A vif - la critique du film

© SND Distribution

Critique : De même que le film ne nous épargne presque aucun cliché sur les cuisines de grand restaurant, à base de chef qui crie et de brûlure de poêle à frire, cette critique sera truffée de métaphores culinaires plus ou moins alambiquées. C’est ce qui s’appelle une mise en bouche.
A vif, comme son titre l’indique trop, c’est l’histoire d’un rebelle de la cuisine. Alors, comment peut-on être rebelle quand on ne donne des coups de couteau qu’aux légumes ? En se droguant, pardi ! Sauf que du passé sombre et torturé du héros, nous verrons à peine les stigmates. Pas l’ombre d’une rechute pour le personnage de Bradley Cooper (supposé être addict à à peu près tout : alcool drogues et ... femmes. Evidemment.). Les scénaristes ont eu le mauvais goût de faire exister le passé du personnage presque uniquement à travers ses dires (« du temps où je me piquais ») ou ceux de ses congénères (« alors, tu ne bois plus ? »). Résultat : on a bien du mal à éprouver de l’empathie pour ce beau gosse à qui rien ni personne ne semble poser de problème. Du coup, son enjeu principal, à savoir obtenir une troisième étoile au Michelin, nous laisse un peu froids. Voire congelés.
Constat amer : dans le film de cuisine contemporain, deux intrigues semblent exister : soit on se bat pour sauver le restaurant (bien souvent familial, comme dans Les recettes du bonheur). Soit on se bat pour devenir le plus grand chef de la ville, en obtenant une étoile supplémentaire au Michelin (comme dans Ratatouille). En dehors de ça, point de salut.

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Est ce que le joli minois de Bradley Cooper suffit à redonner du piment à cette intrigue prévisible comme la retombée d’un soufflé ? Non. Est ce que le film en devient pour autant désagréable ? Non plus. Mais pour un métrage sur la grande cuisine, il est assez peu appétissant. Il faut dire que le seul cliché qui nous est épargné aurait été le plus utile : l’élaboration d’un plat qui a par le passé a fait la gloire du chef en chute libre. Mais non. Les assiettes passent, sans qu’on comprenne toujours ce qui s’y trame et en conséquence, les papilles ne salivent guère.
Quid de la performance d’Omar Sy dans un nouveau rôle américain ? C’est correct mais pas transcendant. Il faut dire que le rôle ne donne pas une palette d’émotion très forte : au menu, la joie ou la colère. Il est français, donc il s’appelle Michel. Bon. Daniel Brülh n’est pas désagréable en maître d’hôtel amoureux du héros, même s’il cabotine un peu. Et Sienna Miller ? Elle non plus n’a pas grande marge de manœuvre. C’est la mère courage, dont on soupçonne vite qu’elle ne résistera pas longtemps au charme du héros.
Le final, sorte de succession de séquences heureuses, comme un assemblage malaisant de flash forwards, laisse penser que le réalisateur ne savait guère comment terminer son histoire. Il laisse donc un goût qu’on aimerait qualifier de doux amer, mais qui manque cruellement de piquant.

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