walker est l’incarnation même du rêve américain : il a un très bon job, une merveilleuse famille, et une Porsche toute neuve dans son garage. Mais lorsque la société qui l’emploie réduit ses effectifs, Bobby se retrouve au chômage, tout comme ses collègues Phil Woodward et Gene McClary. Les trois hommes sont alors confrontés à une profonde remise en cause de leur vie d’hommes, de maris et de pères de famille.
Bien loin de ses talents de cadre supérieur, Bobby se retrouve obligé d’accepter un emploi dans le bâtiment pour le compte de son beau-frère. Cette expérience va le pousser à découvrir qu’il y a peut-être plus important dans l’existence que de courir après la réussite...
Notre avis : La crise économique de 2008 sera-t-elle aussi iconogène que celle de 1929 ? C’est ce que tente de découvrir John Wells, jusqu’ici essentiellement producteur pour la télévision américaine, dans ce film sur la déchéance sociale touchant toute une génération de cols blancs qui se pensait à l’abri des humeurs noires de la bourse. Une compagnie, trois cadres, trois portraits : c’est le mode opératoire que choisit le cinéaste pour radiographier l’Amérique du chômage et des crédits impayés, et c’est aussi la porte d’entrée scénaristique du film. Le point de vue passe d’un personnage à l’autre, sondant avec une sensibilité certaine les nuances entre les situations, et les enjeux liés à chacune d’elles (que vaut un licenciement lorsqu’on possède la moitié d’une société en actions ? comment retrouver du travail alors qu’on a la soixantaine et trente ans de vie active dans la même entreprise ?). Les trois acteurs principaux endossent le costume (cravate !) de ces trois protagonistes avec plus ou moins de succès : on se réjouit de revoir encore une fois l’abonné des seconds rôles, Chris Cooper (qui avait fait un excellent facho dans American beauty), ou la dégaine blasée de Tommy Lee Jones, en apparence plus « lessivé » que jamais. En revanche, Ben Affleck - finalement bien meilleur réalisateur qu’acteur - peine à inspirer pitié ou compassion, et suscite avant tout un agacement réel. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par le scénario, son personnage se faisant le véhicule de tous les principaux poncifs amenés par le film (la relation père-fils, les difficultés conjugales, etc.), et qui ne prennent une vague signification qu’au troisième degré ; d’où une certaine perplexité, au moment de se demander si l’on doit regarder avec ironie ou bien un sentiment d’indécence la séquence où Bobby est obligé de céder, les larmes aux yeux, sa Porsche dernier cri à un inconnu qui part en lançant des pétarades.
- © Gaumont Distribution
Là où un film comme Tokyo Sonata avait réussi le pari de la délicatesse et de la retenue, tout en touchant à une dimension profondément humaine et politique, The company men offre l’exploit inverse : effleurer le fond de son thème principal, en mettant les pieds dans un plat de pathos. Car ce qui ressort du scénario, c’est moins une fable sur la société américaine contemporaine et certaines de ses aberrations, qu’une remise au goût du jour d’une morale du « vrai » travail, celui de la sueur et des gros bras ; dans le film, ce labeur bien à l’ancienne est incarné par un Kevin Costner bourru à souhait, devant lequel le spectateur peut rester coi, hésitant entre sympathie et mépris. Au pays des DRH méchants et des patrons voyous, cette résistance du menu peuple provoque finalement assez peu de vagues, et sous peine de cécité accrue à l’égard de l’économie actuelle, il est difficile d’adhérer au sous-texte passéiste qui supporte le film. On surveille l’entreprise John Wells, mais pour le moment, on attend le prochain recrutement...
La bande-annonce : ICI
- © Gaumont Distribution
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Frédéric de Vençay 29 avril 2011
The company men - La critique
Le film fait très peur sur le papier, mais c’est une bonne surprise, au final, dans le genre du mélo à l’américaine. L’écriture des personnages et des dialogues, au cordeau, sont d’une belle justesse et parviennent à nous faire ressentir, sensiblement, le sort de ces pontes capitalistes pourtant si peu proches de nous. Les acteurs sont plutôt bons, la mise en scène à la Sam Mendès un peu lisse, le dénouement très hollywoodien. Bonne moyenne.